Mahamat Idriss Deby trouvera-t-il l’appui recherché à Khartoum ?

31
Mahamat Idriss Deby : Le Président du Conseil militaire de transition

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressTchadDes sources bien informées au palais présidentiel au Soudan ont révélé, le jeudi 26 août 2021, que le Président Conseil militaire au pouvoir au Tchad, Mahamat Idriss Deby, effectuera une visite officielle de deux jours, à partir de ce dimanche 29 du mois courant, dans la capitale soudanaise, Khartoum.
La visite, qualifiée d’importante pour les deux pays et le voisinage, sera la première effectuée au Soudan après la prise du pouvoir au Tchad.

Objectif de la visite
Plusieurs dossiers seraient déjà sur la table pour être discutés, dont on pourrait citer notamment la formation d’une force militaire conjointe entre le Tchad, le Niger, le Soudan et la Libye, pour empêcher les mouvements d’opposition de déstabiliser la situation dans les quatre pays et empêcher également une répétition du scénario de l’assassinat de son père, Idriss Deby.

Dans ce contexte, une source au Soudan a déclaré aux médias que : « Le président du Conseil militaire de transition tchadien arrivera à Khartoum pour une visite officielle, qui est sa première depuis sa prise de pouvoir après le meurtre de son père, et sera accompagné d’une importante délégation ministérielle qui comprend un certain nombre de ministres, de hauts responsables du gouvernement tchadien, de l’armée et de la sécurité, et il rencontrera les dirigeants de l’autorité au Palais républicain et au Conseil des ministres, ainsi que certains des acteurs politiques des mouvements qui ont signé la paix de Juba depuis le Darfour. »

La visite portera entre-autre sur la coopération conjointe dans les domaines du commerce, de la sécurité et particulièrement la sécurité des frontières.
Selon les informations « fuités » sur l’arrivée de Mahamat Idriss Deby à Khartoum, beaucoup de questions seront débattues avec l’autorité suprême au Soudan : « Il y aura un échange de vues et un examen minutieux de la situation de transition dans les deux pays, et des relations bilatérales, mais avec une plus grande attention sur la situation en Libye voisine, qui a un groupe de combattants mercenaires de plusieurs pays, devenus une menace après la décision des autorités libyennes de les expulser de ses terres, et la question de la force conjointe avec la Libye, ainsi que les dossiers du terrorisme et la situation interne au Tchad et au Darfour en particulier. »

Rencontre Mahamat Idriss Deby – Musa Al-Kouni (Libye)

Dans un communiqué rendu public par la Présidence tchadienne, citant Deby, a déclaré à l’issue de sa rencontre avec le Vice-président du Conseil présidentiel libyen, Musa al-Kouni, cette semaine, dans le cadre de sa visite rendue à N’Djamena, que « le Tchad soutient l’initiative de relancer l’accord quadripartite entre la Libye, le Soudan, le Niger et le Tchad, en formant une force conjointe le long de ses frontières », avec pour objectif principal de se dresser en rempart à toute incursion des groupes rebelles, comme ce fut le cas en avril dernier, et qui a conduit à l’assassinat du président Idriss Déby Itno.
Selon l’agence de presse libyenne, Al-Kouni et Deby « se sont mis d’accord sur la nécessité de retirer les factions armées tchadiennes du territoire libyen ». Elle a précisé que la rencontre entre les responsables « a abordé diverses questions d’intérêt commun, notamment le dossier de la sécurité des frontières, et l’expulsion des factions armées tchadiennes de Libye ».

Elle a déclaré entre-autres qu’Al-Kouni et Deby ont convenu que « la présence continue de ces personnes dans le sud de la Libye constitue une menace et un danger pour la sécurité et la stabilité de la Libye, car cette même menace vise aussi de prés la sécurité et la stabilité du Tchad ». Les deux parties ont appelé à « la nécessité d’activer l’accord de sécurité quadripartite qui détaille les mécanismes de constitution d’une force conjointe pour protéger les frontières communes, qui contribuent à bloquer la voie au terrorisme et autres actions transcontinentales : les crimes, le trafic, la traite des êtres humains ou l’immigration illégale. »

Les deux parties ont exprimé, selon l’agence libyenne, « la possibilité de signer de nouveaux accords bilatéraux dans le cadre de cet accord quadripartite, d’une manière qui permette de répondre aux situations urgentes ou à caractère particulier pour les deux pays. »

Mahamat Idriss Deby ira donc à Khartoum, suffisamment informé sur la situation en Libye, et sur sa prédisposition à renforcer la sécurité des frontières du voisinage.
De son côté, Mohamed Hussein, un politologue tchadien chevronné, a confié quant à lui : « Deby veut profiter de l’expérience soudanaise dans la transition, et il veut aussi asseoir ses pieds au pouvoir à N’Djamena, et assurer le soutien, qui a conduit à la stabilité du régime de son père jusqu’à sa mort, en plus de se déplacer pour jouer des rôles régionaux importants à travers la Libye. Il espère fermer cette porte, celle qui a conduit à l’assassinat de son père, une fois pour toutes. »

On sait que Mahamat Idriss Deby a récemment doublé les signes d’ouverture aux groupes rebelles armés, appelant chacun à participer au « dialogue national global » censé « rassembler tous les Tchadiens pour former un Etat apaisé ».
Il a également promis de « prendre des mesures concrètes concernant l’amnistie, la libération des prisonniers de guerre, la restitution des biens et l’intégration des militants », dans l’armée tchadienne.

Pour rappel, en 2018, les quatre pays avaient signé un accord de coopération sécuritaire pour lutter contre le terrorisme et la traite des êtres humains, mais cet accord n’a pas empêché la propagation des forces paramilitaires dans le sud de la Libye et l’incursion de rebelles tchadiens en provenance du pays arabe, englouti depuis 10 ans dans la guerre et le chaos, et leur avancée vers la capitale, N’Djamena.

Le Tchad aurait en mains les clés du puzzle pour comprendre la structure et la nature des factions armées tchadiennes qui menacent la sécurité libyenne ainsi que la sécurité tchadienne. Ils traversent la frontière vers la Libye et altèrent sa sécurité puis retournent sur le territoire tchadien.

On peut donc déduire de la visite de Mahamat Idriss Deby à Khartoum, ce dimanche, qu’elle vise à relever le défi sécuritaire commun et à rechercher des mécanismes efficaces permettant de faire face à tous ces problèmes, sachant que le Tchad soutient l’accord pour activer l’accord du Quartet, en particulier la nécessité de former cette « force conjointe » pour protéger les frontières, car les problèmes régionaux doivent être résolus par les parties prenantes elles-mêmes et ne doivent pas attendre de solutions de l’étranger.
Nous y reviendrons…

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here