Africa-Press – Togo. Le monde universitaire togolais sort de sa réserve. Dans une déclaration ferme et sans ambages, un collectif d’enseignants-chercheurs issus de l’Université de Lomé et de l’Université de Kara exprime son inquiétude croissante face à la trajectoire politique du pays. Pour eux, la mise en place de la 5e République n’est rien de moins qu’une dérive monarchique visant à confisquer durablement le pouvoir.
Intitulée « Cadre de réflexion pour un nouveau contrat citoyen du Togo: faire renaître l’espérance au Togo », cette déclaration s’adresse directement à celui qu’ils désignent comme « ancien président de la IVe République ». Les auteurs dénoncent « une manœuvre politique risquée destinée à pérenniser le pouvoir au détriment de la démocratie ». Le ton est grave: « Le Togo est en faillite totale », écrivent-ils, pointant un effondrement politique et social nourri par des décisions qualifiées de « fortuites » et « orchestrées par de sinistres individus qui se réclament abusivement du monde universitaire ».
Le collectif critique la création de la 5e République, qualifiée de « mort-née », accusée de concentrer les pouvoirs exécutifs entre les mains d’un seul homme, à la fois Président du Conseil des ministres et Président du Conseil de la République. Une configuration perçue comme un passage en force vers une monarchie de fait, destinée à maintenir le fils du précédent président à la tête de l’État.
En réponse à cette dérive, les signataires proposent un véritable projet alternatif: la mise en place d’un « nouveau contrat citoyen ». Ce cadre de réflexion vise à jeter les bases d’une refondation du Togo, sur des principes démocratiques, sociaux et économiques solides.
Le document énonce dix priorités pour bâtir un Togo nouveau:
1. Apaiser le climat socio-politique
2. Séparer les pouvoirs pour consolider la démocratie
3. Protéger les droits humains et citoyens
4. Républicaniser l’armée et les forces de sécurité
5. Lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance
6. Organiser des élections libres et transparentes
7. Réformer le système éducatif et garantir l’accès à l’enseignement
8. Renforcer les services publics essentiels
9. Stimuler l’économie (énergie, agriculture, industrie…)
10. Positionner stratégiquement le Togo sur l’échiquier africain
Les initiateurs du projet insistent: « Aucune transformation durable n’est possible sans un citoyen nouveau ». Ils décrivent ce citoyen comme tolérant, patriote, cultivé, incorruptible, solidaire, et surtout résistant à toute forme de manipulation politique. Pour eux, le salut du pays passe par une réappropriation de l’engagement civique et une responsabilisation collective.
Le comité de pilotage du projet NCC-Togo (Nouveau Contrat Citoyen), composé notamment des professeurs GOEH-AKUE N’bueke Adovi, David Ekoué Dosseh et du maître assistant Awokou, appelle à la formation de cercles de réflexion de proximité. Ces espaces seront des lieux d’échanges et de propositions concrètes, destinés à nourrir l’action citoyenne sur les plans local et national.
Par cette initiative, les enseignants-chercheurs entendent jouer leur rôle de sentinelles républicaines. Face à ce qu’ils considèrent comme une impasse politique, ils refusent la résignation. Leur appel est limpide: « Il est temps de tourner la page des dérives institutionnelles et de redonner au peuple togolais la possibilité de rêver et de reconstruire son destin. »
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