Africa-Press – Senegal. La rapamycine est une substance isolée à partir d’une bactérie (Streptomyces hygroscopicus) découverte pour la première fois dans le sol de Rapa-Nui (l’île de Pâques). Elle possède des propriétés immunosuppressives qui en font l’un des médicaments utilisés pour limiter les risques de rejets en cas de greffe. Mais depuis 2009, et une publication dans la revue Nature, cette substance suscite un incroyable engouement: elle serait en effet capable de combattre la sénescence et ainsi d’allonger la durée de vie moyenne. Un véritable élixir de longue vie (et pas de jouvence, la rapamycine peut en effet retarder le vieillissement mais pas l’inverser), à manier avec précaution.
Le mécanisme anti-âge de la rapamycine
Le mécanisme anti-âge de la rapamycine est lié à l’inhibition de la protéine mTOR (mammalian Target Of Rapamycin, ou encore, cible de la rapamycine chez les mammifères). Le blocage de voie mTOR était déjà connu pour prolonger la vie de certaines espèces: levure, mouches ou nématodes, mais en 2009, il est apparu que la rapamycine est capable d’allonger la durée de vie des souris d’environ 15% pour les femelles et d’environ 10% pour les mâles. Pour la première fois, les médecins avaient à leur disposition une substance médicamenteuse capable de ralentir la sénescence chez les mammifères. Un Graal pour les scientifiques mais qui n’est pas encore accessible à l’humain.
En effet, une étude publiée en 2012 dans la revue Science indique que le produit n’inhibe pas seulement une protéine kinase appelée mTORC1 pour produire ses effets sur la longévité mais qu’il brise aussi un complexe apparenté appelé mTORC2 et que mTORC2 est nécessaire à la régulation par l’insuline du métabolisme du glucose dans le foie. En clair, la prise de rapamycine pourrait induire une résistance à l’insuline voire un diabète de type 2. Aussi, les scientifiques sont à la recherche de substances pouvant bloquer plus spécifiquement le complexe mTORC1 sans altérer mTORC2, ce qui éviterait les effets secondaires. Des études sont en cours dont les premiers résultats devraient bientôt être disponibles.
Des évaluations encourageantes
Mais en dépit du risque supposé d’effets secondaires, de nombreuses personnes (la plupart aux Etats-Unis) se voient prescrire de la rapamycine hors AMM, en prévention. Une étude datant de 2023 a évalué son innocuité sur 333 personnes en bonne santé qui en prenait à de faibles doses (plus faibles que pour l’effet immunosuppresseur recherché en cas de transplantation). Elle semble montrer que les effets secondaires ne sont pas si importants que cela à faible dose mais incluent néanmoins un risque plus élevé d’infections bactériennes et de plaies buccales. En revanche, la rapamycine a sensiblement amélioré les symptômes ressentis de plusieurs maladies, de l’arthrite aux troubles de l’humeur tels que la dépression en passant par le Covid long.
Cette étude, qui est basée sur des réponses des participants sans évaluation médicale des bénéfices et/ou effets secondaires déclarés, ne peut constituer une preuve suffisante ni de l’absence de dangerosité de la rapamycine ni de son efficacité. Toutefois, elle indique que des recherches plus poussées sur la santé humaine et la sénescence peuvent être menées sans grand danger et d’ailleurs d’autres protocoles d’évaluation sont prévus pour les prochaines années.
Si la rapamycine semble bel et bien posséder un potentiel pour ralentir le vieillissement chez l’Homme, d’autres moyens (qui ont eux fait leur preuve) peuvent également être mobilisés. Ainsi, la pratique d’une activité sportive régulière, les choix alimentaires, l’amélioration du sommeil et le maintien des liens sociaux constituent autant d’armes associées à une meilleure espérance de vie en bonne santé.
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