NASH : la maladie du foie gras favoriserait l’émergence de la démence et la dépression

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NASH : la maladie du foie gras favoriserait l’émergence de la démence et la dépression
NASH : la maladie du foie gras favoriserait l’émergence de la démence et la dépression

Africa-Press – Tchad. La maladie du foie gras, aussi appelée “NASH” ou stéatose hépatique, peut conduire à des troubles cérébraux comme la démence ou la dépression, conclut une étude française sur la souris. Ces retentissements neurologiques semblent dus à une moins bonne oxygénation du cerveau. Des conclusions qui ouvrent la voie à de nouvelles stratégies de prévention pour une maladie qui touche 8 millions de Français.

Une protéine liant la santé du foie et celle du cerveau

“La stéatose hépatique pourrait entraîner l’émergence de la dépression ou accélérer l’apparition de démence”, explique le Pr Luc Pellerin, qui a dirigé ces travaux publiés dans la revue Journal of Hepatology. Des résultats qui l’ont “particulièrement surpris”, alors qu’avec son équipe il s’intéressait à l’origine à l’utilisation du lactate, une source d’énergie dérivée du glucose, par le cerveau. Un sujet qui semble très éloigné de la maladie du foie gras non due à l’alcool, et qui a pourtant un lien direct sous la forme d’une protéine appelée MCT1.

Utilisée dans le cerveau et le foie pour transporter le lactate entre les cellules qui le produisent et celles qui l’utilisent, MCT1 a attiré l’attention des chercheurs dans de précédents travaux. Chez des souris génétiquement modifiées pour posséder moitié moins de MCT1, ils observent un effet surprenant. “Ces souris résistaient au développement de l’obésité lorsqu’elles étaient exposées à un régime riche en graisses et en sucres, résume Luc Pellerin. Notre nouvelle étude a révélé que ces souris étaient entièrement protégées contre la stéatose hépatique mais aussi des symptômes neurologiques associés comme l’anxiété ou la dépression”, poursuit-il. Or, si le lien entre obésité et maladie du foie gras est connu depuis longtemps – 80% des personnes en situation d’obésité développent une NASH -, ce n’était pas le cas du lien entre maladie du foie gras et troubles neurologiques. “Ce lien avait été suggéré, mais il n’existait pas de modèle permettant de le montrer et d’en étudier les mécanismes”, ajoute le chercheur.

La maladie du foie gras semble réduire l’oxygénation cérébrale

Or, dans ces nouveaux travaux, les souris qui développaient une stéatose hépatique ont clairement montré des signes d’anxiété et de dépression, contrairement à celles qui possédaient moitié moins de MCT1. Ces effets cérébraux de l’accumulation des graisses dans le foie sont visibles dans le cerveau des souris. “Nous avons observé une réduction de l’oxygène fourni au cerveau”, relate Luc Pellerin. Poussant leurs investigations, les chercheurs mesurent le nombre et le diamètre des vaisseaux sanguins cérébraux, et constatent que l’un comme l’autre sont diminués. “Nous avons également constaté une inflammation qui pourrait contribuer à diminuer l’oxygène disponible pour le bon fonctionnement du cerveau”, ajoute-t-il. Ces modifications sont loin d’être anodines. “Ce sont des phénomènes qu’on observe dans les stades très précoces dans la démence et les maladies neurodégénaratives type Alzheimer, mais aussi de la dépression.”

Ces nouvelles découvertes mettent en lumière un axe foie-cerveau tout à fait nouveau, affirme Luc Pellerin, et dont les mécanismes précis restent inconnus. “On sait que lors d’une insuffisance hépatique, le foie libère de l’ammonium qui a des effets toxiques connus au niveau cérébral. Ceci participe à ce qu’on appelle une encéphalopathie d’origine hépatique”, explique le chercheur. “Mais l’accumulation de graisses n’a à première vue pas d’effet toxique sur le foie au stade précoce de stéatose hépatique et a pourtant des effets néfastes sur le cerveau. C’est entièrement nouveau.”

Des symptômes neurologiques de la maladie du foie gras

La maladie du foie gras peut rester latente pendant des années sans jamais progresser vers le stade de stéatohépatite, puis cirrhose ou, dans les cas les plus graves, cancer du foie. De nombreuses personnes en sont donc porteuses sans le savoir. Si au stade de stéatose hépatique la maladie est asymptomatique, il n’est pourtant pas sans conséquence si l’on en croit ces nouveaux travaux. “Cela suggère que ces patients pourraient être susceptibles de voir l’émergence des symptômes neurologiques dans le futur sans alerte préalable”, appuie Luc Pellerin, qui dit vouloir appeler à la prévention. Si la meilleure stratégie reste une bonne alimentation et hygiène de vie, des stratégies thérapeutiques pourraient dans certains cas être imaginées en ciblant la protéine MCT1, dont l’absence partielle semble conférer une protection chez la souris. Mais le chemin est encore long. “Au niveau hépatique, on sait que l’utilisation de lactate semble faciliter le stockage des graisses lorsque celles-ci sont présentes en abondance. Une substance pharmacologique permettant de réduire cet usage du lactate dans le foie pourrait représenter une approche thérapeutique potentielle qu’il faudra tester dans de futurs travaux”, conclut le chercheur.

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