Hommage à Adjé Kpadé à la messe de son enterrement dans la paroisse Saint-Rémi à Ottawa, Canada par Eloi Koussawa (MO5), le 23-03-2024

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Hommage à Adjé Kpadé à la messe de son enterrement dans la paroisse Saint-Rémi à Ottawa, Canada par Eloi Koussawa (MO5), le 23-03-2024
Hommage à Adjé Kpadé à la messe de son enterrement dans la paroisse Saint-Rémi à Ottawa, Canada par Eloi Koussawa (MO5), le 23-03-2024

Africa-Press – Togo. C’est dans des moments douloureux comme celui-ci que l’on éprouve la parole par laquelle le regretté poète éwé, Kofi Awoonor, s’écria que « la mort n’est pas une proie à attraper ». Hélas !

Chère Vicky, chers membres de la famille du Combattant disparu Edouard Adjé KPADÉ Alafia, Mesdames et Messieurs,

Il y a, à coup sûr, des coups durs et affreux du sort devant lesquels nous ne pouvons que nous incliner sans réellement comprendre, nous abritant derrière le symbole consolant et réconfortant du bon grain qui meurt. Si le grain ne meurt…

Oui, dans cet édifice religieux canadien, ce lieu sacré de culte, qu’il me soit permis, en tant que Coordinateur général du Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5), d’évoquer, sur le ciment de la foi, la parole christique qui nous rappelle paradoxalement que la mort n’est pas la fin de la vie. C’est s’offrir à la terre pour porter du fruit. Nous lisons, en effet, dans Jean 12:24: « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ».

Au-delà de la foi, c’est avec une profonde tristesse que j’ai appris, dans la matinée du 06 mars, le départ de notre camarade de lutte, membre co-fondateur du MO5, notre ami, notre plus-que-frère Edouard Adjé KPADÉ Alafia.

Les premières réflexions qui viennent à l’esprit, en des circonstances comme celles-ci sont pour le mystère du sort qui s’abat sur les combattants démocrates togolais ces derniers temps.

« Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! » (Psaume 139)

La rencontre physique du camarade de lutte Adjé KPADÉ, au début des années 90, fut précédée par sa légende qui embrassait la réalité. Dans l’histoire de la lutte estudiantine, j’avais entendu parler de lui, de son combat courageux en faveur des étudiants à l’Université du Bénin, actuellement Université de Lomé, à la fin des années 70 et début 80. Le camarade de lutte et ami, Edouard Bruce, ici présent, peut largement en témoigner. Dans ces années de braise, ces fiévreuses années de la dictature où très peu d’étudiants osaient dire non aux désidératas d’Eyadéma, Adjé KPADÉ, responsable du Mouvement des étudiants, MONESTO, poussait son courage au suprême degré d’un homme qui défia l’arbitraire du régime. En effet, pour démentir Machiavel qui disait que « les hommes ne font qu’imiter leurs prédécesseurs », Adjé KPADÉ a opposé un non à la volonté du RPT, au pouvoir, de phagocyter le Mouvement des étudiants. Une témérité méritée qui lui a valu l’écourtement de son mandat par des manœuvres du régime. Alors son combat m’est apparu si louable et si exemplaire.

Ces qualités l’ont poursuivi au sein du MO5 où il pouvait estimer légitimement que l’avènement du 5 octobre 1990 était l’héroïque récompense de tant d’abnégation et d’engagement sans faille les années précédentes, sur le campus universitaire. Un exemple de persévérance dans l’effort. Un exemple d’épouser les causes justes. Le camarade de lutte Adjé KPADÉ nous a appris, entre autres, que rien ne s’acquiert que par la lutte constante. Le MO5 a beaucoup bénéficié de son expérience. J’aurais une centaine d’anecdotes à vous raconter, de son patriotisme, par exemple, durant notre exil au Ghana. Malheureusement, le temps nous fait défaut ici.

Le jour où notre regretté a bien voulu me faire l’honneur, en proposant ma modeste personne aux camarades du MO5 pour sa succession comme Coordinateur général, j’ai subordonné mon acceptation à sa disponibilité de mentor: ce qu’il accepta sans hésitation. Il avait hautement le sens du devoir. Il apporta bien davantage au MO5. Personnellement, je lui dois beaucoup. Il est souhaitable que la jeunesse en lutte pour un Togo digne soit instruite par son exemple, son symbole.

L’épreuve de sa maladie fut une grande peine pour nous. Je dois avouer que chaque fois que je raccrochais le téléphone après un appel de réconfort, je me fondais en larmes, à son insu. Oui, cet intrépide combattant ne savait pas à quel point la fin d’un appel sonnait le début de mes pleurs ; surtout à l’idée révoltante que ce valeureux combattant ne goûterait pas, un jour, aux fruits de la liberté de son peuple, peuple pour lequel il s’est tant sacrifié.

Adjé KPADÉ était très attaché à sa famille. Vers elle, iront, en ces heures de douleur et d’affliction, nos pensées et notre fraternelle affection.

Chère Vicky, tes louables et grandes qualités d’épouse, de mère dans les temps difficiles que le combattant Adjé a connu, nous ont énormément touchés. Le MO5 te dit merci.

Mesdames et Messieurs,

Adjé KPADÉ fut jusqu’à son dernier souffle, éperdument épris de sa conviction pour le Togo. Sa perte endeuille le MO5 et tous les militants en lutte pour un Togo démocratique. Il n’est pas d’objectif plus urgent, aujourd’hui, que de continuer son combat.

Le suprême hommage que nous puissions rendre à un suprême combattant est de faire aboutir ses idées pour le Togo !

Éloi Koussawo,

Ottawa, Canada le 23 mars 2024.

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