Le Lac TCHAD : Une sécheresse et une menace terroriste qui mènent le lac « de Vie à Trépas »

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Le Lac TCHAD : Une sécheresse et une menace terroriste qui mènent le lac « de Vie à Trépas »
Le Lac TCHAD : Une sécheresse et une menace terroriste qui mènent le lac « de Vie à Trépas »

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. La sécheresse qui frappe le lac Tchad, depuis plusieurs années, est l’exemple le plus frappant des risques dévastateurs pour la sécurité nationale des pays du bassin du lac, situés notamment sur la bordure sud du Sahel africain, en raison du changement climatique et le risque aujourd’hui de le voir disparaître. Sa superficie ayant diminué de 90 %, toutes ces conséquences en ont fait un foyer du terrorisme.

Une aubaine du seigneur tout-puissant

Le Lac Tchad : principale source de vie pour plusieurs populations

Le lac Tchad, principale source de « vie » pour prés de 30 millions de personnes (selon les statistiques de 2001) dont ils profitaient de ses eaux pour la boisson, l’agriculture, le pâturage et même la pêche ainsi que le commerce, était le sixième plus grand lac du monde, dans les années soixante du siècle dernier.

Aujourd’hui, le même lac est de plus en plus menacé de disparition, car sa superficie qui était de 25.000 kilomètres carrés dans les années 1960, s’est largement asséchée depuis le début des années 1970 à près de 2.000 kilomètres carrés, en raison de plusieurs facteurs, dont les plus importants sont :
• Le changement climatique,
• L’explosion démographique
• et la sur-irrigation.

Surplombé par le Tchad, le Niger, le Nigéria et le Cameroun, le lac Tchad est doté d’un bassin versant qualifié du plus grand bassin intérieur du monde en termes de superficie, et ce grâce aux rivières et vallées qui alimentent le lac en eau.

Plus sérieusement, des millions de personnes vivant sur ou autour du lac ont perdu leurs moyens de subsistance, après que la majeure partie du lac se soit asséchée en deux bassins séparés et peu profonds, entrecoupés de nombreux petits îlots.

Il s’agit en fait d’un lac où vivent de différents groupes ethniques et raciaux, cohabitant en parfaite harmonie, qui est considéré comme un patrimoine naturel commun non monopolisé par un pays sans un autre, alors que les frontières politiques n’étaient pas reconnues jusqu’à récemment.

Le passage de vie à trépas

Plan de situation géographique du Lac Tchad

Avec les problèmes de manque d’eau, ont surgi d’autres problèmes encore plus meurtriers que la soif et la sècheresse. C’est d’ailleurs ainsi que, petit à petit, ce lac a commencé à se transformer en un foyer pour les groupes terroristes et leurs opérations et attentats.

Beaucoup se rappellent encore, sûrement, la première attaque terroriste dans la région perpétrée par des membres du groupe nigérian « Boko Haram », dans la matinée du 10 octobre 2015, qui sont arrivés de l’autre côté du lac surplombant l’état du Tchad via des bateaux de pêche, et qui ont incendié des maisons, et tué les habitants des villages qu’ils atteignaient.

Par la suite, les opérations terroristes contre les pays aux abords du lac Tchad se sont poursuivies sans relâche, ce qui a nécessité des pays de l’alliance régionale (Nigéria, Tchad, Niger et Cameroun) de resserrer leurs rangs pour intensifier leurs efforts conjoints de lutte contre le terrorisme dans cette région du continent africain.


La sècheresse assèche le lac et menace les populations de soif

Depuis, la menace sécuritaire causée par les opérations terroristes répétitives dans la région du lac Tchad est devenue évidente ; on se rappelle également l’attaque du groupe « Boko Haram » contre la ville de Boma dans l’Etat du lac Tchad, qui a tué 98 soldats tchadiens en une journée et en a tué 1.000 autres, à laquelle les autorités tchadiennes avaient riposté par une opération militaire baptisée « Colère de Boma », une sorte de vengeance, au cours de laquelle elles ont capturé 58 membres du groupe terroriste « Boko Haram » et en ont tué 1.000 autres.

Après quoi l’ancien président tchadien Idriss Deby Itno (aujourd’hui disparu) avait annoncé que l’armée de son pays n’allait plus participer à aucune opération militaire en dehors de son territoire, tandis que le ministère tchadien des Affaires étrangères avait confirmé de son côté que l’armée continuerait à participer aux efforts régionaux de lutte contre le terrorisme.

Insécurité et manque de moyens de subsistance

En juin 2021, les Nations Unies ont averti que plus de 5 millions de personnes luttaient contre la famine dans le bassin du lac Tchad.

En effet, il importe de noter que l’épuisement brutal des eaux du lac, la perte des moyens de subsistance des habitants de la région, la propagation de la criminalité, notamment le vol de bétail entre les frontières communes, et la propagation des groupes terroristes, sont autant de facteurs qui ont provoqué une catastrophe humanitaire dans cette vaste région africaine.

L’étude intitulée « La région du bassin du lac Tchad : la paix passe par l’eau, pas les armes », a averti que l’assèchement du lac avait conduit à « un conflit entre les pays qui en dépendent, ce qui a rendu difficile pour eux de coopérer pour faire face au problème » de l’insécurité dans cette partie du continent, qui à son tour a conduit à l’éclatement de la violence et à la propagation de la criminalité dans les villes et villages voisins ayant accueilli les déplacés.

Comment sauver le Lac Tchad pour le ramener « de trépas à la vie » ?

Parmi les solutions proposées pour sauver le lac Tchad de l’épuisement, et adoptées par le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger depuis 2008, une option fût retenue visant à inonder les fleuves Chari-Logone, qui est la plus grande source d’eau du lac.

Selon les spécialises, c’est l’unique solution possible et envisageable pour rendre la vie au Lac Tchad et à toutes les populations qui résident tout autour.

Ne pas sauver rapidement le lac Tchad pourrait conduire à son extinction avant 2030, et il connaîtra le même sort que la mer d’Aral en Asie centrale.

Certes, en avril 2019, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avait accepté d’aider à lever 50 milliards de dollars pour un projet visant à sauver le lac Tchad frappé de sécheresse.

Cependant, depuis cette date, seuls quelques petits projets ont été réalisés dans la région, visant à soutenir les réfugiés et les communautés d’accueil, sachant que les pays donateurs n’ont pas été enthousiastes à l’idée de fournir une aide ou des investissements de cette ampleur, d’autant plus que la région souffre de problèmes de sécurité et de fragilité, et les rendements de tout investissement à long terme semblent limités et décourageantes.

Retour sur la solution des fleuves « Chari-Logone » et du fleuve « Oubangui »

D’abord la proposition impliquant les 2 principaux fleuves qui alimentent le lac Tchad :

• LE CHARI : qui prend sa source en République centrafricaine et arrose le Tchad.


Le fleuve Chari

Il est formé d’une série de petites rivières : le Bamingui (où se trouve sa véritable source), le Gribingui, l’Ouham, ou Bạhr Sara, qui apporte le plus d’eau au Chari, le Bạhr Aouk, le Bạhr Kéita, le Bạhr Salamat, qui rejoignent le Chari à Sarh (ex-Fort-Archambault). Leurs eaux se mélangent dans une grande plaine d’inondation. Après les rapides Gay, près de Niellim, le Chari est un fleuve puissant, aux eaux lentes. La longueur du Chari entre Sarh et N’Djamena (ex-Fort-Lamy) est de 1.398 kilomètres (son bassin couvre 650.000 km²).

• LE LOGONE : quant à lui prend sa source dans les monts Mbang, massif de l’Adamaoua.


Le fleuve Logone

Son lit acquiert très vite une pente très faible, si bien qu’en période de crue, en aval de Laï, une partie des eaux se déverse dans les marais toupouri, que draine le Mayo Kebbi, affluent de la Bénoué.

Ainsi, les deux fleuves CHARI-LOGONE coulent parallèlement sur plusieurs centaines de kilomètres et s’unissent à N’Djamena. Les deux plaines d’inondation sont unies par le Ba Illi et se jettent dans le lac Tchad.

L’autre proposition étant le transfert des eaux du fleuve Oubangui :

• L’OUBANGUI : transférer une partie des eaux de ce fleuve, le plus grand affluent du fleuve Congo, qui forme la frontière naturelle entre l’Afrique centrale, la République démocratique du Congo et le Congo.


Le fleuve Oubangui

Le détournement des eaux du fleuve Oubangui vers le lac Tchad lui permettra ainsi d’étendre sa superficie d’environ 2.000 à 5 500 km², ce qui permettra de relever le niveau du lac d’un mètre, après qu’il ait baissé de 4 mètres depuis 1962.

Il est prévu entre-autres que l’expansion dans la zone du lac sera d’environ 5.500 km², en transférant l’eau du bassin du fleuve Congo à travers le fleuve Oubangui vers le bassin du lac Tchad, permettant d’élever le niveau d’eau dans le lac d’environ un mètre dans le bassin sud et le même dans le bassin nord, selon des données publiées sur le site officiel de la Commission du bassin du lac Tchad.

Plus les choses traînent, et plus la sècheresse et les menaces terroristes prennent le dessus sur la région du Lac Tchad.

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