Africa-Press – Tchad. Le Tchad figure parmi les pays les plus corrompus au monde, avec un score alarmant de 20 à 21 sur 100 en 2023 selon l’Indice de perception de la corruption de Transparency International, le plaçant au 158e rang sur 180 pays. Selon l’organisation, la corruption gangrène tous les secteurs: justice, sécurité, éducation, santé, services publics, et surtout le secteur pétrolier, où les ressources nationales sont souvent détournées, alimentant inégalités et conflits.
Selon le sociologue Mbété Félix, ce phénomène a plusieurs visages. « La petite corruption du quotidien, la grande corruption des marchés publics ou des nominations truquées, et la méga corruption aux ramifications internationales. Elle est devenue systémique, tolérée même par certains religieux pour survivre, et renforcée par des complicités extérieures», analyse-t-il.
Selon le sociologue, les causes sont multiples notamment faiblesse des institutions, absence de mécanismes de contrôle efficaces, impunité généralisée. Bien que des lois et des structures anti-corruption existent, leur efficacité reste très limitée.
Ali Moustapha, conseiller technique au Réseau anti-corruption au Sahel, section du Tchad, souligne que « la société civile lutte activement, mais elle se heurte à de nombreux obstacles. »
Dans les marchés publics, les pots-de-vin sont monnaie courante. Routes et infrastructures restent inachevées. Le népotisme, le clientélisme et les examens truqués sont devenus la norme dans l’administration. Même au sein des familles, la corruption s’est insinuée, traduisant une banalisation inquiétante, décrit-il.
« Pour espérer en sortir, il faut une volonté politique forte, notamment du président Mahamat Idriss Déby Itno, ainsi qu’une mobilisation collective autour d’une justice indépendante, d’une gouvernance transparente et de sanctions claires», insiste le sociologue Mbété Félix.
Les conséquences sont lourdes: chômage, échec scolaire, fuite des cerveaux, tensions sociales, instabilité politique et surtout perte de confiance envers l’État. En 2024, le Tchad est classé 162e sur 180 pays selon le dernier classement de Transparency International. Si des efforts sont amorcés, le chemin reste long.
Des pays comme le Rwanda ou le Salvador prouvent qu’un changement est possible, mais à condition de frapper fort et de manière constante.
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