Africa-Press – Togo. Chaque année, 1,7 million de tonnes de yaourts et de laits fermentés sont consommées en France. Ainsi, dans les supermarchés ce rayon de produits frais est devenu aussi incontournable que celui des fruits et légumes. Cependant, contrairement à ces derniers, ces spécialités laitières ne sont pas toutes irréprochables du point de vue de la qualité nutritionnelle. Démonstration en 5 exemples, grâce aux données récoltées par l’association Open Food Facts. (Sur la méthodologie de cet article, la conception originale des graphiques par Sciences et Avenir et leur lecture, voir l’encadré en fin d’article).
1 – Les yaourts à la fraise très populaires mais pas à la hauteur de ce succès
Parmi les yaourts les plus achetés en France, figurent les yaourts aux fruits ou aromatisés, notamment ceux à la fraise. Un examen rapide des données disponibles sur Open Food Facts révèle un contraste frappant entre l’image flatteuse véhiculée dans les publicités télévisées et la réalité de ces yaourts populaires.
Sur les 220 produits répertoriés dans la base de données en libre accès, seuls 11 ont un Nutri-score A, tandis que 118 ont un Nutri-score C, D ou E. Certains contiennent plus de 10% de sucres ajoutés dans leur composition, et beaucoup sont riches en additifs, un yaourt en a même 8 dans la liste de ses ingrédients. Les yaourts ayant un meilleur Nutri-score ne sont pas épargnés. Sur les 11 yaourts classés A, trois d’entre eux ont plus de cinq additifs signalés sur leur étiquette nutritionnelle.
Découvrez ci-dessous le graphique consacré aux yaourts à la fraise (cliquez dessus pour agrandir l’image).
Crédits: Open Food Facts / Sciences et Avenir
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Des fruits en quantité très limitée dans les yaourts
En 2017, le magazine 60 Millions de Consommateurs a mené des tests sur les yaourts à la fraise. Pour ceux contenant des fruits, la quantité de fruits utilisée était souvent minime, équivalant à environ une demi-fraise pour un pot de 125 grammes, soit jamais plus de 6 % des ingrédients du yaourt. La situation n’était guère meilleure pour les yaourts aux fruits entiers, avec une teneur maximale plafonnant à 8,6 %. De plus, cette enquête a relevé que les arômes utilisés dans les yaourts aromatisés n’étaient pas toujours naturels.
2 – Des yaourts à boire, à consommer avec modération
Les yaourts sont également très appréciés des enfants. Entre l’âge de 3 et 11 ans, 94 % d’entre eux en consomment très régulièrement. C’est pourquoi toute une gamme de ces spécialités laitières a été imaginée pour cette tranche d’âge, notamment les yaourts à boire. Néanmoins, même si ces yaourts liquides ont des emballages conçus pour plaire aux plus jeunes (dessins, personnages, couleurs chatoyantes, etc.), la composition nutritionnelle n’a pas toujours été pensée avec le même soin par les fabricants. Sur plus de 500 produits proposés à la vente et répertoriés par Open Food Facts, seuls 7 ont un Nutri-score A. Cependant, le plus impressionnant est que plus de 300 d’entre eux obtiennent un Nutri-score E, pour la plupart à cause d’une teneur en sucre très élevée, un comble pour des yaourts très souvent donnés aux enfants.
Découvrez ci-dessous le graphique consacré aux yaourts à boire (cliquez dessus pour agrandir l’image).
Crédits: Open Food Facts / Sciences et Avenir
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Qu’est-ce qu’un « yaourt » ou « yoghourt » ?
Ces termes sont définis par un décret, dont l’article 2 précise que cette appellation « désigne le lait fermenté obtenu par le développement exclusif des bactéries lactiques thermophiles spécifiques, telles que Lactobacillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus. Ces bactéries doivent être ensemencées simultanément et se trouver vivantes dans le produit fini, à raison d’au moins 10 millions de bactéries par gramme rapportées à la partie lactée ».
Ainsi, si le fabricant ajoute d’autres ingrédients comme de la crème fraîche, ou des épaississants, le produit laitier prendra le nom « spécialité laitière ».
3 – Les allégations de santé sur les yaourts: une réalité trompeuse ?
Malgré la véracité de certaines allégations de santé inscrites sur les pots de yaourts, celles-ci masquent souvent une qualité nutritionnelle finalement médiocre. Par exemple, les yaourts au bifidus, vantés pour leur impact positif sur le microbiote intestinal, peuvent en réalité contenir une multitude d’additifs.
Une analyse des listes d’ingrédients de ces yaourts révèle, pour une vingtaine d’entre eux, la présence de carraghénanes (E407), un additif controversé. Une étude épidémiologique française a en effet montré que les femmes consommant davantage de cet émulsifiant présentaient un risque accru de développer un cancer du sein. Or ce sont souvent les femmes qui optent pour ce type de produits laitiers.
Même si des études expérimentales sont en cours pour vérifier ces données épidémiologiques, il semble contradictoire d’inclure dans un même produit des bactéries censées protéger notre microbiote et des émulsifiants dont on commence à soupçonner qu’ils jouent un rôle dans l’inflammation de la paroi intestinale.
Découvrez ci-dessous le graphique consacré aux yaourts au bifidus (cliquez dessus pour agrandir l’image).
Crédits: Open Food Facts / Sciences et Avenir
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Lire aussiE407a, E407, E471: des additifs alimentaires pointés du doigt par une étude épidémiologique
4 – Trop de sucres ajoutés dans les yaourts natures sucrés par les fabricants
A ce stade de l’analyse des données de la base Open Food Facts, une conclusion s’impose: avant d’acheter un yaourt, une lecture attentive des étiquettes est essentielle, surtout pour une consommation régulière.
Opter pour les yaourts nature peut sembler être le choix le plus simple, mais même là, les choses ne sont pas toujours évidentes. Les yaourts nature sucrés, par exemple, contiennent en moyenne environ 10% de sucre, soit 12,5 g pour un pot de yaourt classique.
Or, l’Organisation mondiale de la santé recommande une quantité maximale de 25 g de sucre par jour, équivalant à environ 6 cuillerées à café. En consommant un yaourt sucré industriellement, on atteint déjà la moitié de cette limite journalière recommandée.
Découvrez ci-dessous le graphique consacré aux yaourts natures sucrés (cliquez dessus pour agrandir l’image).
Crédits: Open Food Facts / Sciences et Avenir
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5 – Pour le quotidien c’est le yaourt nature qu’il faut mettre dans son caddie
Alors, quel yaourt devrait-on privilégier pour une consommation régulière ou quotidienne ? Les yaourts nature ! Plus de 300 d’entre eux, selon la base Open Food Facts, obtiennent un Nutri-score A.
Certes, certains décrochent un Nutri-score C en raison de leur teneur élevée en acides gras saturés, comme c’est le cas des yaourts grecs, mais ce n’est pas la majorité. Le choix optimal reste le yaourt nature, composé simplement de trois ingrédients: du lait, de la poudre de lait et des ferments lactiques. Dommage qu’il ne représente que 10,6 % des achats de desserts lactés en France !
Découvrez ci-dessous le graphique consacré aux yaourts à la fraise (cliquez dessus pour agrandir l’image).
Crédits: Open Food Facts / Sciences et Avenir
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Quelle quantité de produits laitiers consommer par jour ?
Le PNNS (Programme national nutrition santé) recommande de consommer trois portions par jour pendant l’enfance et l’adolescence, et deux à l’âge adulte. Une portion équivaut à 150ml de lait, 125g de yaourt ou 30g de fromage.
Attention, par produits laitiers on entend le lait, les fromages et les yaourts. La crème fraîche et le beurre, bien qu’issus du lait, sont riches en matières grasses et pauvres en calcium, ils ne sont donc pas considérés comme des produits laitiers.
De même, les desserts lactés (comme les crèmes desserts et les flans), qui contiennent souvent trop peu de lait et de calcium et sont la plupart du temps très sucrés, ne sont pas comptés eux aussi comme des produits laitiers.
Comment lire ces graphiques ?
Ils sont élaborés à partir des données de la base en libre accès Open Food Facts. Chaque point sur le graphique représente au moins un type de yaourt répertorié dans cette base et vendu en France.
Sur l’axe horizontal, les chiffres correspondent au score attribué au yaourt selon l’algorithme du Nutri-score. Un point vert indique un Nutri-score A, jaune pour B, orange pour C, rose pour D et rouge pour E. Le Nutri-score permet aux consommateurs de comparer la qualité nutritionnelle des produits alimentaires de la même catégorie. Les denrées au Nutri-score A ou B sont celles qui ont le profil nutritionnel le meilleur (ni trop grasses, ni trop salées, ni trop sucrées, ni trop caloriques). Les produits moins bien notés ont graduellement un Nutri-score C,D,E. Il ne faut pas s’interdire de les acheter mais en petite quantité et de temps en temps.
Sur l’axe vertical, selon la famille des yaourts, l’information est différente: soit c’est la quantité de sucre ou d’acides gras saturés pour 100g de yaourt, ou le nombre d’additifs indiqué par le fabriquant sur la liste des ingrédients.
En ce qui concerne le nombre d’additifs, un total supérieur à cinq peut indiquer que le calcul correspond à plusieurs yaourts vendus ensemble, mais de saveurs différentes. Dans ce cas, une personne consommant le pack entier est exposée à tous les additifs, tandis que le partage du pack réduit l’exposition.
Pour accéder au tableau dynamique qui fait apparaître le nom et la marque des yaourts, il faut cliquer sur le lien en dessous du tableau.
Avertissement: les données recueillies dans la base Open Food Facts sont principalement fournies par des bénévoles et quelques points sur les graphiques correspondent à des produits qui n’auraient pas dû apparaître sur le tableau. Par exemple des petits suisses qui ont été notés comme des yaourts. Nous en avons tenu compte.
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