Présidentielle au Sénégal : les candidats recalés jouent leur va-tout

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Présidentielle au Sénégal : les candidats recalés jouent leur va-tout
Présidentielle au Sénégal : les candidats recalés jouent leur va-tout

Africa-Press – Senegal. Certains postulants malheureux ont adressé, le 15 janvier, une lettre ouverte au chef de l’État pour demander « le rétablissement des candidatures invalidées » après examen des parrainages. Le Conseil constitutionnel peut-il encore entendre leurs doléances ?

Alors que le Conseil constitutionnel doit publier, le 20 janvier, la liste définitive des candidats à la présidentielle, une quarantaine de personnalités, dont l’ancienne Première ministre Aminata Touré, se mobilisent pour dénoncer « les manquements graves » qui ont déjà conduit à l’invalidation de leur candidature.

Pour se faire entendre, ils ont prévu de rencontrer ce mercredi 17, en fin de journée, le comité de facilitation, qui regroupe plusieurs membres de la société civile, dont le militant des droits humains Alioune Tine, le constitutionnaliste Babacar Guèye ou encore Alain Ayadokoun, représentant du National Democratic Institute (NDI), un think tank américain proche du Parti démocrate et de la Maison-Blanche.

« Opacité »

Lundi 15 janvier, le collectif des candidats définitivement recalés s’était déjà rendu au siège de la délégation de l’Union européenne au Sénégal (que dirige le Français Jean-Marc Pisani). Objectif: faire constater à la communauté internationale les irrégularités dont ils disent avoir été victimes lors du contrôle des parrainages par le Conseil constitutionnel.

Dans un mémorandum transmis au diplomate européen, ils dénoncent « l’opacité qui a entouré » ces différentes opérations. Un lot de 10 000 parrainages collectés dans la région de Saint-Louis aurait ainsi été « volontairement ignoré lors du contrôle » du dossier d’Aminata Touré, qui devait régulariser plus de 18 000 doublons externes (des parrainages déjà « pris » par d’autres candidats).

Toujours selon ce document, des parrains dont les patronymes étaient pourtant correctement orthographiés auraient été rejetés sous le motif de « nom pas conforme ». « Dans d’autres cas plus pernicieux, affirme le collectif des recalés, le logiciel de contrôle ajoute un caractère au nom du parrain avant de le comparer à l’électeur correspondant dans la base de données du fichier électoral… pour rejeter le parrain évidemment. »

Certains candidats auraient par ailleurs vu leur propre nom rejeté par l’outil informatique, dont ils dénoncent désormais le manque de fiabilité. C’est le cas de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, dont l’identité serait « inconnue au fichier électoral ». « Si je n’étais pas dans le fichier électoral, comment aurais-je pu recevoir mes fiches de parrainage et être candidat aux élections locales précédentes ? », s’insurge le candidat malheureux.

L’ancien ministre du Tourisme, Alioune Sarr, qui a choisi de quitter l’Alliance des forces de progrès (AFP, un parti membre de la majorité présidentielle), a, lui, été privé de présidentielle après l’invalidation « pour non-identification dans le fichier électoral de plus de 34 000 parrains, dont certains sont des élus locaux, donc électeurs et éligibles », selon son équipe de communication.

Fiabilité du fichier électoral

Plusieurs personnalités dont les candidatures ont en revanche été validées ont apporté leur soutien à ces recalés. C’est le cas d’Aly Ngouille Ndiaye ou de Déthié Fall, qui exigent « que l’ensemble de ces parrainages invalidés à tort soient restitués aux candidats injustement spoliés ». Dans une lettre ouverte, les 44 signataires ont même demandé le soutien du chef de l’État. Il est toutefois peu probable que le Conseil constitutionnel procède à un nouvel examen.

« Le débat pose, en creux, une question encore plus préoccupante: celle de la fiabilité du fichier électoral, estime un acteur de la société civile, qui a requis l’anonymat. Comment expliquer l’absence de citoyens dans ce fichier alors qu’ils détiennent bel et bien leur carte d’électeur ? » « Des erreurs dans l’orthographe des noms et prénoms des parrains ont pu se glisser lors de la saisie des données », justifie un autre candidat, qui, lui, a réussi à faire valider son dossier.

Contacté, le Conseil constitutionnel n’a pas répondu à nos sollicitations. Le 12 janvier, il avait déclaré 69 candidatures irrecevables. « Le cumul de leurs doublons externes et de leurs parrainages validés ne pouvant leur permettre d’atteindre le minimum de parrains requis, ils n’ont pas été admis à régulariser leurs parrainages », ont justifié les sept sages.

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