Analyse du contenu d’estomac d’un sauropode géant

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Analyse du contenu d'estomac d'un sauropode géant
Analyse du contenu d'estomac d'un sauropode géant

Africa-Press – Tchad. Le squelette gisait à plat ventre, avec ses vertèbres cervicales étirées. Sous ses côtes, une couche de roche inhabituelle a attiré l’attention des paléontologues. En l’examinant, ils ont découvert les restes fossilisés d’un repas de sauropode, une première mondiale. Ce dinosaure, baptisé Diamantinasaurus matildae, est mort en Australie il y a environ 95 millions d’années. À l’endroit où devait se trouver son abdomen a été mis au jour une masse pétrifiée contenant des traces de plantes et de fruits fossilisés. Ce cololithe (le nom technique des contenus digestifs fossilisés) est le tout premier jamais identifié avec certitude, de quoi mieux comprendre l’alimentation de ces géants.

Un croqueur à tout va

Le dinosaure en question est un sub-adulte mesurant environ 11 mètres de longueur. Il appartient au groupe des macronariens, une lignée de sauropodes au museau arrondi, au cou allongé et muni de dents relativement massives. La couche contenant le cololithe, épaisse d’une dizaine de centimètres, renfermait des restes végétaux attribués à des conifères, des fougères à graines ainsi que des feuilles d’angiospermes, les plantes à fleurs. Des biomarqueurs chimiques issus de ces deux grands groupes végétaux ont également été détectés, notamment le lupane, une molécule caractéristique contenue dans les fruits et les légumes.

Cette découverte montre que ce jeune sauropode se nourrissait de façon opportuniste, gobant à peu près tous les végétaux qui étaient à sa portée. Le contenu stomachal se compose principalement de nombreux fragments d’une dizaine de centimètres avec des extrémités tordues, ce qui suggère qu’ils ont été avalés sans mastication. « Les végétaux ont été sectionnés, mais pas mâchés », résume à Sciences et Avenir Stephen Poropat, auteur principal de l’étude publiée dans la revue Current Biology. Cela conforte l’idée que les sauropodes n’avaient pas vraiment besoin de pré-digérer leur pitance en la mâchant, ils comptaient plus vraisemblablement sur les bactéries du microbiote pour faire le boulot.

De même, aucune trace de gastrolithes n’a été retrouvée dans l’abdomen du dinosaure. Ces pierres de gésier, présentes chez de nombreuses espèces de théropodes et chez les oiseaux modernes, n’étaient probablement pas utilisées par Diamantinasaurus. « Parmi les macronariens, seul un spécimen semble présenter des gastrolithes, mais leur masse est dérisoire par rapport à celle de l’animal », explique le paléontologue. « Il est probable que ce groupe se soit appuyé uniquement sur la fermentation microbienne, sans recourir à un broyage mécanique ». Toutefois, cette appréciation repose sur un unique cololithe. Pour en savoir plus, les chercheurs espèrent en trouver d’autres, « mais compte tenu de la rareté des cololithes de sauropodes, l’attente pourrait être longue ! Une solution beaucoup plus réalisable pourrait être de poursuivre les études isotopiques des dents des sauropodes, ce qui permettrait au moins de mieux comprendre les grands groupes de plantes consommés par une plus grande variété de sauropodes », poursuit-il.

Adaptation rapide aux nouvelles plantes à fleurs

Au-delà de la diversité végétale, c’est la présence de plantes à fleurs qui a surpris les chercheurs. Ces plantes, encore rares au début du Crétacé, deviennent plus communes en Australie autour de 100 à 95 millions d’années, ce qui est justement l’âge du Diamantinasaurus étudié. « Cela suggère que ces sauropodes avaient déjà intégré les plantes à fleurs à leur régime alimentaire, moins de 40 millions d’années après leur apparition », souligne Stephen Poropat. Une preuve supplémentaire de leur flexibilité alimentaire, qui pourrait expliquer en partie leur longévité évolutive.

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