La France appelle le Soudan à soutenir le Tchad et à ne pas soutenir l’opposition armée à N’Djamena

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La France appelle le Soudan à soutenir le Tchad et à ne pas soutenir l'opposition armée à N'Djamena
La France appelle le Soudan à soutenir le Tchad et à ne pas soutenir l'opposition armée à N'Djamena

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. Lors d’une visite de responsables français, la troisième du genre en moins de deux mois, l’envoyé français dans la région du Sahel et du Sahara, Bruno Foucher, s’est rendu au cours du mois de mai au Soudan, et s’est entretenu avec le commandant en chef de l’armée, Abdel Fattah Al-Burhan, Président du Conseil de souveraineté de transition de la république du Soudan, et son adjoint, Mohamed Hamdan Dogolo, Vice-président du Conseil (alias Hemidti), évoquant les inquiétudes françaises concernant la situation en Afrique de l’Ouest, et leur extension vers le nord, notamment au Tchad, y compris même la Libye.

Pour rappel, la frontière soudano-tchadienne s’étend sur 1.403 km à l’ouest du Soudan, du triangle frontalier avec la Libye au nord jusqu’en Centrafrique, au sud. Le long de la vaste frontière entre les deux pays, des forces conjointes soudano-tchadiennes sont actives, établies conformément à un protocole sécuritaire et militaire signé par les deux parties depuis janvier 2010, et composées de 3.000 militaires et 360 policiers à parts égales entre les deux pays, avec comme objectif la surveillance de la frontière instable et tribale qui se chevauche entre les deux pays, et qui a connu de très grands et meurtriers conflits.

A noter que la formation de ces forces a coïncidé avec une trêve politique entre les deux parties, après avoir échangé des accusations de soutien mutuel à l’opposition armée de l’autre côté. A N’Djamena, une importante vague d’opposition fait face au gouvernement de transition, dans laquelle la France a joué un rôle actif dans les modalités de sa formation, notamment après l’assassinat de l’ancien président tchadien Idriss Deby Itno, le 20 avril 2021, lors d’affrontements avec l’opposition armée.

Et depuis la prise du pouvoir au Tchad par son fils, Mahamat Idriss Deby, la crise politique s’est aggravée et des voix d’opposition se sont élevées pour lui demander même de démissionner de la présidence du Conseil militaire de transition, parallèlement à leur soulèvement contre l’influence française dans le pays.

Soutien à la stabilité

Lors de sa rencontre avec Al-Burhan, l’émissaire français a exhorté les autorités soudanaises à faire avancer les efforts de réconciliation entre les parties tchadiennes et à soutenir la stabilité dans la région.

Selon une déclaration du Conseil souverain, Al-Burhan a souligné l’importance de la coopération et de la coordination entre le Soudan et la République française, afin de rétablir la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel et du Sahara, ajoutant dans ce contexte que « Les deux parties ont discuté de l’évolution de la situation au Tchad et de son lien avec l’évolution de la situation dans le pays, et de la crise libyenne et de ses effets possibles sur la sécurité de la région, notamment dans l’aspect lié à la prolifération d’armes et des mouvements de groupes incontrôlés, ainsi que les aspects de coopération conjointe entre Khartoum et Paris, dans le cadre de la stabilité de la région ».

Al-Burhan a déclaré par ailleurs que son gouvernement tenait à la stabilité au Tchad et qu’il soutenait le processus de paix entre les parties tchadiennes, qui fût entamé dans la capitale qatarie, Doha, depuis le 13 mars de cette année.

S’agissant de la coopération sécuritaire, Al-Burhan a évoqué l’expérience des forces conjointes soudano-tchadiennes, comme modèle de coopération sécuritaire bilatérale entre les pays du continent africain, fournissant à l’occasion à l’émissaire français pour la région du Sahel et du Sahara un exposé sur la situation dans le pays et sur l’avancement du processus de dialogue soudanais, facilité par le mécanisme tripartite composé des Nations unies, de l’Union africaine et de l’IGAD, et ce dans le but de parvenir à un consensus national pour gérer la période de transition, selon le communiqué.

Bruno Foucher s’entretenant avec Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti)

L’émissaire français a également rencontré le vice-président du Conseil souverain et commandant des Forces de soutien rapide, militant dans l’ouest du Soudan, Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti). Il a souligné l’importance du rôle attendu des autorités soudanaises dans le renforcement de la sécurité et de la stabilité au Tchad et dans la région en général, soulignant à ce sujet « la nécessité pour le Soudan de contribuer à soutenir les efforts de réconciliation entre les Tchadiens ».

De leur côté, les services de l’information du Conseil souverain ont indiqué que Hemedti, pour sa part, a souligné l’importance de la coordination et de la coopération entre les deux pays sur de nombreuses questions bilatérales et internationales, louant le niveau des relations atteint entre les deux pays (le Soudan et le Tchad) et la possibilité de les renforcer et de les développer pour servir les intérêts des deux nations.

Il a affirmé son soutien aux efforts visant à stabiliser le peuple tchadien, y compris le dialogue organisé par Doha, soulignant que la sécurité et la stabilité du Soudan sont liées à la sécurité et à la stabilité au Tchad.

Il importe de rappeler que les zones d’influence historique de la France dans la région ouest-africaine connaissent une forte expansion russe, notamment au Tchad, en Centrafrique, au Mali et peut-être même au Niger, où le groupe russe Wagner mène des activités suspectes, ce qui a inquiété Paris, selon des politologues, qui ont confié à des médias que les manifestations dans la capitale tchadienne, N’Djamena et dans d’autres villes, étaient organisées par le groupe civil dominant « Wakit Tama », qui signifie « le temps est révolu », ce qui a semblé être une sorte de mot de passe pour déclencher un soulèvement populaire.

Il faut reconnaître impérativement que depuis l’assassinat de l’ancien président Deby, un mouvement politique s’était développé et qui rejette l’ancienne influence française dans la région du Sahel africain, ayant un rapport direct avec l’échec de la France dans la guerre contre les terroristes dans cette région, et la protection des civils, ce qui a contribué à la montée des appels au « départ des forces françaises » de la région et à la propagation des mouvements de libération conduisant au coup d’État au Mali.

C’est ce qui a entraîné une rupture entre la France et le Mali, dont le nouveau gouvernement s’est jeté dans les bras de la Russie.

La France, qui ne souhaite pas le développement des relations de sécurité entre le Soudan et la Russie, a tenu à rappeler aux autorités soudanaises, par l’intermédiaire de son émissaire, leur engagement à soutenir le gouvernement du Tchad ainsi que leurs promesses de s’abstenir de soutenir l’opposition armée au gouvernement de N’Djamena.

 

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