Mort Programmée Des Détenus Politiques Au Togo

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Mort Programmée Des Détenus Politiques Au Togo
Mort Programmée Des Détenus Politiques Au Togo

Africa-Press – Togo. La disparition et la réapparition de citoyens dans les prisons, les grèves de la faim prolongées de détenus politiques, les démentis officiels face aux allégations de torture constituent le tableau d’un système où la parole des victimes est systématiquement contestée et éteinte. Les organisations signataires du présent communiqué appellent les Togolais à réagir.

Une demi-dizaine d’Organisations dont la DMK, l’APD, CDPA-BT, PADET, le Front Touche Pas A Ma Constitution, la LDP et la DMP, ont publié ce 07 décembre 2025 une déclaration conjointe dans laquelle elles dénoncent un système organisé de violation des droits fondamentaux de citoyens et exigent des mesures urgentes pour mettre fin au silence au sommet de l’Etat.

« Dans l’histoire d’une Nation le silence peut devenir complice. Nous, organisations signataires de ce communiqué conjoint, appelons les Togolais à rompre avec l’inertie et à élever la voix face à l’accumulation des violations des droits fondamentaux », peut-on lire dans ladite déclaration qui énumère des cas concrets d’atteintes aux Droits de l’Homme. Il s’agit entre autres de:

* la disparition et la réapparition d’Amavi Katanga: le 22 novembre 2025, l’activiste Amavi Katanga a été enlevée. Elle réapparait détenue à la prison civile de Lomé, après 12 jours d’incertitude et d’angoisse de la famille et des proches. C’est un schéma récurrent. Le créateur de contenu “À votre avis” avait été extrait de prison le 22 août 2025 par des individus en civil, laissant sa famille sans nouvelles pendant plusieurs jours. Cette pratique viole l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

* la grève de la faim: depuis le 8 novembre, 37 détenus politiques ont entamé une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention et réclamer leur libération. La décision de la Cour de justice de la CEDEAO, les recommandations du Parlement européen et du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, pour leur libération sont restées sans effet. La privation d’alimentation devient le dernier langage disponible. Les signataires de la déclaration exigent la libération immédiate et sans conditions de l’ensemble des 150 détenus politiques.

* allégations de viols (cas de Grace Koumayi): en marge des manifestations des 5 et 6 juin 2025, au moins 81 personnes ont été arbitrairement arrêtées et au moins 7 ont affirmé avoir subi des actes de torture pendant leur garde à vue. Grâce Koumayi affirme publiquement avoir été arrêtée arbitrairement, torturée, et violée, en juin 2025. Elle a porté plainte. Le 21 novembre 2025, la gendarmerie nationale a démenti formellement ces accusations. Selon son communiqué, la CNDH se serait déclarée satisfaite après une visite, cependant, des sources proches de l’institution ont exprimé des réserves sur cette affirmation de la gendarmerie. La victime maintient ses accusations. Le viol en détention constitue une arme de répression. Nier sans enquêter constitue une double violence. La première contre le corps, si les faits sont avérés. La seconde contre la vérité, en refusant de l’établir.

Dans l’immédiat, les organisations signataires de cette déclaration exigent une enquête indépendante et impartiale menée par des experts internationaux neutres, une protection immédiate de Grâce Koumayi contre toute forme de représailles, une publication des conclusions de cette enquête, quelle qu’en soit l’issue, des protocoles stricts pour prévenir les violences sexuelles en détention.

A l’endroit du peuple togolais, elles lancent un appel à la mobilisation pour sortir de l’inertie car le silence serait une complicité de l’injustice subie par les personnes qui ont choisi de défendre l’intérêt général de la nation.

Il faut noter que les autorités togolaises ne prennent aucune mesure concrète face à la dégradation de l’état des détenus politiques et les allégations de viols subis par certaines d’entre elles.

Kossi Lamba

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