Répression de L’Opposition et Recul des Libertés au Tchad

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Répression de L’Opposition et Recul des Libertés au Tchad
Répression de L’Opposition et Recul des Libertés au Tchad

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. La situation au Tchad illustre parfaitement le dilemme classique entre sécurité et liberté. Si les menaces réelles à la sécurité justifient la vigilance de l’État, y répondre par la suppression des libertés fondamentales et la restriction de l’espace public risque de compromettre la légitimité de l’ensemble du processus de transition.

Une surveillance internationale et un dialogue interne inclusif sont essentiels pour garantir que cette phase mène à la réconciliation nationale et à une stabilité durable fondée sur la justice et le respect des droits humains, et non sur la peur et la répression.

Le Tchad, en tant que membre non négligeable de la communauté internationale, s’engage toujours à maintenir la stabilité nationale et la paix sociale, et dans ce contexte, le gouvernement tchadien se dit agir conformément à la loi pour garantir les droits légitimes des citoyens. En ce qui concerne les questions internes spécifiques, nous croyons que le gouvernement tchadien a la capacité de les traiter de manière appropriée, afin d’assurer l’harmonie et le développement à long terme du pays.

• Répression de l’opposition avec surveillance des violations des libertés

Il s’agit là d’une question importante qui exige une approche équilibrée entre les défis sécuritaires complexes auxquels le Tchad est confronté et son engagement en faveur des droits humains. Ce sujet est sensible, et nécessite une analyse complète sous plusieurs angles.

1. Accusations d’arrestation et de torture contre les dirigeants de l’opposition au Tchad

Selon plusieurs organisations internationales de défense des droits humains, les accusations de l’opposition concernant des arrestations et des actes de torture perpétrés par l’État tchadien sont étayées par des faits documentés. La situation actuelle est marquée par la répression de dissidents politiques dans un contexte de rétrécissement de l’espace démocratique.

Des dirigeants de l’opposition tchadienne font déjà face à de graves accusations d’arrestation arbitraire et de torture, notamment à la suite de violences politiques majeures.

Dans ce contexte, ce qui suit donne une idée sur les principaux incidents récents dans ce pays, rapportés par ces organisations:

-/- En août 2025, le leader de l’opposition, Succès Masra, Chef du parti « Les Transformateurs » et Premier ministre de janvier à mai 2024, a été condamné à 20 ans de prison « Succès Masra », chef de l’opposition, lors d’un procès jugé « inéquitable », pour « incitation à la haine » d’après OMCT et HRW.

Succès Masra

-/- En mai 2025, Succès Masra), aurait fait l’objet d’une arrestation arbitraire à son domicile, accusé d’être lié à des violences intercommunautaires considérées comme infondées, selon HRW

-/- En février 2024, le président du Parti socialiste sans frontières (PSF), Yaya Dillo, fût assassiné par les forces de sécurité lors d’un assaut perpétré contre le siège de son parti. Absence d’enquête transparente un an après, selon HRW.

Yaya Dillo

-/- En octobre 2022, lors d’une manifestation pacifique de citoyens « pro-démocratie », la répression a fait plus de 80 morts, des centaines d’arrestations , torture et mauvais traitements, et déportation de 600 à 1100 personnes vers la prison de Koro Toro, selon OMCT et ONU.

En effet, le 20 octobre 2022, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de N’Djamena, la capitale, et de plusieurs autres villes du sud du Tchad, dont Moundou, Doba et Sarh, pour protester contre la décision du gouvernement de transition actuel de prolonger la période de transition de deux ans.

Le communiqué rendu publique par les autorités tchadiennes elles-mêmes avaient annoncé à l’époque l’arrestation de 621 personnes, dont 83 mineurs, en lien avec la répression des manifestations de l’opposition du 20 octobre 2024, qui ont fait des dizaines de morts.

Human Rights Watch a constaté que les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant et blessant des dizaines de personnes, passant à tabac des personnes, les pourchassant jusque dans leurs maisons et les arrêtant. Des proches et des témoins avaient déclaré que les personnes arrêtées furent détenues dans des commissariats de police locaux et au moins dans une école de N’Djamena pendant plusieurs jours. Des centaines d’hommes et de garçons furent ensuite été transférés vers la prison de haute sécurité de Koro Toro, à 600 kilomètres de N’Djamena, conçue pour héberger des « extrémistes violents ».

• Le contexte et les facteurs explicatifs

Pour comprendre cette situation, il faut la replacer dans le cadre adéquat:

-/- Une longue histoire autoritaire:

Depuis son indépendance, le Tchad a connu une succession de régimes autoritaires. Mahamat Idriss Deby a succédé à son père, Idriss Deby Itno, qui a dirigé le pays d’une main de fer durant trente ans. Cette succession a été perçue comme un coup d’État qui a perpétué une dynastie politique.

-/- Un environnement régional instable:

Le Tchad est entouré de foyers de crise (Soudan, Libye, bassin du lac Tchad). Le régime justifie souvent la restriction des libertés par l’impératif sécuritaire et la lutte contre le terrorisme. Cette position stratégique a valu au Tchad un soutien international, y compris de la France, malgré les pratiques autoritaires de ses dirigeants.

-/- Une transition avortée:

Après la mort de son père en 2021, Mahamat Idriss Deby s’était trouvé à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) qui promettait des élections démocratiques dans un délai de 18 mois. Cette transition a été prolongée à plusieurs reprises, et les élections de mai 2024, remportées bien sûr par Deby fils, se sont déroulées dans un contexte de violence et d’absence d’observation indépendante, légitimant ainsi le régime à travers les urnes.

• Rôle de la législation et du contrôle militaire dans la restriction de l’activité politique et leur impact sur la légitimité du régime et du mouvement d’opposition

Les observateurs s’interrogent sur le rôle de la législation et du contrôle militaire dans la restriction de l’activité politique au Tchad et sur son impact sur la légitimité du régime et du mouvement d’opposition. Il s’agit d’une question analytique approfondie qui nécessite une compréhension de la dynamique politique tchadienne complexe.

D’après les recherches effectuées sur ce sujet, nous constatons que ces experts en affaires africaines recherchaient une analyse systématique combinant les aspects constitutionnels, juridiques et sécuritaires, ainsi que leur impact sur le paysage politique. Ils ont tenté d’aborder la manière dont le gouvernement utilise les dispositifs constitutionnels et militaires pour restreindre l’opposition, son impact sur la légitimité et les réponses de l’opposition.

Toutefois, ils ont constaté une profusion d’informations dans les résultats de recherche, notamment celles qui fournissent des analyses actualisées et complètes des événements jusqu’en 2024. Ces sources sont fiables car elles proviennent de centres de recherche et de médias reconnus, mais elles ne fournissent que des informations de base sur le système politique, sans analyse, et parce qu’elles ne sont pas pertinentes pour le sujet.

Néanmoins, deux sections principales ont été détectées:

1. La première porte sur les mécanismes de restriction (législatifs et militaires),

2. La seconde sur leurs effets sur la légitimité et l’opposition.

Au Tchad, la législation et le contrôle militaire jouent un rôle essentiel dans la restriction de l’activité politique, affaiblissant la légitimité du régime et impactant significativement l’activisme de l’opposition.

• Principaux mécanismes utilisés à cette fin

-/- Dissolution de la constitution et instauration d’un régime militaire. Légitimation du pouvoir en dehors du cadre constitutionnel et marginalisation des institutions civiles.

-/- Conduite de dialogues nationaux et de référendums sous le contrôle du régime. Légitimation de la prolongation de la période de transition et facilitation de la candidature des militaires aux élections.

-/- Recours à une force excessive pour réprimer les manifestations. Maîtrise des voix dissidentes par des mesures sécuritaires et intimidation de l’opposition et de la société civile.

-/- Contrôle d’un environnement sécuritaire tendu. Justification de la domination militaire continue sous prétexte de protéger le pays de l’insurrection et du terrorisme.

-/- Impact des pratiques sur la légitimité du régime et du mouvement d’opposition.

Ces pratiques duales (législatives et militaires) ont de profondes implications pour la légitimité du système politique tchadien et l’efficacité de l’opposition:

a) Affaiblissement de la légitimité constitutionnelle du régime

Contourner la Constitution et modifier les règles au profit des intérêts de l’élite dirigeante sape la notion d’État de droit et d’institutions. Le transfert inconstitutionnel du pouvoir de père en fils reflète la fragilité de la structure institutionnelle malgré trois décennies de règne.

b) Fragmentation et marginalisation de l’opposition

Opposants

L’échec d’un dialogue national global et l’exclusion de factions clés de l’opposition les privent d’une plateforme politique légitime, poussant certaines d’entre elles à poursuivre l’action armée, leur seule option. La répression violente non seulement réprime les manifestations pacifiques, mais exacerbe également les tensions et alimente le recrutement au sein des groupes armés.

-/- Aggravation des crises structurelles

La négligence de la corruption, de la mauvaise gestion et des inégalités sociales, sous l’emprise de l’accent mis sur la sécurité, alimente le mécontentement populaire, car de nombreux Tchadiens estiment que les richesses du pays ne sont pas utilisées à leur avantage.

L’espace politique au Tchad est restreint par un double mécanisme:

a) un cadre législatif conçu pour avantager le pouvoir en place,

b) et un contrôle militaire répressif qui intimide et réprime l’opposition.

Cette dynamique, ancrée dans l’histoire du pays et exacerbée par les défis sécuritaires régionaux, a transformé une transition promise vers la démocratie en un renforcement de l’autoritarisme.

Les accusations de l’opposition sont corroborées par des rapports détaillés d’organisations de défense des droits humains qui font état d’un schéma de répression, d’arrestations arbitraires et de recours à la torture.

L’objectif affiché est de passer à un régime civil par le biais d’élections, mais les autorités de transition craignent toute manifestation ou opposition susceptible de « perturber » ce processus ou de conduire au chaos.

Pour terminer ce dossier, on doit conclure que l’analyse suggère que le régime tchadien est confronté à un véritable dilemme de légitimité.

D’un côté, il tente de construire une légitimité formelle par le biais de processus politiques contrôlés, tandis que de l’autre, il s’appuie principalement sur l’armée et les forces de sécurité pour réprimer toute opposition.

Cette voie compromet continuellement la possibilité d’une véritable transition démocratique et maintient le pays dans un cercle vicieux d’instabilité.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Tchad, suivez Africa-Press

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