Logement De Luxe Pour Familles Modestes À N’Djamena

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Logement De Luxe Pour Familles Modestes À N'Djamena
Logement De Luxe Pour Familles Modestes À N'Djamena

Africa-Press – Tchad. À N’Djaména, les loyers grimpent sans contrôle, rendant le logement de plus en plus difficile d’accès pour les familles modestes. Sans cadre légal ni politique clair, beaucoup vivent dans la précarité, victimes d’un marché locatif sans régulation.

Dans la capitale tchadienne, la question du logement devient un véritable défi pour de nombreuses familles. Alors que les revenus stagnent ou diminuent, les loyers, eux, continuent de grimper. En l’absence d’un encadrement juridique clair et d’une politique nationale de logement, se loger dignement relève de plus en plus de l’exploit, voire du luxe, pour une large partie de la population.

À Ambassatna, Maïmouna, mère de trois enfants, vit avec sa famille dans une seule pièce. Le loyer, fixé à 35 000 francs CFA, représente près de la moitié du revenu mensuel de son époux, un débrouillard. La pièce est exiguë, sans ventilation ni toilettes privées. Pourtant, elle n’a d’autre choix que d’y rester.

« Chaque année, le propriétaire augmente le loyer sans explication. Mais que faire? Si on proteste, on nous demande de partir. Et aller où? », lâche-t-elle, visiblement épuisée par cette incertitude permanente.

Dans certains quartiers de la capitale où émergent les chambres avec la douche interne, l’accès est intenable. “Pour une chambre avec douche interne au quartier Habbena, la dame m’a taxé 55 000F”, témoigne un jeune, célibataire de son état. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Face à cette pression immobilière, les propriétaires avancent la hausse des coûts de construction pour justifier les augmentations. Abakar Hassan, bailleur, témoigne: « Le prix du ciment, du fer et des tôles a explosé. Ce que je gagnais avec un appartement il y a cinq ans ne couvre même plus les frais d’entretien aujourd’hui. » Pourtant, il reconnaît qu’aucune norme officielle ne limite les loyers. Ce vide juridique rend la situation des locataires particulièrement vulnérable.

Selon Noudjiasde Marius, juriste, le Code civil français de 1958, toujours en vigueur au Tchad, encadre le bail à usage d’habitation mais ne fixe aucun plafond ni critère de régulation des loyers. « Le montant du loyer dépend uniquement de la volonté des parties lors de la signature du contrat. Aucun mécanisme légal n’empêche un propriétaire d’augmenter le loyer à sa guise. »

De plus, souligne-t-il, « la plupart des contrats sont informels, souvent verbaux, ce qui prive les locataires de toute preuve en cas de litige ». Les expulsions extrajudiciaires, bien que contraires à la loi, restent fréquentes, faute de structures dédiées à la médiation ou à la défense des locataires.

Pour le juriste, seule une politique publique ambitieuse, incluant la construction de logements sociaux et la mise en place d’un cadre réglementaire clair sur les baux, pourrait inverser cette tendance. Sans cela, les familles modestes continueront de vivre dans l’angoisse, face à des loyers qui grimpent sans contrôle et à des expulsions sans recours.

Le logement à N’Djaména n’est plus seulement une nécessité, c’est devenu un défi quotidien pour beaucoup. Sans intervention claire et politique publique ambitieuse, la précarité et l’exclusion risquent de s’aggraver, laissant les plus vulnérables sans autre choix que de s’adapter à une réalité injuste.

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