Constitution toilettée à la hussarde ici, élections réussies là-bas: Togo – Sénégal, deux peuples, deux visions antithétiques de la démocratie!

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Constitution toilettée à la hussarde ici, élections réussies là-bas: Togo – Sénégal, deux peuples, deux visions antithétiques de la démocratie!
Constitution toilettée à la hussarde ici, élections réussies là-bas: Togo – Sénégal, deux peuples, deux visions antithétiques de la démocratie!

Africa-Press – Togo. La présidentielle sénégalaise, organisée le 24 mars 2024 a permis à l’opposant Bassirou Diomaye Faye de l’emporter largement dès le premier tour, avec 54,28 % des suffrages, loin devant le candidat du pouvoir, Amadou Ba (35,79 %). Témoin les résultats finaux provisoires annoncés trois jours après par le Président de la Commission nationale de recensement des votes.

La Commission nationale de recensement des votes, relevant de la justice, n’a fait que confirmer la tendance qui se dégageait le soir même de ce scrutin dont la participation a été de 61,30 %. Une victoire que confirmera à son tour le Conseil constitutionnel. Il y a quelques semaines, personne ne pouvait miser un kopeck sur ce vainqueur libéré le 14 mars en même temps que Ousmane Sonko disqualifié de la présidentielle par le Conseil constitutionnel en janvier.

Mais ce candidat choisi par défaut, désigné avec l’assentiment du principal challenger d’Amadou Ba, a su saisir le flambeau qu’on lui transmettait. Les résultats sont là, qui confirment sans ambages à quel point le Sénégal, qualifié à raison de modèle démocratique dans la sous-région, a encore tenu son rang.

Fini la crise politique

Le nouveau président s’engage « à gouverner avec humilité, dans la transparence, à combattre la corruption » à tous les niveaux. « En m’élisant Président de la République, le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture pour donner corps à l’immense espoir suscité par notre projet et pour donner corps à ses aspirations, je m’engage à gouverner avec humilité dans la transparence, à combattre la corruption à toutes les échelles, à me consacrer pleinement à la refondation des institutions et au renforcement des fondements de notre vivre-ensemble. J’ai une pensée pour les femmes et les jeunes, une partie importante des ressources de la nation sera mobilisée pour abréger leurs souffrances et leurs manques de perspectives », a-t-il déclaré le soir du lendemain des résultats provisoires. Chose réjouissante, le Président sortant n’a pas attendu les résultats définitifs pour féliciter « le vainqueur » de la présidentielle.

« Je salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et félicite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant », a écrit le 25 mars Macky Sall sur le réseau social X. Même son de cloche pour le candidat de la coalition présidentielle, Amadou Bâ, qui avait plus tôt dans la journée de lundi félicité le gagnant et candidat du parti dissous Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la /fraternité), « pour sa victoire dès le premier tour », « au regard des tendances des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle ».

Lors du conseil des ministres du 27 mars, le dernier de Macky Sall, celui-ci a demandé à l’ensemble de ses ministres de préparer les dossiers de passation de service. Le Premier ministre a aussi demandé à son gouvernement de s’organiser pour une bonne tenue de la célébration du 4 avril qui se fera sous la houlette du nouveau président. En prélude à la cérémonie de passation de service, Macky Sall a reçu le 29 mars son successeur. Une « rencontre empreinte de courtoisie au cours de laquelle les deux hommes ont discuté en profondeur des grands dossiers de l’État ainsi que de la cérémonie de prestation de serment et de passation de service», assurent les services de communication de la présidence. Le leader de Pastef-Les patriotes, Ousmane Sonko faisait lui aussi partie de la délégation du nouveau Président de la République.

On assiste au dénouement d’une pièce électorale qui s’annonçait plutôt tragique, mais qui aura finalement soulagé les Sénégalais dans leur majorité, eux qui ont connu des mois de tension à cause du report de dernière minute de la présidentielle par Macky Sall en février et le resserrement du calendrier avec la fixation de la nouvelle date du 24 mars. Cet achèvement comme on en voit rarement sur le continent, ne peut qu’être salué par tout amoureux de la démocratie, valeur que ne partagent pas bien des pays d’une Afrique occidentale qui a maille à partir avec le respect du verdict des urnes.

Pendant qu’il y avait au pays de la Teranga des scènes de liesse aussi bien dans la capitale que dans presque toutes les villes le lundi, il se jouait le même jour, à quelque 2216 km de Dakar une partition plutôt tragique aux dépens des Togolais qui eux, se sont réveillés groggy, en apprenant à leur corps défendant que leur pays le Togo est passé d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire. C’est l’issue de scrutin voté à bulletin secret à 89 voix pour, 1 contre et 1 abstention à l’Assemblée nationale. Désormais, l’exécutif est composé du Président de la République qui dispose de pouvoirs symboliques. Il est le garant de l’unité nationale et de la continuité de l’État. Il n’est plus élu par le peuple mais par le Parlement réuni en congrès pour un mandat unique de six ans. Ainsi, il n’y aura plus d’élection présidentielle au Togo. Cette modification tout sauf populaire inquiète tellement les citoyens, qu’elle est devenue le sujet phare de toutes les conversations. De quel droit une Assemblée dont le mandat a depuis pris fin prend unilatéralement une décision dont dépend l’avenir des Togolais ? Tout cela s’est fait malgré l’article 144 de la constitution qui dispose qu’« aucune procédure de révision ne peut-être engagée ou poursuivie en période d’intérim ou de vacance ou lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». On n’a pas eu à trop chercher. Ce nouveau coup de force, dont le régime Gnassingbé a le secret, perpétré aux alentours de minuit, ne vise de fait qu’à faire faire au fils de Gnassingbé Eyadema des mandats auxquels il n’a plus droit, si ce dernier arrive à son terme.

Sodoli Koudoagbo

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info

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