Afrique : Ce panafricanisme frelaté là!

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Afrique : Ce panafricanisme frelaté là!
Afrique : Ce panafricanisme frelaté là!

Africa-Press – Togo. Les pères fondateurs et inventeurs du concept du panafricanisme avaient une idée claire et précise de ce qu’ils entendaient faire de ce concept. Il consistait à l’instar de la grande URSS, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, de former un grand ensemble, un bloc africain homogène capable d’affronter les grands défis dont fait face cette Afrique dont la plupart des pays surtout subsahariens venaient d’acquérir les indépendances au bout de nombreux sacrifices.

Voici d’ailleurs la définition que Wikipédia donne au mot panafricanisme: il est «à la fois une vision sociale, économique, culturelle et politique d’émancipation des Africains et un mouvement qui vise à unifier les Africains du continent et de la diaspora africaine en une communauté africaine mondiale. Le cœur de son principe consiste en la certitude que les peuples d’Afrique et de la diaspora partagent une histoire et une destinée commune et que leur progrès social, économique et politique est lié à leur unité. Son objectif ultime est la réalisation d’une organisation politique intégrée de toutes les nations et peuples d’Afrique».

C’est à ce propos d’ailleurs que, guidés par Kwamé N’krumah, les pères fondateurs ont créé l’OUA l’Organisation de l’Unité Africaine l’ancêtre de l’Union Africaine.

Il est certes vrai que dans cette lutte pour l‘autonomie du continent, il faut se départir des influences extérieures, avoir une indépendance monétaire mais surtout fédérer nos pays à l’instar de l’Union européenne pour en faire une puissance politique, économique et culturelle.

Aujourd’hui nous assistons à une autre forme de panafricanisme que je dirai frelaté pour la simple raison que les tenants ne cherchent pas d’abord à combattre le mal de l’intérieur, c’est-à-dire obliger nos gouvernants à s’unir pour constituer un bloc unitaire et solide parlant d’une même voix avant de se liguer contre les impérialistes néocolons. Leurs activités se résument à seulement vociférer sur les réseaux sociaux contre l’ancienne métropole la France qui est devenue leur tête de turc. Bien sûr que cette France-là, la France politique est nocive pour ses anciennes colonies et ses comportements en Centrafrique, au Mali, au Burkina, au Tchad et dans ses nombreuses ex colonies prouvent à suffisance qu’avec elle le continent ira à reculons et n’amorcera jamais son développement.

Comment peut-on se définir panafricains et dans le même temps adouber les présences russes, turques, chinoises et autres dont les objectifs restent aussi de piller notre continent et s’accaparer de nos ressources? L’Afrique n’est-elle pas et ne peut-elle pas utiliser ses immenses ressources à bon escient pour les mettre au service du développement du continent comme le fait si bien la Russie de Poutine par rapport à ses gigantesques ressources et réserves minières et gazières? Bien évidemment que les approches des nouveaux envahisseurs russes, turcs, chinois, indo-pakistanais sont différentes de celles des occidentaux car contrairement à ces derniers, les premiers font des échanges-services, construisent des infrastructures contre des biens et des minerais. Ils aident véritablement et sans arrières pensées dans la lutte contre le terrorisme en fournissant armes et renseignements puis en n’usant pas d’un double langage.

Nathalie Yamb, Kémi Seba, Franklin Nyamsi, Behanzin Ogountchi et d’autres qui tiennent aujourd’hui le lead de cette nouvelle forme de panafricanisme ont du mal à tracer le canevas, à définir les orientations pour qu’on sache réellement ce qu’ils veulent et où ils veulent amener ceux des Africains qui les suivent. D’ailleurs hormis Nyamsi qui est professeur d’université, qui enseigne en France et qui parle toujours des autres pays africains francophones de l’ouest sans jamais parler de son Cameroun natal, que font les trois autres pour vivre en menant cette vie oisive qui leur permet de voyager sur tous les continents, de dépenser à loisir?

Je ne suis pas contre eux, mais je remarque tout simplement que leur chemin est complètement différent de celui tracé par N’Krumah et ses pairs et plus récemment par le Capitaine Thomas Sankara. Leur lutte s’apparente à du populisme, tout faire pour se dresser les lauriers et tirer le drap vers eux et eux seuls, n’aimant aucune critique et aucune voix discordante. Les chantres du vrai panafricanisme avaient l’écoute, cherchaient toujours à fédérer, ne bannissaient pas les personnes qui étaient contre certaines de leurs visions. Il y avait un sens à leur lutte.

Ce que font aujourd’hui les nouveaux panafricanistes apportent de l’eau au moulin du très suffisant et condescendant Emmanuel Macron qui pense que cette jeunesse africaine est manipulée de l’extérieur au point de demander à ses Ambassadeurs accrédités dans nos pays et à de vils Africains félons de déconstruire un certain «narratif russe, turc et chinois».

La lutte pour la véritable souveraineté du continent doit être amorcée autrement en tenant compte des lignes tracées par ceux qui ont lutté et arraché les indépendances sur le continent. Pas par des populistes.

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