Tchad – Centrafrique : L’assassinat de 6 militaires attise la tension entre les deux pays voisins

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Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressTchad. Tout laisse penser que les relations entre le Tchad et la République centrafricaine sont appelées à se dégrader davantage, dans le proche avenir, si les instances internationales telles que les Nations Unies, l’Union Africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, et autres, n’interviennent pas à temps pour éviter le pire et remettre en place les relations de Bon voisinage entre les deux pays voisins.

La tension est montée d’un cran, depuis que le gouvernement tchadien ait accusé son voisin du sud d’avoir tué six de ses soldats en faction dans un poste-frontière (à l’intérieur du Tchad), sachant que cinq d’entre eux auraient enlevés puis exécutés.

Crime de guerre

Le Tchad a qualifié cet acte de “crime de guerre”, insistant sur le fait qu’il devrait “ne pas rester impuni.” “Ce crime de guerre extrêmement grave et cette attaque criminelle préméditée qui a été planifiée et menée à l’intérieur du Tchad ne peuvent rester impunis”, indique le communiqué.

De son côté, la République centrafricaine, qui a aussitôt réagi après l’accusation lui ayant été formulée par son voisin, a déclaré qu’il y avait eu un “échange de tirs… à la frontière”, soulignant qu’il y a eu des morts des deux côtés.

Le République centrafricaine déplore les victimes des deux armées

Cette déclaration a été également renforcée par un communiqué officiel, dans lequel le gouvernement centrafricain a déploré “les morts et les blessés dans les rangs des armées tchadienne et centrafricaine”, accusant les rebelles centrafricains poursuivis par son armée de les avoir éliminés. Il a également « confirmé » sa volonté de renforcer les relations « entre les deux peuples frères » et a proposé au Tchad une « mission d’enquête conjointe » sur ces affrontements.

Toutefois, il faut reconnaître que l’incident a levé le voile sur des relations parfois tendues entre le Tchad, dirigé par une junte militaire depuis le meurtre de son dirigeant Idriss Deby, et la République centrafricaine, un pays pauvre et instable aux prises avec des groupes armés.

Pour sa part, le Ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Tchadiens de l’étranger, Chérif Mahmat Zene, a déclaré dans un communiqué que « les forces armées de la République centrafricaine ont attaqué dimanche matin la base de Soro au Tchad..”

Il a indiqué dans sa déclaration que la base de « Soro » près du village de Mbiri, où 12 soldats étaient stationnés, a été attaquée à l’aube, en ajoutant que : “Ce crime de guerre est très grave, et cette attaque sanglante, qui a été planifiée et menée depuis l’intérieur du Tchad pour des raisons connues uniquement du gouvernement centrafricain, ne restera pas impunie”.

Une dépêche de l’AFP a quant à elle indiqué que cette attaque est survenue après que des soldats centrafricains aient traversé la frontière tchadienne pour poursuivre des rebelles, citant de fait un responsable de la sécurité tchadienne, qui aurait souhaité garder l’anonymat.

Par ailleurs, selon ce que certains médias ont relayé, la République centrafricaine aurait toujours accusé son voisin du nord de soutenir des groupes rebelles armés depuis l’intérieur du Tchad.

Recours aux Instances internationales et régionales

Suite à cet acte conflictuel, le Tchad et la République centrafricaine ont appelé les Nations Unies et l’Union africaine, selon un communiqué conjoint, à enquêter sur l’incident survenu aux frontières et qui a causé la mort de six soldats tchadiens tués par les forces centrafricaines.

Ceci dit, cette tuerie laisse présager une escalade des tensions entre les deux pays, alors qu’en 2013, le Tchad avait participé aux efforts africains pour stabiliser la situation en République centrafricaine, pays ravagé par des rébellions armées depuis lors.

“Les deux parties reconnaissent la gravité de la situation et soulignent le besoin urgent de clarifier les circonstances de cette attaque”, indique le communiqué publié par les ministres des Affaires étrangères des deux pays concernés.

Prenant de contre-pied la déclaration faîte dimanche dernier par le ministère tchadien de la Défense, lequel a confirmé que les forces centrafricaines ont attaqué un poste militaire tchadien, tuant un soldat, kidnappant et exécutant cinq autres, ce qu’il a qualifié de crime de guerre, les autorités centrafricaines ont laissé entendre que les combats avaient éclaté par erreur alors que leurs soldats poursuivaient un groupe rebelle près de la frontière avec le Tchad, sans citer le nombre de soldats tués du côté centrafricain.

Message du Président centrafricain Faustin-Archange Touadera

Néanmoins, pour tenter d’apaiser la tension entre les deux pays voisins, une délégation centrafricaine s’est rendue mardi dernier à N’Dajmena, la Capitale du Tchad, où ses membres ont pu rencontrer et remettre un message du président Faustin-Archange Touadera au Chef du conseil militaire au pouvoir, Mahamat Idriss Deby, fils de l’ancien président Idriss Deby.

Après la réunion, les représentants des deux parties ont convenu de la nécessité de former une commission d’enquête internationale, indépendante et impartiale, comprenant des éléments des Nations Unies, de l’Union africaine et d’autres entités régionales pour enquêter sur l’incident.

Un porte-parole de l’armée tchadienne a confié également à l’agence Reuters, que des troupes ont été envoyées en renforts et ont été déployées à la frontière après l’incident, et ce, malgré le fait que les deux pays soient parvenus à une solution diplomatique.

Présence militaire renforcée sur les frontières tchadiennes

“Je viens de rentrer du terrain où nous avons renforcé nos positions avec de nombreux équipements”, a déclaré le général de Corps d’Armées Moussa Haroun Tirgo, gouverneur de l’Etat du Logone, situé dans l’extrême sud du Tchad. “Les choses ne seront plus jamais pareil”, a-t-il souligné.

De son côté, Julian Tawunia, le maire de la ville de Beitoui, où a eu lieu l’attaque, a déclaré que “les militaires ont renforcé les mesures de sécurité à la frontière”. Il a ajouté que “les corps des soldats qui ont été exécutés n’ont pas encore été enlevés” et se trouvent toujours de l’autre côté de la frontière.

Les deux pays s’en tiendront donc à la mission des experts qui seront désignés pour enquêter sur les faits, et préparer un rapport précisant les responsabilités.

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