Retour au Parti Unique Sous Faure Gnassingbé

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Retour au Parti Unique Sous Faure Gnassingbé
Retour au Parti Unique Sous Faure Gnassingbé

Africa-Press – Togo. Les partis politiques de l’opposition jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement démocratique d’un pays. Ils assurent un contre-pouvoir en surveillant les actions du gouvernement, stimulent le débat public en proposant des alternatives politiques et contribuent à prévenir les dérives autoritaires. Sans une opposition active, les risques de concentration du pouvoir et de corruption augmentent significativement. C’est justement ce qui arrive au Togo où le régime de Faure Gnassingbé s’emploie à neutraliser les mouvements politiques. Au point que malgré l’existence du multipartisme, le pays sombre inexorablement, dans un monopartisme suicidaire.

« Diviser pour mieux régner ». Durant son règne au long cours, 38 ans, Gnassingbé père a toujours fait usage de cette méthode politique pour fragmenter l’opposition et partant les Togolais, pour son consolider son pouvoir. Le fils, Faure Gnassingbé qui lui a succédé à la suite de la parenthèse sang en 2005, s’est inscrit dans la même dynamique en s’appropriant le même stratagème pour éviter l’émergence d’une opposition unie et forte et légitimer son pouvoir mal acquis.

« Depuis 2005, quand le président Faure E Gnassingbé a pris le pouvoir après le décès de son père, les partis de l’opposition enregistrent des scores électoraux de plus en plus faibles au profit du parti au pouvoir (le parti au pouvoir a eu 50 sièges sur 81 en 2007 ; 62 sur 91 en 2013, 59 sur 91 en 2018 – malgré le boycott de l’opposition – et 108 sur 113 en 2024 pour les législatives). Dans ces conditions, même si au plan juridique, le multipartisme est consacré, la scène politique semble se présenter comme un système de parti unique de fait », explique à The Conversation Africa, Koffi Amessou Adaba, enseignant et chercheur en sociologie politique à l’Université de Lomé.

De fait, Faure Gnassingbé qui prétendait être différent à tout point de vue de son père, « lui c’est lui, moi c’est moi », clamait-il, se trouve être le « plus grand diviseur commun » (PGCD) au Togo. Il a usé de tous les moyens pour neutraliser les partis politiques de l’opposition. Aujourd’hui, ces formations politiques ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. De plus, tous les contre-pouvoirs sont étouffés. Faure Gnassingbé n’a pas seulement semé des germes de division dans la classe politique, il a aussi divisé sa propre famille biologique, divisé les Togolais. S’ouvrant devant lui un boulevard qui doit lui permettre de rester au pouvoir ad vitam aeternam.

Les élections, dans les faits, constituent un pilier central de l’expression démocratique où les citoyens choisissent leurs représentants pour influencer les politiques publiques. Mais Faure Gnassingbé ayant fait l’OPA sur les élections, elles sont devenues une simple formalité de légitimation de son pouvoir. En clair, les consultations électorales n’ont plus de sens et d’enjeu au Togo, puisque c’est le parti au pouvoir qui gagne à tous les coups, avec un score à la soviétique tous les scrutins.

C’est encore le cas lors des élections municipales du 17 juillet 2025 où le parti Etat, Union pour la République (UNIR), s’est octroyé presque tous les sièges, 1150 sur 1527. Au Sénat, le parti de Faure Gnassingbé et ses supplétifs ont raflé tous les 61 sièges, les partis de l’opposition, la vraie, ayant décidé de boycotter ces élections.

Le parti au pouvoir dispose également d’une Assemblée monolithique en s’octroyant 108 sièges sur 113, soit 95,5% aux législatives d’avril 2024. Quant au Conseil régional, c’est encore le parti de Faure Gnassingbé qui domine outrageusement, avec 137 conseillers sur 179.

« Malgré cette très forte concentration de pouvoir entre les mains de Faure Gnassingbé depuis 20 ans, en plus de ses pouvoirs de l’Exécutif, sa gouvernance plonge les Togolais dans une grande misère sociale, confine la jeunesse dans une vie sans opportunités et un avenir complètement bouché, pendant que les libertés publiques sont confisquées », fustige Nathaniel Olympio, porte-parole du front « Touche Pas A Ma Constitution ».

Cerise sur le gâteau, il y a un an, Faure Gnassingbé a fait changer unilatéralement la Constitution et supprimer les élections présidentielles. Il rêve ainsi par ces manœuvres, de se donner un bail de 40 ans pour perpétuer le règne héréditaire sur le Togo…

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