Africa-Press – Tchad. Les humains possèdent dans leur ADN des séquences inutilisées similaires à celles qui permettent aux animaux hibernants de modifier leur métabolisme. Activées à bon escient, ces séquences pourraient permettre de lutter contre de nombreuses maladies métaboliques ou neurodégénératives comme l’obésité ou Alzheimer, et même contre le vieillissement, avance une nouvelle étude publiée dans la revue Science.
L’hibernation implique de pouvoir modifier son métabolisme
« Nous avons identifié 10.251 séquences courtes dans le génome humain susceptibles de réguler les processus associés à l’hibernation des mammifères », commente auprès de Sciences et Avenir Elliott Ferris, bioinformaticien à l’hôpital de l’Université de l’Utah (Etats-Unis) et premier auteur de ces travaux. Si nous n’hibernons pas, ce serait non pas parce que notre ADN ne possède plus les gènes nécessaires, mais parce que les séquences qui en régulent l’activité à la manière d’interrupteurs les maintiennent dormantes.
« Si nous pouvions réguler nos gènes un peu plus comme les animaux hibernants, nous pourrions peut-être vaincre le diabète de type 2 de la même manière qu’un animal hibernant revient de son hibernation à un état métabolique normal », commente Elliott Ferris. Les animaux hibernants ont en effet la capacité de modifier profondément leur métabolisme et leur physiologie en gagnant jusqu’à 50% de masse corporelle avant l’hiver, puis en consommant lentement ces réserves, notamment grâce à un mécanisme de résistance à l’insuline.
Pour en savoir plus, l’équipe observe l’activation des gènes de souris lorsqu’elles entrent dans un état de torpeur provoqué par le jeûne, puis lorsqu’elles sont nourries à nouveau. « La torpeur est liée à l’hibernation dans la mesure où la température corporelle diminue et le métabolisme ralentit – il s’agit probablement d’un trait intermédiaire entre l’hibernation et l’homéothermie (comme chez les humains, ndlr) », explique le bio-informaticien.
Les scientifiques comparent ensuite les zones concernées par ces modulations génétiques aux régions dont ils ont identifié qu’elles étaient non seulement conservées chez la plupart des mammifères, mais dont l’évolution avait été accélérée ceux qui hibernent. « Si une région ne change pas beaucoup d’une espèce à l’autre pendant plus de 100 millions d’années, mais qu’elle change ensuite rapidement et de manière spectaculaire chez deux mammifères hibernants, alors nous pensons que cela nous indique quelque chose d’important pour l’hibernation en particulier », raisonne Elliott Ferris.
Des gènes régulateurs de l’hibernation potentiellement actionnables chez l’humain
Impressionnés, les chercheurs observent chez les souris en état de torpeur que ces modulations de l’activité génétique permettent l’arrêt des processus de neurodégénération dans l’hypothalamus – zone du cerveau régulatrice du métabolisme, de l’alimentation, de la thermogenèse et de la torpeur. « Nous avons constaté des changements dans l’expression des gènes hypothalamiques. Ces changements étaient particulièrement prononcés pendant la réalimentation », révèle Elliott Ferris. Les plus de 10 000 séquences correspondantes identifiées dans le génome humain régulent les gènes ayant un impact sur la résistance à l’insuline, l’adiposité et les maladies neurodégénératives, ajoute le chercheur. Ces interrupteurs capables d’actionner ces capacités cachées dans notre ADN pourraient donc être des cibles pour de futurs traitements spécifiques à ces séquences.
Celles-ci pourraient constituer des cibles précieuses pour modifier l’expression des gènes humains de manière à traiter des maladies allant du diabète de type 2 et de l’obésité à l’atrophie musculaire et à la neurodégénérescence.
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