Africa-Press – Togo. Il y a ce moment, trop familier, où l’on s’approche d’un artiste avec enthousiasme. On parle d’un projet, d’une vision, d’une belle collaboration. L’artiste écoute, s’ouvre, imagine. Il donne de son temps, de son énergie, souvent bien au-delà des mots échangés. Puis, parfois, plus rien. Un silence. Le projet ne voit pas le jour. Ou pire, il se fait sans lui. Sans reconnaissance. Sans retour.
Ce silence n’est pas anodin. Il pèse. L’artiste est un travailleur. Ce qu’il crée n’est pas un loisir, ni une décoration. C’est le fruit d’une recherche profonde, d’un engagement intérieur. L’artiste donne forme à ce que beaucoup n’osent dire. Il éclaire, interroge, réveille. Son travail est essentiel, même si souvent invisible dans l’instant. Et pourtant, on oublie que derrière chaque œuvre, il y a du temps, de l’écoute, du doute, de la discipline. On oublie que son art est un métier, que son temps a de la valeur, que son implication mérite du respect. Il ne s’agit pas de grands discours. Il s’agit de considération. Dire merci. Être clair. Tenir parole et surtout payer à temps. Reconnaître l’apport unique de l’artiste dans un projet, dans une société, dans une époque. L’art est un souffle vital pour l’humanité. Il traverse les siècles, porte les voix, fait mémoire. Il nous relie à ce que nous avons de plus sensible, de plus profond. Chaque artiste, à sa manière, contribue à cela. C’est inestimable.
Alors plutôt que d’imposer le silence, écoutons. Écoutons les artistes. Appuyons-les. Prenons soin de leur parole et de leur temps. C’est une forme de respect, mais aussi un choix de société. Et si nous décidions collectivement de ne plus les faire taire, même sans le vouloir?
Richard Laté Lawson-Body
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