Togo: RN24 et Rue des Femmes Abandonnées à Dapaong

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Togo: RN24 et Rue des Femmes Abandonnées à Dapaong
Togo: RN24 et Rue des Femmes Abandonnées à Dapaong

Africa-Press – Togo. À Dapaong, la pénétrante de la RN24 et la rue des Femmes, en chantier depuis décembre 2023, sont à l’abandon depuis novembre dernier. Malgré un financement bouclé à plus de 2,2 milliards FCFA, l’entreprise ECI n’a reçu aucun paiement. Caniveaux béants, mares stagnantes, moustiques, accès coupés: le quotidien des riverains vire au calvaire, reflet d’un phénomène récurrent sur tout le territoire, où les plaintes populaires sont balayées d’un revers de main.

Le bitumage de la pénétrante de la RN24 et de la rue des Femmes, dans le quartier Konkouaré à Dapaong, devait changer le visage de cette zone. Montant du projet: 2 228 153 895 F CFA. Délai d’exécution: 8 mois. Lancement en grande pompe en décembre 2023.

Mais depuis novembre 2024, silence total. Les engins ont disparu, les travaux sont à l’arrêt. Raison: aucun décompte n’a été payé à l’entreprise ECI, malgré la disponibilité annoncée du financement.

La saison des pluies a transformé les caniveaux inachevés en véritables mares stagnantes. Les riverains pataugent dans la boue, les entrées des maisons sont obstruées, les moustiques prolifèrent.

Des passages de fortune, faits de planches ou de ferrailles tordues, tentent tant bien que mal de relier les deux côtés de la route, mais constituent un danger permanent, surtout pour les enfants.

« On nous a promis une route, on nous a laissé un piège », soupire un habitant.

Konkouaré n’est pas un cas isolé. De Lomé à Cinkassé, en passant par Sokodé, Kara ou Mango, le Togo est parsemé de chantiers abandonnés: routes, ponts, marchés, bâtiments administratifs. Tous lancés en fanfare, souvent avec un ministre ou un préfet en photo, tous oubliés aussitôt après les cérémonies. Les causes sont les mêmes: retards de paiement, malfaçons, conflits entre maîtres d’ouvrage et entreprises.

Le résultat, lui, est constant: gaspillage de fonds, découragement des populations et infrastructures à moitié construites qui finissent par se dégrader.

Le plus amer, pour les habitants, ce n’est pas seulement la route laissée en plan. C’est l’impression d’être ignorés. Le 27 juillet dernier, à Pya, alors que des Évala rendaient visite à Faure Gnassingbé, président du conseil, Pascal Bodjona déclarait: « Les chiens qui aboient ne font pas rugir le lion ».

Une phrase qui résonne douloureusement à Konkouaré, où les « aboiements » des riverains, traduits en pétitions et courriers, n’ont trouvé aucun écho.

Ce chantier, comme tant d’autres, interroge: pourquoi annoncer des projets si c’est pour les laisser mourir? Pourquoi exposer les populations à des risques sanitaires et sécuritaires, alors que les fonds sont censés être disponibles?

Le sentiment qui grandit, à Dapaong comme ailleurs, est celui d’une résignation forcée: la certitude que les autorités n’écoutent plus et que les habitants sont condamnés à survivre au milieu des ruines d’un développement promis.

François Bangane

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