Africa-Press – Togo. Le Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) traverse une zone de turbulences. En cause: une lettre signée de son président national, Jonas Komlan Siliadin, qui conditionne l’acceptation de la démission d’un conseiller municipal au paiement de ses obligations financières. Une démarche jugée inhabituelle et révélatrice d’un malaise profond au sein du parti.
La lettre, datée du 19 mai 2025, est adressée à Sika Kossi, conseiller municipal de Yoto 3. Ce dernier avait, une semaine plus tôt, notifié sa démission du MPDD. Mais dans la réponse signée par Jonas Siliadin, le parti oppose une fin de non-recevoir, exigeant le paiement intégral des cotisations dues en tant que militant et élu avant toute validation de la démission.
« Je vous informe que votre démission ne peut prendre effet qu’à compter de la date à laquelle vous aurez acquitté vos obligations financières, aussi bien de militant que d’élu du MPDD », peut-on lire dans la correspondance, dont IciLome a obtenu copie.
Cette exigence suscite de nombreuses réactions, entre étonnement et indignation. Pour certains observateurs, elle va à l’encontre du principe de liberté d’association garanti par la Constitution togolaise. « L’adhésion à un parti est libre, la démission devrait l’être tout autant », estime un juriste contacté par notre rédaction. Pour d’autres, cette condition financière révèle des méthodes internes opaques et pose la question de la gestion démocratique du parti.
Cet incident intervient dans un contexte de mutation idéologique au sein du MPDD. Depuis son arrivée à la présidence du parti en octobre 2024, Jonas Komlan Siliadin a entrepris un repositionnement stratégique. Fini le ton virulent et les positions tranchées de son prédécesseur, feu Agbéyomé Kodjo. Place désormais à une ligne plus modérée et à une ouverture au dialogue politique.
« Nous sommes un parti de centre républicain, qui a pour principal objectif d’être dans une opposition constructive », déclarait-il à son investiture.
Mais cette orientation ne semble pas encore convaincre ni en interne, ni dans l’opinion. Le MPDD a subi un cuisant revers lors des dernières élections sénatoriales, n’obtenant aucun siège. Un échec qui s’ajoute à une série de défections et à des remises en cause de plus en plus nombreuses de la ligne du parti.
Entre les partisans de l’opposition radicale et les tenants du compromis, le MPDD semble aujourd’hui tiraillé, incapable de fédérer autour d’un projet clair. L’épisode de la démission conditionnée de Sika Kossi n’est peut-être que le symptôme d’un malaise plus profond: celui d’un parti en quête d’identité, écartelé entre un passé charismatique et un avenir incertain.
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