VTC : qui s’imposera comme le « Uber togolais » ?

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VTC : qui s’imposera comme le « Uber togolais » ?
VTC : qui s’imposera comme le « Uber togolais » ?

Africa-PressTogo. Avec Gozem, en 2018, et Vacom, lancée en octobre dernier, les sociétés de réservation de transport en ligne se diversifient. Mais sur un marché dominé par l’informel, elles ont encore fort à faire pour s’imposer.

C’est en novembre 2018 que les premiers taxis de « type Uber » – réservés par l’intermédiaire d’une application mobile – ont fait leur apparition à Lomé. Depuis Singapour, s’inspirant des marchés émergents d’Asie du Sud-Est (notamment des sociétés Gojek et Grab), trois entrepreneurs – Raphaël Dana, Emeka Ajene et Gregory Costamagna – créent la société Gozem, nom formé sur le mot « zémidjan », qui désigne les motos-taxis au Togo.

En pratique, l’utilisateur télécharge l’application Gozem sur son smartphone. Il peut alors commander une moto-taxi (la majorité des véhicules), un taxi-tricycle, un taxi-voiture avec ou sans climatisation, et fixer un trajet. Le prix – qui s’aligne sur ceux du marché – est fixé en fonction du trajet mais varie selon l’heure et le jour de la semaine.

Le chauffeur Gozem, qui travaille avec son propre véhicule, est rémunéré à hauteur de 80 % du prix total de la course. Il peut toucher des primes en fonction de l’heure ou s’il travaille pendant le week-end. Sur le modèle des conducteurs de Uber, il reçoit une note de ses clients, et inversement.

Livraison de courses et de repas

Depuis, la société s’est développée dans huit villes du Togo et du Bénin voisin. Dans les deux pays, depuis son lancement, Gozem s’est associée à plus de 4 000 conducteurs indépendants, et son application a été téléchargée par 600 000 utilisateurs. Au-delà du transport, elle se diversifie dans les services d’e-commerce et de livraison.

Après le lancement, en juillet 2020, de Gozem Shopping, qui permet de faire ses courses à distance, la société vient d’acquérir DeliVroum, première application de livraison de repas au Togo (avec 140 restaurants partenaires) et prévoit d’intégrer le service de restauration à emporter dans l’application, sur le modèle de Uber Eats.

Au cours des dix-huit prochains mois, Gozem compte par ailleurs s’implanter dans d’autres pays d’Afrique francophone subsaharienne, à commencer par le Cameroun, le Gabon et la RDC. Sur un marché jusqu’alors dominé par l’informel – où des particuliers s’improvisent chauffeurs et fixent le prix des courses de manière ­aléatoire –, Gozem a enclenché un mouvement de création de sociétés du même type.

Olé, Vacom : les nouveaux concurrents

La dernière en date, Vacom, une entreprise togolaise, a démarré ses activités le 1er octobre dernier sur le marché des transports. Selon son directeur, Kdjovi Kodjoakou, ses tarifs sont « moins élevés » pour le client. Et surtout plus rémunérateurs pour les chauffeurs, auxquels elle prend une commission de 15 % par course.

Mais la concurrence est plutôt venue d’Olé, une société lancée en 2019 par le groupe chinois Dayang Leopard. Spécialisée dans les motos-taxis, tout comme Gozem et Vacom, Olé fixe les prix du trajet selon un système de compteur, mais sans passer par une application. Et ses quelque 4 000 chauffeurs qui sillonnent les rues sont rarement en manque de clients. Olé forme chaque chauffeur, lui fournit une moto et s’occupe de l’entretien du véhicule. En contrepartie, le conducteur verse 2 000 F CFA (environ 3 euros) par jour à la société.

La direction de Gozem rétorque que Olé est plutôt « complémentaire » et ne constitue pas une rivale inquiétante, car, à ce stade, au Togo, « le marché est immense » et reste « dominé par l’informel ». Le modèle d’Olé a cependant fait des émules, et plusieurs compagnies de transport similaires sont apparues à Lomé dans le courant de 2020.

Gozem n’a pas eu le même succès de masse au Togo que celui qu’a pu connaître Uber lors de son démarrage dans certains pays industrialisés, comme en France. Sur les marchés togolais et béninois, son arrivée n’a en effet pas fortement cassé les prix du marché, ce qui vaut à Gozem la réputation d’avoir une clientèle aisée.

Casser les prix ne fait d’ailleurs pas partie des ambitions – ni des possibilités – de la société : « Nos tarifs s’alignent sur ceux du marché, et nous les ajustons régulièrement pour rester au niveau ou au-dessous. L’objectif de Gozem est d’offrir un service de qualité et plus sûr, au prix du marché », explique la direction.

Ce qui explique aussi que peu de chauffeurs indépendants se plaignent de la concurrence de Gozem. « Les gens ont l’habitude, ils nous voient et nous font signe, tout simplement », explique un conducteur de moto-taxi du secteur informel. Plus généralement, utiliser Gozem implique déjà de disposer d’un smartphone et de crédit internet – et aussi de savoir lire.

« Moi je n’utilise jamais de Gozem, et quand je sors et je prends une moto-taxi, il en existe déjà beaucoup. Je n’ai pas envie d’attendre pendant quinze minutes et de perdre des unités de mon crédit », argumente Brianna, Loméenne d’une trentaine d’années. Pour réduire le temps ­d’attente, Gozem dit miser sur le déploiement d’un plus grand nombre de chauffeurs.

Sur le créneau des taxis-voitures, certes moins utilisés car plus coûteux, le système de compteur de Gozem et de Vacom a tout de même chamboulé le marché. « J’ai senti leur arrivée, confirme un chauffeur indépendant. Chez Gozem, les prix sont fixes et, finalement, beaucoup de clients se sont tournés vers eux. Mais on s’adapte ! »

Gozem et Vacom peuvent également se démarquer par les aspects de qualité et de sécurité des prestations, grâce notamment au système de traçage GPS, plus fiable et rassurant, surtout pour les usagers qui voyagent de nuit.

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