Le sort du TCHAD lié étroitement à celui de la LIBYE

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Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressTchad. Selon le site officiel du Département du commerce international, le Tchad possède les dixièmes réserves de pétrole en Afrique, et son économie dépend principalement de ses revenus, qui représentent 80% des revenus générés par les exportations de pétrole, en plus d’être l’un des les dix premiers pays au monde dans le domaine de l’élevage, ainsi que l’émergence de l’exploitation minière de l’or en tant que secteur émergent.

Cercle pétrolier

Raffinage pétrolier au Tchad
Raffinage pétrolier au Tchad

Dans ce contexte, la Chine y sied en tant plus important partenaire de production et d’exportation de pétrole du Tchad avec 42%, aux côtés des sociétés d’exportation américaines, taïwanaises, néerlandaises, émiraties, indiennes, françaises, qataries et turques. Compte tenu de ces composantes économiques et des tentatives de certaines puissances internationales pour contrôler le pétrole libyen, l’attention pourrait se déplacer après le règlement politique de la situation en Libye vers le Tchad, si ces pays ne travaillent pas à entourer les deux pays ensemble, formant un cercle pétrolier s’étendant de du nord au sud.

Il va sans rappeler que la situation en Libye est restée loin d’avoir une influence directe à l’intérieur du Tchad, notamment après l’assassinat du colonel Mouammar Kadhafi, mais après l’assassinat du président tchadien Idriss Deby Itno, des développements sont apparus dont on pourrait déduire que ce pays est touché par les répercussions sécuritaires et militaires régionales, s’étendant de l’Afrique de l’Ouest, et l’escalade des tensions sécuritaires à la suite d’opérations terroristes survenues là-bas.

Drapeaux tchadien et libyen
Drapeaux tchadien et libyen

Un sort lié malgré les divergences

C’est pourquoi, la situation sécuritaire et politique en Libye et la présence internationale dans l’ancienne métropolitaine, ainsi que sa réflexion à la lumière d’évolutions fondées sur plusieurs facteurs, pourraient contribuer à l’aggravation de la situation politique et sécuritaire à l’intérieur du Tchad et son impact dans son voisinage.

Néanmoins, il faut noter que les plus importants de ces facteurs sont évidemment :

  • le soutien dont disposent les forces rebelles tchadiennes, conduites par «Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT)» du sud de la Libye,
  • la possession par le Tchad des dixièmes réserves pétrolières d’Afrique,
  • l’entrée de la Chine comme partenaire d’exportation,
  • en plus de l’émergence du secteur de l’extraction de l’or.

Situations chaotiques

Ces événements disparates ont révélé le lien entre les événements dans les deux pays voisins, dans un état de stabilité ou de chaos, en plus des facteurs internes de chacun.

Dans cet environnement, du fait qu’il soit difficile de contrôler la sécurité dans l’ensemble du territoire libyen, ceci aurait fourni aux forces tchadiennes dans le sud de la Libye un environnement qui les a aidés à continuer à gérer le conflit avec le gouvernement tchadien depuis son emplacement frontalier, en raison du déséquilibre de l’équation sécuritaire libyenne.

Il s’agit là d’une situation chaotique qui se refléterait au Tchad, ce qui implique des menaces pour cibler le gouvernement de transition dans ce pays, sachant que cela l’affecterait également, d’une autre manière, s’il rejoint des groupes terroristes en Afrique de l’Ouest à travers des frontières ouvertes et leur fournit des armes.

Les craintes planent dangereusement, après que l’organisation Daech ait ciblé un poste de contrôle de sécurité dans la ville de Sabha, dans le sud de la Libye, lors d’un attentat suicide à la voiture piégée. Le retour de telles attaques, qui ont cessé il y a plus d’un an, dans la zone sous contrôle des forces du maréchal en retraite Khalifa Haftar, fait craindre que la région ne s’ouvre à davantage de tensions.

La stabilité du Tchad implique également celle de la Libye

Emplacement de la bande frontalière d’Aozou
Emplacement de la bande frontalière d’Aozou

Les régions d’Aozou et des monts Tibesti s’unissent au nord du Tchad, formant une vaste zone de troubles menés par les forces rebelles contre le régime de l’ancien président Idriss Deby Itno, à la suite de désaccords avec lui et de différends, pour la plupart intermittents, dus au soutien de ces forces et de celui de Kadhafi, ce qui aurait facilité aux forces rebelles de contrôler les frontières entre la Libye et le Tchad.

A noter que la région d’Aozou était restée sous le contrôle de Kadhafi jusqu’en 1994, date à laquelle il s’est retiré en application des résolutions des Nations Unies, non sans apporter un soutien financier et logistique au « Mouvement pour la démocratie et la justice » tchadien, fondé en 1997 au Tibesti, et il est entré en guerre avec le régime de Déby jusqu’en 2011.

Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), formé en 2016 dans le nord du pays et composé des tribus locales Tebu, des éléments qui ont fait défection au régime tchadien, n’a pas non plus réussi à s’entendre avec les groupes ethniques du Tchad, qui comptent environ 200 ethnies différentes. Cette rivalité ethnique est alimentée par un conflit historique entre le Nord, l’Est musulman, et le Sud chrétien. De là, le Front pour l’alternance et la concorde a attaqué le régime de Deby et l’a tué dans des affrontements armés, comme tout le monde le sait déjà.

Un conflit en appelle un autre

Soldats tchadiens aux frontières libyennes
Soldats tchadiens aux frontières libyennes

Plusieurs mois en arrière, les batailles avaient fait rage entre les forces en rébellion contre le régime tchadien et les forces qui se sont unies contre le régime à l’époque d’Idriss Deby d’une part, et le Conseil militaire de transition au pouvoir, dirigé d’une main de fer par le général Mahamat Iriss Deby d’autre part.

En plus de la présence historique de la France au Tchad, Paris, l’allié le plus important de N’Djamena, a fourni des milliers de soldats pour lutter contre les groupes extrémistes dans la région du Sahel, tels que “Al-Qaida”, “Boko Haram” et le plus pertinent d’entre eux actuellement, « Daech ».

Rappelons dans ce contexte que plus de 5.000 soldats ont participé à « l’opération Barkhane », lancée en 2014 pour lutter contre le terrorisme dans la région.

Toutefois, étant donné que les situations tant en Libye qu’au Tchad sont affectées par les équilibres et les rôles des parties internationales, dans le cadre de la résolution des défis à venir, N’Djamena dépend étroitement de la sortie des forces internationales de Libye pour s’assurer qu’elles ne sont pas attaquées par les forces rebelles qui peuvent perdre leur soutien direct, représentées dans le soutien militaire, et à plus long terme représentées dans la formation et la protection.

Et si le conflit éclaterait à nouveau, la base des territoires libyens et la région montagneuse frontalière du Tibesti seront encore pour longtemps des points chauds, si les forces gouvernementales et les forces de l’Armée nationale dirigées par Khalifa Haftar reculent, que la restructuration des forces armées libyennes et du processus politique démocratique traîneraient encore en Libye.

Tout cela se mêlera aux mouvements d’organisations terroristes et de groupes armés actifs dans le trafic d’êtres humains, et la situation pourrait prendre l’ampleur d’une guerre civile chronique.

On doit se mettre à l’évidence, que le TCHAD et la LIBYE, si toutefois leurs situations chaotiques trouveraient une grande volonté et des solutions conjointes, pourraient se transformer en une puissance stratégique dans cette partie du Continent africain.

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