Africa-Press – Togo. Sa désignation a été annoncée le 03 mai 2025 à l’occasion d’une séance plénière organisée à l’Assemblée Nationale. Deux heures plus tard, il a prêté serment le même jour devant la Cour Constitutionnelle.
Le Togo a enregistré une nouvelle phase de sa décomposition politique le samedi 3 mai 2025.Comme en 2005 à la mort de son père de Président Eyadema Gnassingbé, son fils Faure comme dans un film de western , ministre de l’Équipement , des Mines , des Postes et Télécommunications de son état, a été catapulté député, Président de l’Assemblée Nationale puis Président de la République pour terminer le mandat de son père;20 ans plus tard, après avoir baratiné le peuple dans une succession de promesses d’ivrogne, il se fait désigner Président du Conseil. Exactement comme le 7 février 2005, et sans avoir officiellement démissionné de son poste de Président de la République, il prête serment au nom d’une constitution qu’il s’est fait tailler à sa mesure.
Serment et la contre-vérité
Habitué à ce rituel ailleurs plein de sens, Faure Gnassingbé, la main droite levée, a juré face au Président de la Cour, en s’appuyant sur l’article 47 de sa Constitution, en ces termes:
« Devant Dieu et devant le peuple togolais, seul détenteur de la souveraineté nationale, Nous, Faure Essozimna Gnassingbé, président du Conseil désigné conformément aux lois de la République, jurons solennellement:
– de respecter et de défendre la Constitution que la République togolaise s’est librement donnée ;
– de remplir loyalement et fidèlement notre mission de serviteur du peuple…»
Le Président de la Cour Constitutionnelle Djobo-Babakane Coulibaley ayant pris acte de cette prestation de serment, a renvoyé le nouveau président du Conseil à l’exercice de ses fonctions.
En scrutant ce serment, le contenu demeure le même.
Promesse annoncée de manière cérémonieuse en insistant sur le caractère sacré et indéfectible des paroles prononcées , le serment devient une simple formalité pour le fils de Eyadema. Il ne tient en rien compte de son contenu même en jurant devant Dieu, Tout-Puissant.
A preuve, Faure jure sans gène aucune dans son serment «de respecter et de défendre la Constitution que la République togolaise s’est librement donnée»
Depuis quand le peuple togolais s’est librement donné la constitution du 6 mai 2024? C’est une contre-vérité. La constitution de la Vème République est une manœuvre d’un groupe d’individus aux seules fins de conservation de pouvoir d’État. Il a ensuite ajouté qu’il va « remplir loyalement et fidèlement notre mission de serviteur du peuple… » Depuis quand le Président du RPT puis de UNIR est serviteur du peuple quand c’est lui seul qui est alpha et omega, qui décide de tout au mépris du peuple? En vérité, Faure a juste changé son titre de Président de la République en Président du Conseil et conserve tout le pouvoir. Comme on peut le constater, il a prêté serment devant la Cour Constitutionnelle et Jean-Lucien Savi de Tove désigné Président de la République l’a fait devant l’Assemblée Nationale et va se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes s’il lui reste encore quelques forces physiques.
Quand des dirigeants n’ont plus de parole d’honneur, aucun développement n’est possible. Un serment sur fond de mensonge d’État est un échec garanti et une déchéance assurée du pays.
Faure et le renouvellement de la litanie
« En ce jour solennel, notre pays ouvre une nouvelle page de son histoire avec mon investiture devant la Cour constitutionnelle en qualité de Président du Conseil, conformément aux dispositions de l’article 47 de la Constitution du 6 mai 2024. Cet événement historique marque officiellement notre entrée dans la Vème République et inaugure de nouvelles responsabilités, dont je mesure pleinement la portée et l’importance. Aux populations, je tiens à exprimer ma reconnaissance pour leur ferveur, leur mobilisation et leur adhésion et à réaffirmer mon engagement à œuvrer pour le bien-être de tous. », a posté Faure Essozimna Gnassingbé sur ses comptes sociaux, ses tout premiers mots après cette énième forfaiture. Qu’est ce qu’on n’a pas entendu depuis 20 ans dans ce pays venant de M.Gnassingbé?
S’il est sincère, honnête et consciencieux envers lui-même, il devait d’abord dresser le bilan de ses 20 ans de chaos politique. La corruption, le népotisme, le clientélisme, la gabegie, la concussion, l’enrichissement sauvage et illicite sont le soubassement de sa gouvernance de sorte que le Togo est devenu une curiosité dans la sous-région. En sus, le Président désigné par UNIR a littéralement rétréci l’espace de libertés publiques. A ce jour, le Togo compte près d’une centaine de prisonniers d’opinion selon les organisations de la société civile. Le tissu social s’est complètement dégradé. La désespérance a gagné la majorité des familles togolaises non liées aux tenants impitoyables du pouvoir. Le flux impressionnant des Togolais candidats au départ du Togo est la belle illustration de cette désespérance. Et le nouveau mélodrame n’est pas pour arranger la situation.
Kokou AGBEMEBIO
Source: LeCorrecteur
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