Africa-Press – Senegal. Face à la méfiance des investisseurs, le nouveau régime entend actionner les leviers susceptibles de lui redonner une nouvelle santé financière et crédibiliser à nouveau la signature du pays. Parmi les manettes sur lesquelles les équipes de Cheikh Diba compte s’appuyer figure le processus de rebasing du PIB. Une opération qui a certes ses avantages et ses inconvénients mais qui aura un effet bénéfique, selon le Pr Abou Kane.
Invité de l’émission Objection de ce dimanche sur Sud Fm, l’agrégé d’économie a dégagé les perspectives qui peuvent découler de ce rebasing.
« Le reabasing est le changement d’année de base. C’est une procédure recommandée à tous les pays, de changer l’année de base de leurs comptes nationaux au moins tous les dix ans. Actuellement tous les indicateurs macro-économiques du Sénégal sont calculés sur la base de l’année 2014. On avait fait un rebasing en 2018 pour faire passer l’année de base de 1999 à 2014. Le rebasing consiste à faire une photographie de l’économie sénégalaise (sa taille, sa structure, etc.) pour voir comment elle évolue. Le nouveau rebasing en cours va faire passer l’année de base de 2014 à 2021 », confie le professeur titulaire à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (Faseg).
L’un des avantages du rebasing est la revalorisation de certains secteurs d’activités qui ont connu un essor fulgurant ces dernières années. « Il y a de ces activités économiques qui n’ont pas été suffisamment prises en compte en 2014. Par exemple: le transport notamment la livraison. Son développement, aujourd’hui, est différent qu’en 2014. On peut prendre l’orpaillage et l’extraction du sable avec l’évolution croissante du BTP. Il y a eu également le recensement général de la population qui s’est fait en 2023. C’est dire donc que la structure du PIB qu’on avait en 2014 ne prend pas en compte toutes les réalités d’aujourd’hui », analyse-t-il.
Cette procédure enclenchée depuis 2023, d’après le Pr Kane, sera finalisée en 2026. Son intérêt est « d’avoir une meilleure photographie de l’économie, une meilleure efficacité des politiques publiques et rassurer davantage les investisseurs ». Cela peut également améliorer ou détériorer certains indicateurs parce que, souligne le Responsable du laboratoire d’économie publique (LEP), « quand vous faites le rebasing forcément vous allez avoir un PIB plus élevé ».
Donc, poursuit-il, « si vous faites le ratio dette sur PIB cela va tomber. On peut passer d’une dette de 119% à 90% parce que le dénominateur (le PIB) a changé ». « Cela va être bénéfique pour le Sénégal », ajoute-t-il. Toutefois, précise Pr Kane, « si on fait un rebasing, on fait une rétropolation, c’est-à-dire qu’on réévalue les années passées sur la base de cette nouvelle année de base ».
En attendant ces nouvelles données macro-économiques, l’État lève des fonds sur le marché domestique.
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