Inquiétude au TCHAD Suite au Boycott des Législatives Annoncé par des Partis de L’Opposition

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Inquiétude au TCHAD Suite au Boycott des Législatives Annoncé par des Partis de L’Opposition
Inquiétude au TCHAD Suite au Boycott des Législatives Annoncé par des Partis de L’Opposition

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. Initialement prévues en 2015, repoussées à plusieurs reprises, d’abord par manque de budget et du fait de la situation sécuritaire causée par le groupe terroriste « Boko Haram » dans la région, puis par le décès en 2021 du président Idriss Deby Itno, les élections législatives tchadiennes devraient finalement se dérouler le 29 décembre 2024, afin de renouveler les 188 membres de l’Assemblée nationale du Tchad.

On peut donc dire que, d’ici à la fin de cette année, le Tchad tournera définitivement la page de la transition, sachant que 8 millions d’électeurs que compte le pays composeront leur représentation parlementaire, laquelle prendra la suite du Conseil national de transition (CNT), dernier organe hérité de la période transitoire dirigée par le président actuel, Mahamat Idriss Deby.

Dans ce contexte, la classe politique tchadienne se préparerait aux élections législatives et sénatoriales qui doivent se tenir à la date fixée et qui ne sera pas, semble-t-il, reportée.

• Le président tchadien confirme le « non-report » des législatives

Les listes des candidats

A vrai dire, prétextant les inondations, beaucoup s’attendaient à un report de ces élections législatives, mais le président Mahamat Idriss Deby a convoqué récemment les chefs des partis politiques pour leur annoncer le maintien des élections législatives et locales au 29 décembre prochain.

Il a affirmé que: « Le phénomène des inondations ayant eu lieu dans le pays n’affecte en rien le déroulement du processus », alors que ces inondations ont causé la mort de près de 600 personnes et de nombreux blessés, paralysant une grande partie du Tchad.

La déclaration de Deby a anéanti ainsi les espoirs de nombreux acteurs politiques qui espéraient un report de cette échéance électorale.

Néanmoins, il faut avouer que la polémique issue de l’élection présidentielle ne s’est pas apaisée, car des voix se sont élevées, comme le parti « Les Transformateurs » de Succès Masra, qui réclame un report pour en rediscuter, et d’autres leaders de l’opposition ont menacé à leur tour de boycotter le scrutin.

A noter que le 20 octobre courant, dénonçant un scrutin joué d’avance, Succès Masra a annoncé que son parti boycottera les élections législatives tchadiennes de 2024.


Caricature de Succès Masra président du parti « Les Transformateurs »

Par ailleurs, 15 formations politiques de l’opposition tchadienne ont annoncé, le samedi 12 octobre, qu’ils ne pouvaient pas, en l’état actuel, participer aux élections qui auront lieu le 29 décembre au Tchad.

Cela signifie que la possibilité d’un boycott, telle qu’envisagée par les 15 partis d’opposition, reste plus que probable à la lumière des points soulevés dans leur argumentation: « la révision du fichier électoral et de la carte électorale ».

Cependant, conformément à la logique du boycott, l’opposition, ou du moins une grande partie de celle-ci, se retirera définitivement du jeu politique au cours des cinq prochaines années, si l’on sait que l’amendement apporté à la Constitution a prolongé le mandat des représentants d’une année, pour passer de 4 à 5 ans.

• Période de dépôt des candidatures

Face à l’incertitude qui règne sur le climat des élections législatives et le « boycott » annoncé par de nombreux partis de l’opposition, le président de l’ANGE (Agence nationale de gestion des élections) Ahmed Barticheret a présenté, le mercredi 21 août 2024, le calendrier du processus électoral qui fixe un calendrier assez précis pour toutes les étapes, qui débutent en réalité par le dépôt des candidatures entre le 19 et le 28 octobre 2024, et qui seront suivies par la campagne électorale.

Cet exposé a eu lieu en présence d’une pléiade de diplomates, de chefs de missions et d’organisations au Tchad.

On croit savoir également qu’il existe trois types d’élections conjointes qui seront organisées à la même occasion, à savoir les législatives, les régionales et les municipales, qui n’ont pas été organisées dans le pays depuis 2011, et que les résultats seront annoncés le 3 février 2025.

Selon les observateurs et experts des affaires africaines, elles se déroulent dans le contexte institutionnel d’un système monocaméral (système parlementaire à une seule Chambre), car le Sénat le stipulait dans la Constitution tchadienne de 2018 révisée en 2020.

• Vers un divorce politique entre le parti au pouvoir et ses partis alliés ?

Mahamat Zen Bada S.G. du parti MPS

Après que leur alliance lors des élections présidentielles du 6 mai dernier au Tchad ait porté le président Mahamat Idriss Deby à la tête de la charge suprême de l’Etat, le Secrétaire général du Parti du salut national, Mahamat Zen Bada, a annoncé que son parti affronterait en solitaire les élections législatives, locales et municipales.

Néanmoins, Zen Bada, lors de son meeting tenu dans la soirée du lundi 21 octobre, a gardé la porte ouverte à la possibilité de maintenir l’alliance de la « Coalition pour un Tchad uni », après ces compétitions électorales qui permettront à chaque parti d’avoir des élus au corps législatif, tout en créant des alliances politiques en le cycle électoral dans les conseils régionaux et municipaux.

Il n’a pas manqué de rassurer sur la nécessité pour tous les partis politiques de cette coalition pour un Tchad uni de continuer à gouverner ensemble tout au long du quinquennat accordé par le peuple tchadien au président de la République, Mahamat Idriss Deby.

Le parti « Mouvement Patriotique du salut » au pouvoir, a conclu une alliance avec des partis politiques en avril dernier, en prélude aux élections présidentielles du 6 mai. L’« Alliance unifiée », qui regroupe plus de 200 partis aux côtés du parti au pouvoir, a réussi à donner la victoire au Président Mahamat Idriss Deby par 60 %.

Pour sa part, le Président du parti « Tchad Uni », Mahamat Zene Chérif, a déclaré: « Nous avons pris la décision de ne pas soutenir ces élections, car nous, en tant qu’opposition, ne pouvons pas donner de crédibilité à des élections qui manquent de transparence et de justice, et c’est notre devoir envers nos partisans et le peuple tchadien.

De son côté, le leader du Parti démocrate, Avocksouma Djona Atchénémou, a déclaré que les prochaines élections étaient « une fatalité » et a exprimé son intention d’empêcher leur tenue, soulignant que la participation à ces élections limiterait les droits politiques des générations futures, pour bien des décennies.

Le leader du Parti démocrate, a tenu à mettre l’accent sur le fait que ces élections étaient jouées d’avance, et a tenu à expliquer également à ce propos que: « Les autorités doivent commencer à comprendre que nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone… Si nous allons à ces élections, les générations futures n’auront pas leur mot à dire pendant les 30 ou 40 prochaines années. »

Certes, les partis de la coalition au pouvoir s’apprêtent en même temps à déposer leurs dossiers de candidature, tandis que l’ancien candidat à la présidentielle et ancien Premier ministre, Succès Masra, et ses partisans exigent que certaines conditions soient remplies pour garantir l’intégrité du processus électoral.


Succès Masra annonçant le boycott des législatives 2024

Les élections prévues le 29 décembre interviennent après l’adoption d’une nouvelle loi déterminant la composition du nouveau parlement au Tchad, la première depuis 2011.

Le Mot de la fin

Après la décision annoncée le mardi 22 octobre par le Mouvement Patriotique du Salut d’aller seul aux élections législatives et aux élections locales programmées pour le 29 décembre prochain, plusieurs de ses membres ont pointé du doigt la coalition en qualifiant cette décision de « trahison ».

De facto, le torchon s’est mis à brûler au sein de ladite coalition présidentielle « Tchad uni », qui regroupe quelque 230 partis politiques.

A noter que les partis d’opposition qui n’ont pas participé à la phase de transition et n’ont pas occupé de sièges dans les institutions ont été exclus.

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