Application Des Normes De Construction Et Position Sociale

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Application Des Normes De Construction Et Position Sociale
Application Des Normes De Construction Et Position Sociale

Africa-Press – Tchad. Le constat est alarmant: l’application des normes de construction fait souvent défaut, notamment dans des contextes marqués par de fortes inégalités sociales. Les dispositions légales, bien qu’existantes, semblent régulièrement contournées, ouvrant ainsi la voie à des pratiques abusives où chacun construit sans égard pour son voisinage.

Selon le juriste Moretchi Gabriel Diglet, certains individus ou entreprises, parfois en position privilégiée, s’arrogent le droit d’interpréter la loi à leur guise, piétinant ainsi les droits des plus vulnérables.

« La question de la conformité des bâtiments aux normes de construction est au cœur des préoccupations juridiques et sociales. La loi n°004/PR/2010 relative à la construction et aux principes fondamentaux en la matière impose que chaque ouvrage soit réalisé dans le respect des normes établies. L’article 22 de cette loi précise que les voies d’accès, les issues de secours ainsi que les ouvertures telles que les fenêtres et les portes doivent répondre aux standards requis. Il ne s’agit pas seulement d’une exigence technique, mais d’une nécessité de sécurité pour tous les occupants », fait savoir le juriste.

Ce phénomène est d’autant plus préoccupant que ce sont souvent les populations les plus démunies qui subissent les conséquences de ces irrégularités. Les classes moyennes, disposant d’un certain pouvoir économique, peuvent parfois imposer des constructions nuisant à la qualité de vie des voisins moins fortunés. Les conflits de voisinage, notamment autour de l’ouverture de fenêtres sur des propriétés adjacentes, en sont une triste illustration. Le principe du « bon père de famille », censé garantir respect et considération mutuels, est trop souvent ignoré.

Le juriste souligne également que la loi prévoit des sanctions en cas de non-respect des normes, mais leur application reste problématique.« Dans un système où les plus influents parviennent à contourner les sanctions, la justice est fragilisée. Les victimes, souvent les plus démunies, se retrouvent condamnées à vivre dans des conditions précaires, aggravant un cycle de pauvreté et d’injustice », ajoute-t-il.

Pour l’ingénieur géotechnicien, Dr Youdjari Djonkamla, l’absence d’un Plan local d’Urbanisme (PLU) au Tchad explique en grande partie l’anarchie observée dans les constructions.

« Dans les pays bien organisés, aucun projet de construction ne peut démarrer sans un permis de construire. Ce document permet aux autorités compétentes de vérifier que le projet respecte le PLU. À N’Djamena, à ma connaissance, il n’existe pas de PLU, ce qui explique le caractère anarchique des constructions », affirme-t-il.

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