CAN 2022 : 5 choses à retenir du premier tour

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CAN 2022 : 5 choses à retenir du premier tour
CAN 2022 : 5 choses à retenir du premier tour

Africa-Press – Tchad. 1. Des gardiens galactiques

Je me souviens des années 1980, lorsque la croyance était assez répandue que le poste de gardien de but n’était pas fait pour les joueurs d’origine africaine. Tenue comme acquise par beaucoup de passionnés de football, cette conviction puisait sa source dans le constat de l’absence presque totale de gardiens de couleur dans les championnats européens. L’origine de ce préjugé a une histoire, celle de la disgrâce injuste de Moacir Barbosa Nascimento, le gardien de l’équipe du Brésil à la Coupe du monde de 1950. Son titre de meilleur gardien de la compétition ne l’a pas empêché d’être honni par nombre de ses compatriotes, qui lui reprochaient d’avoir encaissé le but de la défaite en finale à domicile contre l’Uruguay. Le Sierra-Léonais Mohamed Nbalie Kamara, surnommé Fabianski, par son activité lors de ce premier tour, ainsi que le Sénégalais Édouard Mendy, auréolé de son titre de meilleur gardien au monde Fifa pour l’année 2021, ont cloué le bec aux théoriciens de comptoir.

2. Stades en îlots

La fréquentation des stades de la CAN est indigne d’une compétition continentale de ce niveau. À part le match d’ouverture Burkina Faso-Cameroun, qui a fait le plein, les autres rencontres sont boudées par le public. Certes doit jouer la méfiance d’une partie de la population camerounaise vis-à-vis du vaccin. Celle-ci n’hésite pas à véhiculer la thèse complotiste que le vaccin a été envoyé par les pays occidentaux pour tuer les Africains. Tout comme le prix des tests PCR ou le parcours vaccinal complet à montrer pour accéder au stade, dans un pays où la population ne serait vaccinée qu’à 6 %. Cependant, le principal problème, rarement évoqué, est la mobilité et son corollaire, l’expérience du spectateur. Un stade peut-être le plus beau de la planète foot, si l’état des routes pour l’atteindre est désastreux, si la circulation ne garantit pas à des dizaines de milliers de spectateurs de circuler facilement pour le rejoindre, il met à mal l’engouement des spectateurs, qui préféreront, même avec la permission de sortie du travail et de l’école à 14 heures, le confort de la télévision à l’enfer des embouteillages. À l’heure où la CAF a pris la décision historique de dépayser des rencontres de Douala à Yaoundé, il est temps de se poser, pour les futures CAN, la question des problématiques d’urbanisme liées à l’inscription du stade dans la vie de la cité.

3. Une CAN sans handicap

Les instances du football africain ont été vouées aux gémonies pour avoir augmenté, en 2019, le nombre des équipes participantes de 16 à 24. « Quel public pour assister à des rencontres entre petites équipes ? » ; « Les petites équipes vont dégrader le niveau de la compétition ! Elles vont détériorer la valorisation de la compétition », s’étaient dit certains. Souffrez, esprits chagrins, de voir vos pronostics battus en brèche : Sierra Leone, Cap-Vert, Gambie, Comores et Guinée équatoriale ont tenu le choc et souvent fait jeu égal avec les grandes nations du football continental. Les contempteurs de cette formule auront toujours la faculté d’avancer le manque de préparation, la qualité des terrains équivalente pour les deux équipes, etc. Et si on acceptait que le niveau de ces « petites » nations a tout simplement augmenté ?

4. L’Afrique enfin en résistance

Mon ami Pape Diouf n’est malheureusement plus là pour le voir. Il aurait été heureux de constater que 16 des 24 sélectionneurs à la CAN au Cameroun sont des locaux. Le football africain serait-il enfin sorti de son complexe qui barrait la route aux talents des pays ? Florent Ibenge, 3e de la CAN 2015 et vainqueur du CHAN en 2016, a participé à briser le plafond de verre. La résistance du football africain face aux manœuvres des clubs européens et aux recommandations appuyées de la Fifa et de l’UEFA pour un nouveau report démontre que le statut du continent change, et c’est tant mieux. Alors, à quand un entraîneur africain à la tête d’un grand club européen ?

5. Eto’o président

Dans un contexte très difficile, le nouveau président de la Fecafoot s’est montré habile tacticien, fin politique et homme avisé. Il a préféré rester dans le vestiaire lors de la cérémonie d’ouverture pour éviter que sa popularité ne fasse de l’ombre aux plus hautes personnalités présentes dans le stade. Il a affirmé avec un calme et une grande détermination sur les antennes de Canal+ son incompréhension devant les demandes de report, alors que l’Euro itinérant avait été maintenu dans un contexte sanitaire et une situation épidémique catastrophiques et dangereux pour la santé tant des joueurs que du public. Seul l’avenir nous dira s’il a la stature d’un grand président. Pour l’heure, le costume lui va comme un gant.

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