Togo Projet Wuri: Agents Contractuels en Colère

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Togo Projet Wuri: Agents Contractuels en Colère
Togo Projet Wuri: Agents Contractuels en Colère

Africa-Press – Togo. Le Projet WURI (Identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion en Afrique de l’Ouest), présenté comme une initiative phare de la feuille de route gouvernementale 2020-2025, suscite aujourd’hui la colère et l’indignation de nombreux jeunes diplômés togolais. Dans une lettre ouverte rendue publique ce week-end, un collectif d’agents contractuels engagés dans la mise en œuvre du projet dénonce des conditions de travail précaires, des abus répétés, et appelle à une enquête indépendante sur la gestion financière du programme.

De jeunes Togolais venus de toutes les régions du pays affirment avoir répondu à l’appel de ce projet qu’ils pensaient structurant et porteur d’opportunités. Beaucoup ont abandonné des emplois plus sûrs et parfois mieux rémunérés, convaincus par la rigueur du processus de recrutement et les promesses de stabilité. Très vite cependant, l’enthousiasme s’est transformé en désillusion. Une fois sur le terrain, les agents ont vu les termes de leurs contrats modifiés sans concertation. Les nouvelles conditions, imposées par les deux structures en charge du projet, l’ANID (Agence Nationale d’Identification) et l’INSEED (Institut National de la Statistique et des Études Économiques et Démographiques), ont été jugées précaires et injustes. Le collectif affirme que ces changements ont été imposés après leur prise de fonction, dans un climat d’intimidation.

Huit mois après le lancement du projet, les agents dénoncent une situation devenue intenable. Ils déclarent n’avoir reçu qu’à peine trois mois et demi de salaire, versés de façon irrégulière, parfois en espèces et avec des retenues injustifiées. Les conditions de travail sont décrites comme extrêmes, avec des semaines dépassant les 70 heures, sans repos, sans jours fériés ni indemnités. Le collectif critique également les rémunérations, jugées très faibles en comparaison avec celles versées dans des projets similaires au Bénin ou même à d’autres agents encadrés par l’INSEED. D’autres dysfonctionnements sont évoqués, notamment des contrats antidatés, l’absence de remboursement des frais de mission, l’usage obligatoire de ressources personnelles comme les téléphones ou la connexion internet, et le non-paiement des jours de déploiement ou de repli du matériel.

La gestion du projet est qualifiée de chaotique. Les agents affirment que la communication interne est quasiment inexistante, réduite à des messages informels échangés via WhatsApp. Depuis la fin de la campagne de recensement dans la préfecture du Golfe, en juin 2025, les agents disent être livrés à eux-mêmes, sans affectation ni rémunération. Beaucoup vivent aujourd’hui dans une précarité extrême, endettés, malades, et psychologiquement affectés.

Le collectif soulève également de graves interrogations sur la transparence financière du projet. Il rapporte des rumeurs internes évoquant la disparition d’une partie des fonds, certains allant jusqu’à affirmer qu’un haut cadre aurait financé de sa propre poche une partie des salaires. Une telle situation, dans un projet financé par la Banque mondiale et placé sous la tutelle de deux ministères stratégiques, est jugée inacceptable. Les inégalités de traitement entre agents encadrés par l’ANID et ceux suivis par l’INSEED sont également dénoncées. Pour les mêmes missions et responsabilités, les conditions de travail et de rémunération seraient très différentes.

Face à cette situation, les agents regroupés au sein du collectif formulent plusieurs revendications. Ils réclament le paiement immédiat de tous les arriérés de salaire. Ils exigent également la régularisation de leurs contrats dans le strict respect du Code du travail togolais. Le collectif demande l’ouverture d’une enquête indépendante sur la gestion du projet WURI TOGO et appelle à une clarification des responsabilités entre l’INSEED et l’ANID. Il réclame enfin la fin de la précarisation des jeunes employés dans les projets publics.

La lettre ouverte s’adresse directement aux plus hautes autorités du pays. Les agents interpellent le président de la République Jean-Lucien Savi de Tové, le président du Conseil Faure Essozimna Gnassingbé, ainsi que les ministres Cina Lawson et Sandra Ablamba Johnson, respectivement en charge de l’ANID et de l’INSEED. Les signataires les appellent à briser le silence et à agir en urgence. Ils affirment avoir été manipulés, sacrifiés et piétinés par un système qui les a abandonnés après leur avoir vendu de fausses promesses.

L’affaire prend de l’ampleur. Les regards se tournent désormais vers les décideurs publics. Réagiront-ils à cet appel pressant? Ouvriront-ils un dialogue avec cette jeunesse qui ne demande qu’à travailler dans la dignité? Pour ces jeunes agents contractuels, l’heure est venue de transformer leur désillusion en action, et d’exiger des réponses concrètes.

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