Africa-Press – Togo. Le gouvernement togolais a récemment annoncé une hausse significative des prix de l’électricité, atteignant jusqu’à +172% pour certaines tranches, passant de 119 FCFA à 322 FCFA le kWh. Cette décision, bien qu’elle puisse s’inscrire probablement dans une logique d’ajustement budgétaire ou de réduction des pertes de la CEET, soulève de vives inquiétudes quant à ses répercussions socio-économiques.
Trois impacts majeurs auxquels il faudrait s’attendre
1. Baisse du pouvoir d’achat des ménages
Cette hausse affectera directement les foyers, notamment les classes moyennes et les travailleurs pauvres vivant dans les zones urbaines. C’est vrai qu’on nous dit que pour certains types de compteurs, la tranche sociale a baissée, mais il faut se rendre compte que ces populations pauvres ne disposent même pas de moyens pour se prendre des compteurs personnels. Ils se retrouvent donc dans les cours communes où l’électricité ne leur est pas facturée comme la CEET le ferait mais leur est vendue.
Une part plus importante du revenu sera donc absorbée par les factures d’électricité, réduisant les dépenses pour l’alimentation, la santé ou la scolarisation.
Un simple fonctionnaire qui a un frigo d’occasion, 2 ventilateurs, 1 télé, 1 fer à repasser pourrait se retrouver avec une facture d’électricité de 30.000 FCFA par mois
2. Augmentation des coûts de production pour les PME/PMI
Les entreprises, en particulier dans l’agroalimentaire comme la mienne, le commerce de proximité ou les services (cybercafés, froid, menuiserie, boulangerie, pressing, les chambres d’hôtel,…), verront leur facture énergétique bondir. Cette situation réduira leur compétitivité, provoquera des hausses de prix sur les biens et services, et risquera à terme de provoquer des fermetures ou des licenciements.
3. Risque d’inflation généralisée et de tension sociale
En cascade, la hausse du prix de l’électricité pourrait se traduire par une inflation sur les produits de base et services. Cela pourrait provoquer un mécontentement social accru, surtout dans un contexte déjà marqué par un chômage élevé et des inégalités croissantes.
Trois solutions possibles pour atténuer les effets
1. Mise en place d’un mécanisme de compensation ciblée
Le gouvernement pourrait par exemple instaurer un filet social temporaire sous forme de bons d’énergie ou de ristournes ciblées pour les ménages les plus vulnérables. Cela permettrait de limiter les effets de la hausse sans recourir à une subvention générale coûteuse.
2. Accompagnement des TPME vers des solutions d’efficacité énergétique
Créer un fonds de transition énergétique pour aider les TPME à s’équiper en équipements à basse consommation ou panneaux solaires. Une aide technique et financière pourrait préserver l’activité économique tout en favorisant la transition verte.
3. Dialogue social et surtout transparence tarifaire
Organiser une concertation nationale avec les syndicats, associations de consommateurs et acteurs économiques, pour expliquer la réforme, présenter une trajectoire claire des prix, et convenir de mécanismes d’atténuation. Une communication proactive et pédagogique est essentielle pour maintenir la confiance et la paix sociale.
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