Africa-Press – Tchad. Au Tchad, la problématique des conflits intercommunautaires est depuis quelques mois au centre des préoccupations. Les derniers massacres qui ont endeuillé le pays ont notamment conduit à l’arrestation de l’ancien Premier ministre et opposant, Succès Masra, accusé d’avoir incité au massacre de Mandakao malgré ses dénégations. C’est dans ce contexte qu’OCHA vient de rendre public ses statistiques sur le sujet.
Si le nombre d’incidents intercommunautaires ou intracommunautaires n’a pratiquement pas varié si on compare les 1er semestre de 2024, où il en a comptabilisé 25, contre 26 au 1er semestre de 2025, il en va autrement du nombre de victimes qui est passé de 111 pour le 1er semestre de l’année passée, contre 136 cette année. Ces chiffres, communiqués par OCHA, le Bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires au Tchad, montrent que ces violences, recensées depuis des dizaines d’années, perdurent.
Au Tchad, ces violences inquiètent fortement aujourd’hui, d’autant que la plupart des victimes de cette année – 85 personnes – ont été recensées entre le 14 mai et le 10 juin derniers, selon le rapport de OCHA.
Pour Remadji Hoinaty, chercheur ISS sur l’Afrique centrale, au moins deux raisons explique cette augmentation du nombre de victimes. « On sent en fait une montée de l’utilisation régulière des armes de guerre. Ça fait donc moins de conflits. On sent aussi une sorte de vide sécuritaire », précise-t-il. Les autorités arrivent toujours après pour compter les morts comme les médecins, regrette ce chercheur.
« On n’arrive pas à construire une paix durable »
Le sociologue Gondeu Ladiba est d’accord avec lui. Jusqu’ici, dit-il, le gouvernement n’a pas appliqué de solutions de fond. « Souvent comme moyen de résolution, on donne de l’argent aux communautés, donc on achète un peu la paix. Et donc ça fait qu’on n’arrive pas à construire une paix durable. Au contraire, ça peut donner une incitation à plus de violence », explique Gondeu Ladiba. Le sociologue accuse également certains responsables locaux d’attiser ces conflits qui opposent souvent agriculteurs et éleveurs.
Réaction de Gassim Cherif, le porte-parole du gouvernement: ces confits ne datent d’aujourd’hui et sont plus complexes que cela, avant d’assurer que, cette fois, le gouvernement a décidé de prendre ce problème à bras-le-corps. « Il y a parfois des comportements qu’il faut revoir, c’est vrai, au niveau des sous-préfets, des préfets, des autorités administratives et sécuritaires. Nous sommes en train de travailler là-dessus et dans les semaines à venir, on va relever tous les chefs de poste, les autorités administratives qui sont incompétents, qui ont échoué dans leur mission », affirme-t-il.
Et Gassim Cherif tente de rassurer. « Ce genre de conflit ne se règle pas par la force, nous sommes en train de faire un travail de fond », a-t-il assuré.
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