Rapporté par
Anouar Chennoufi
Africa-Press – Tchad. Les armées tchadienne et centrafricaine semblent être sur le qui-vive au niveau de leurs frontières communes, suite à la mort de six soldats tchadiens ayant été victimes d’une attaque de l’armée centrafricaine. Pour faire face à ces actes, le Tchad aurait renforcé ses troupes militaires à la frontière avec la République centrafricaine, malgré le fait que les deux pays soient parvenus à une solution diplomatique.
Renforcement des troupes militaires aux frontières tchadiennes
Dans le même contexte, Moussa Haroun Tirgo, gouverneur de l’Etat du Logone situé à l’extrême sud du Tchad, a confié aux médias étrangers : « Je suis revenu du terrain où nous avons renforcé nos positions avec de nombreux équipements. Les choses ne seront plus les mêmes ».
A son tour, Julian Tawunia, maire de la ville frontalière de Beitoui, où s’est produite l’attaque, a déclaré que « les soldats ont renforcé les mesures de sécurité à la frontière », tout en indiquant que « les corps des soldats qui ont été exécutés n’ont toujours pas été récupérés. Ils sont toujours de l’autre côté de la frontière. »
Réactions officielles des deux pays
Tentant de se disculper, la République centrafricaine, un pays ravagé par la guerre civile, a affirmé que son armée pourchassait « à la frontière » des personnes armées relevant d’une coalition rebelle qui a tenté, au mois de décembre 2020, de renverser le régime avant qu’il ne soit presque complètement anéanti. Néanmoins, N’Djamena a qualifié le meurtre de ses soldats de « crime de guerre » et a juré à ses auteurs qu’ils « ne resteraient pas impunis ».
C’est donc pour cette raison que les autorités centrafricaines se sont empressées de tout mettre en œuvre pour apaiser leur voisin du nord en publiant un communiqué, dans lequel elles ont déploré les victimes des deux armées lors d’échanges de tirs au niveau des frontières, proposant à l’occasion au Tchad, le « pays frère », de procéder à une « enquête commune » afin de résoudre ce problème à l’amiable.
Toutefois, le renforcement des forces tchadiennes à la frontière est intervenu avant le sommet extraordinaire qui s’est tenu à Brazzaville, le vendredi 25 juin 2021, entre les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), pour discuter de la situation politique au Tchad, où Mohamed Idriss Deby a succédé à son père Idriss Deby, qui a dirigé le pays pendant trois décennies et qui a été tué en avril sur la ligne de front alors qu’il menait personnellement une contre- attaque contre des rebelles arrivés de Libye.
Touristes détenus au Tchad
Alors même que ce cas n’a pas encore trouvé de solution, une autre affaire a éclaté au Tchad, concernant des touristes russes ayant été détenus par une unité de l’armée tchadienne, suscitant quant à elle une certaine polémique qui est en train de prendre de l’ampleur.
Selon ce qui a été relayé par les médias, un groupe de voyageurs russes, dont le directeur de la page publique « AST-54 » du réseau social russe « VKontakte »*, Vitaly Bolchuk, et le célèbre blogueur vidéo, « Alexey Kamerzanov », ont annoncé leur détention au Tchad.
Le communiqué indique que le groupe était en expédition en Afrique et que le 19 mai de cette année, les participants à l’expédition, dont le nombre total n’a pas été divulgué, sont arrivés dans la capitale camerounaise Yaoundé, et de là ont traversé la frontière avec le Tchad, le mardi 25 mai, où ils sont entrés en contact avec un guide local qui les aurait conduit non loin de N’Djamena, la Capitale tchadienne, où un autre groupe de cinq personnes les aurait rejoint, dont un touriste lituanien.
Trois jours plus tard, le groupe s’embarquait pour une tournée de trois semaines au Tchad, préalablement coordonnée avec le ministère de l’Intérieur tchadien, et après avoir effectué environ 80% du trajet, le groupe s’est arrêté pour passer la nuit à Faya-Largeau.
Au cours de la matinée du mardi 15 juin, des militaires et des policiers munis d’armes automatiques et de matraques caoutchoutées auraient conduit les voyageurs au poste de police, après leur avoir confisqué voitures, papiers d’identité, téléphones portables, appareils photo, équipements de navigation et autres effets personnels.
Après cela, ils ont été transportés à bord d’un avion militaire jusqu’à N’Djamena, où ils furent reçus par un général qui justifia ce qui leur était arrivé par la nécessité de « préserver leur vie à cause du danger de la route terrestre entre Faya-Largeau et la capitale », sans toutefois donner des explications sur le motif de la confiscation des effets personnels.
Quel sera le sort des membres de l’expédition retenus à N’Djamena ?
Alexey Kamerzanov a pu écrire sur la page du site VKontakte : « Contrairement à nos attentes, au lieu d’être interrogés et emprisonnés, nous avons été transférés à l’hôtel et aux frais des autorités locales ». Le lendemain matin, les ambassades de Russie et de France (car il y avait une touriste de l’Union européenne dans le groupe) ont été informées de ce qui s’était passé.
Et à Kamerzanov de poursuivre sur sa page : « Bien que 6 jours se soient écoulés, il n’y a pas encore eu de nouvelles officielles. Nous sommes toujours à l’hôtel sans papiers, sans téléphone, sans comprendre ce qui nous est arrivé, et ni ce qui nous attend » !
* VKontakte ou VK est un site Web de réseautage social russe similaire à Facebook. Il est le réseau social le plus utilisé en Russie et d’après Alexa Internet, c’est le site le plus visité en Biélorussie, le troisième au Kazakhstan. Il se situe au 25ᵉ rang des sites les plus visités dans le monde.