
Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Tchad. Pour faire la comparaison entre les jeunes dans les pays d’Afrique de l’Ouest, nous avons choisi d’examiner la situation de la jeunesse au Tchad, où près de la moitié des Tchadiens ont moins de 30 ans, et où la jeunesse n’a connu qu’un seul président, Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, et décédé au mois d’avril de cette année.
Si le rapport des 50 ans de développement humain indiquait en 2010 que le Tchad actuel est ouvert à de multiples paris politiques, économiques, sociaux et culturels, alors ces paris ne pourront réussir qu’avec la participation et l’activation du rôle de la jeunesse dans l’activité politique sous ses divers aspects. Les jeunes sont un groupe social caractérisé par de nombreux avantages, dont le plus important est l’avantage du don précipité et continu lorsque ses conditions sont réunies. Il se caractérise également par des échecs lorsque les contrefacteurs s’accumulent.
Réticence des jeunes aux élections

Au Tchad, surtout au cours des deux dernières décennies du siècle dernier, ce groupe social a connu des revers majeurs dus au brassage des papiers devant lui, et à la propagation du chômage parmi les classes éduquées, ce qui a poussé de nombreux jeunes tchadiens à rechercher un refuge qui n’était rien d’autre qu’une réticence à tout, de l’apprentissage du sport, de la politique, etc.
Les résultats et conclusions des élections de 2006 ont prouvé que la crise était le dénominateur commun entre les différents acteurs du champ politique, notamment après la baisse du taux de participation et le boycott de la majorité du peuple tchadien pour les élections, phénomène que la plupart des politologues se justifient par l’expression explicite d’une position et pas seulement par la négligence.
Il est vrai que toutes les démocraties du monde connaissent une faible participation, et c’est l’objet d’un débat mondial aux dimensions intellectuelles, politiques et sociologiques. Malheureusement, les résultats des élections de 2006 ont fait peur à tout le monde malgré les efforts déployés par l’État, et par divers militants et politiciens pour exhorter les jeunes à participer aux élections.
De nombreux chercheurs et personnes intéressées associent la participation politique des jeunes au développement démocratique et à l’approfondissement du sens de la citoyenneté, au motif que les quatre dernières décennies ont eu des répercussions négatives sur l’étendue de la participation politique des jeunes dans les partis, en raison de l’absence de ces deux éléments.
La réticence de la jeunesse tchadienne à percer dans la jungle de la politique est due à de nombreux cumuls, à tous les niveaux économiques, sociaux, politiques et culturels, dans lesquels l’Etat assume la plus grande part après son intervention dans le processus électoral, en plus de la responsabilité des partis qui sont devenus incapables de formuler des programmes plus approfondis pour sensibiliser les jeunes à l’importance du travail politique.
Absences d’infrastructures de base
Sur le plan économique, il faut rappeler que la jeunesse tchadienne a toujours souffert de plusieurs problèmes représentés par l’absence d’infrastructures de base qui contribueraient à leur intégration socio-économique et par conséquent leur implication dans le travail politique. Parmi les taux intéressants et surprenants se trouve le taux de chômage en 2006, qui a atteint 60% pour la tranche d’âge (15-24 ans).
De plus, un pourcentage important de jeunes, notamment dans le monde rural, s’adonnent à des activités à caractère saisonnier, se traduisant souvent par une réalité de chômage non productif qui exprime plus qu’un emploi dynamique. D’autre part, le fléau de la pauvreté qui se situait à l’époque à plus de 15 %, a grimpé en 2018 à 42,3 % d’une population vivant en dessous du seuil national de pauvreté, majoritairement des jeunes, contribue à perpétuer une culture de réticence à faire de la politique.
L’absence d’infrastructures, en particulier dans les zones isolées, telles que les services de santé, l’eau potable, l’électricité, les installations sportives, les institutions culturelles, les cinémas et Internet est l’un des obstacles structurels les plus importants qui poussent les jeunes à rejeter toute participation politique.
Indifférence des partis politiques envers les jeunes

D’autre part, il faut rappeler que les institutions des parti, malheureusement, ne remplissent pas la fonction qui leur est confiée par la constitution et la loi des partis d’encadrer les citoyens et de les éduquer sur la culture politique et les valeurs de la citoyenneté, et étonnamment, ces partis existent peu dans les villages et les campagnes, et la population ne les connaît qu’à travers les élections, ce qui complique encore plus et génère ainsi une perte de confiance en eux.
Ce n’est un secret pour personne que parmi les raisons qui empêchent les jeunes d’exercer une activité politique au Tchad, c’est que la plupart des partis tchadiens, dirigés par des dirigeants non-jeunes, s’imposent aux jeunes par voie de nomination ou de candidature centrale, sur la continuité des anciens dirigeants au titre dune soi-disant expérience.
Dans le même contexte, beaucoup de jeunes voient qu’il ne sert à rien de s’impliquer dans des partis tant que le pays (Tchad) assiste à la naissance d’une nouvelle classe de technocrates dont l’influence s’est élargie et en est venue à dominer le gouvernement. La politique s’intensifie tant que la démocratie interne des partis n’est pas encore enracinée, et tant que l’ambiance générale règne au sein des partis, elle ne laisse aucune marge à une action politique constructive et fructueuse fondée sur le déchaînement des énergies et des talents des la jeunesse.
Le rejet des jeunes de la vie politique s’est accompagné de l’émergence du phénomène d’une forte implication des jeunes dans l’opposition armée et les associations de la société civile, étant donné que ces dernières ont abordé leurs enjeux et leurs problèmes économiques et sociaux de manière tangible, ce qui les aide à influencer leur réalité, et alloue même un espace à la catégorie des jeunes pour former des leaders participatifs sans exclusion. L’implication de ce groupe dans les associations et le travail au sein des organes de la société civile leur permet de participer à la gestion des affaires publiques, même indirectement, en contribuant au développement de la société, et en soutenant le développement, et de contribuer à lutter contre les phénomènes sociaux négatifs.
Enjeux et défis

Le rôle de la jeunesse dans le processus de transition est bien la « veille citoyenne » sur les actions des autorités de la transition, mais elle doit aussi soutenir les autorités pour l’achèvement de la transition et l’avènement de l’ordre constitutionnel.
Aborder les enjeux et défis posés au Tchad ne passera qu’avec une action politique forte et démocratique à travers laquelle la jeunesse devient impérativement un acteur majeur, réel et direct, qui exige de tous les acteurs qu’ils élaborent des politiques et des plans à moyen et long terme, fruit de qui placera les jeunes dans leur contexte sociétal correct en tant que force de changement majeure et initiative.
Mais, malheureusement, de nombreux jeunes Tchadiens dénoncent leur mise à l’écart, avant, lors et après la transition militaire mise en place depuis mai 2021, et l’investiture du lieutenant-général Mahamat Idriss Deby en tant que Président du Conseil militaire de Transition, et Président de la République tchadienne.
Tout comme certaines organisations de la société civile et une partie de l’opposition politique tchadienne, de nombreux jeunes demeurent méfiants quant à la durée de la période de transition militaire.
Selon eux : « Le chômage continue de plus belle » et leur chance dans la gouvernance n’est pas pour demain !
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Tchad, suivez Africa-Press