Africa-Press – Togo. Au contraire de certains pays de la sous-région, la trajectoire politique du Togo semble s’être inversée depuis mars 2024 quand sans aucune consultation populaire les députés avec un mandat expiré ont changé nuitamment la constitution. Ce changement constitutionnel est le coup fatal à la démocratie balbutiante togolaise.
Depuis quelques années, les signes d’un retour de l’autoritarisme au Togo se sont multipliés, le plus révélateur étant la propension des dirigeants à contourner la limitation des mandats en changeant de régime politique permettant à l’actuel Président, Faure Gnassingbé de rester indéfiniment au pouvoir. Cette supercherie politique s’est reflétée sur l’indice démocratique global 2024 publié février 2025 par The Economist Intelligence Unit.
Le Togo qui occupe le 29eme rang en Afrique est logiquement classé dans la catégorie « régime autoritaire ». En effet, chaque année, The Economist Intelligence Unit (EIU) « mesure » l’état de la démocratie dans le monde et dresse un classement des pays en fonction de cinq critères: le degré de libertés civiles, les processus électoraux, le fonctionnement du gouvernement, la « culture politique » ainsi que la participation politique. L’institut de recherche classe ensuite les pays dans plusieurs catégories allant d’une « démocratie » à un « régime autoritaire », en fonction du score obtenu.
Selon le dernier classement, plus d’un tiers de la planète (39,2 %) vit dans un régime autoritaire, où le pluralisme politique est largement absent. C’est notamment le cas de la Chine, de la Russie, de l’Iran ou encore du Togo. En se référant aux critères, le Togo mérite bien sa place. En effet, malgré des engagements internationaux, le Togo se fait remarquer ces dernières années par une volonté de limiter la liberté d’expression et de regroupement au strict minimum.
Au Togo, on peut être jeté en prison pour un poème. C’est le cas de Honoré Sitsofe Sokpor dit Affectio, arrêté en janvier dernier suite à la publication d’un poème. Les autorités togolaises avaient été interpellées sur ce cas il y a quelques jours par Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme.
Pour les défenseurs des droits de l’Homme, l’affaire « Affectio » illustre une nouvelle fois le climat de répression qui pèse sur le Togo. Depuis plusieurs mois, des organisations de défense de droits de l’homme dont Amnesty International dénonce une régression de la liberté d’expression dans le pays.
Mais la régression de la liberté d’expression n’est cependant pas l’unique indicateur du virage autocratique du Togo, elle va de pair avec la mise au pas de l’opposition politique. Les opposants ne sont pas à l’abri des violences physiques comme ce fut le cas en septembre 2024 à Lomé avec l’agression du député de la CEDEAO Guy Marius Sagna et la députée togolaise Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson.
Au Togo, plus globalement, c’est la liberté politique qui est en régression, les ressources coercitives de l’État devenant les instruments de la dérive autoritaire. La justice et la police sont devenues des outils de répression. Le Togo qui s’est longtemps refugié dans un régime hybride (où certains aspects de la démocratie présentent des faiblesses importantes) avance désormais sans voile dans l’autoritarisme.
L.E
Source: lecorrecteur.tg
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