Travail en prison : réinsertion et lutte contre la récidive

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Travail en prison : réinsertion et lutte contre la récidive
Travail en prison : réinsertion et lutte contre la récidive

Africa-Press – Togo. Le Togo est confronté depuis de nombreuses années à une surpopulation carcérale. C’est la résultante des détentions préventives abusivement prorogées, des arrestations arbitraires et des prisons dont certaines datent de l’époque coloniale, ne répondant plus aux besoins. Acculé par les organisations de défenses des droits humains, le pays peine à trouver des solutions idoines à ce problème. La panacée pourrait être l’obligation du travail en prison, une solution à plusieurs avantages.

Sur le continent, le Togo n’est pas le seul pays à faire face à la surpopulation carcérale. C’est le cas aussi du Bénin, voisin de l’est du Togo. Selon Amnesty International, la population carcérale dépassait 18 000 détenus en 2023 au Bénin. Elle a presque triplé en sept ans. Face à cette situation, les autorités béninoises ont décidé de prendre des mesures. L’une de ces mesures est l’obligation de travail pour les détenus.

Le Bénin rend obligatoire le travail en prison

Le 22 janvier 2025, le Président béninois Patrice Talon a pris un décret, rendant le travail obligatoire pour les personnes détenues. L’objectif de cette réforme majeure est de transformer les établissements pénitentiaires en lieux de rééducation et de préparation à la réinsertion. En rendant le travail obligatoire, le gouvernement béninois souhaite offrir aux détenus la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences et de développer un esprit de responsabilité.

Selon les informations, les activités proposées seront variées et adaptées aux compétences de chaque détenu. Ces derniers pourront ainsi apprendre un métier, produire des biens et des services et acquérir une expérience professionnelle qui leur sera utile à leur sortie de prison. Cerise sur le gâteau, les détenus auront droit à une rémunération leur permettant de subvenir à leurs besoins essentiels pendant leur incarcération et de constituer des économies pour leur réinsertion une fois leur peine purgée.

En offrant aux détenus la possibilité de se réinsérer professionnellement, le gouvernement béninois donne également des moyens aux prisons de réduire leur dépendance. Ainsi, qu’ils soient condamnés pour trafic de drogue, vols, homicide ou actes de pédophilie, dans toutes les prisons du Bénin, les détenus doivent désormais travailler pour améliorer leurs conditions de détention et préparer leur vie d’après.

Une piste pour le Togo

Au Togo, c’est un euphémisme de dire que les prisons sont dans un état déplorable. Dans le pays, la majorité des prisons « souffrent d’une surpopulation alarmante », c’est le constat dressé en octobre 2024 par le ministère de la justice, même suite à une tournée effectuée par le ministre en charge de la justice dans plusieurs établissements pénitentiaires.

Depuis plusieurs années, des organisations de défense des droits de l’homme font pression sur le gouvernement togolais pour améliorer les conditions de détentions, mais la situation ne semble pas évoluer. Pis, elle s’aggrave au jour le jour. En effet, certains magistrats, pour des raisons laissées à leur indiscrétion, prorogent abusivement la détention préventive, augmentant la population carcérale et rendant encore plus pénible la vie pour les détenus en toute violation des droits humains.

Laissés à la charge des contribuables, les détenus se retrouvent dans des conditions qualifiées par certains acteurs de la société civile d’inhumaines. Dans les prisons togolaises, tout manque. De l’hébergement à la nourriture en passant par les produits d’hygiène, tout manque. En ce qui concerne l’assainissement et les soins sanitaires, c’est une autre paire de manches.

En effet, les prisonniers sont nourris et logés aux frais de l’État, dont les moyens sont très limités. A part quelqu’un qui s’occupe dans les ateliers pénitentiaires de production, le grand nombre reste dans l’oisiveté en attendant la fin de leur peine et dans la majorité des cas de revenir en prison pour un autre délit. Le dicton est plus connu: « l’oisiveté est mère de tous les vices ». Laissée sans aucune activité alternative, c’est depuis la prison que certains détenus récidivistes préparent leur prochain délit.

Pourtant, des solutions comme le travail obligatoire existent. Et pour cause ! Ce modèle répond à plusieurs défis rencontrés dans les prisons togolaises. Le travail en détention permet à la personne détenue d’exercer une activité professionnelle rémunérée pendant son incarcération. Il favorise la réinsertion et présente aussi des avantages pour l’Etat. En effet, le travail du détenu constituera pour l’établissement pénitentiaire un moyen économique pour son entretien et la satisfaction de certains besoins comme la nourriture, améliorant ainsi les conditions de détention.

« Le ministre a souligné l’importance de transformer les prisons en lieux de réhabilitation plutôt qu’en espaces d’oisiveté. Il a déclaré qu’il était impératif de changer de paradigme en abordant non seulement les conditions de vie au sein des prisons, mais également la réinsertion des détenus une fois leur peine purgée », indique le site du ministère de la Justice à la suite de la tournée du ministre Mipamb Nahm-Tchougli dans les prisons de Mango, Kantè, Kara, Bassar, Sokodé, Notsè, Atakpamé et Kpalimé.

À l’heure où les prisons togolaises sont pleines à craquer avec son lot de problèmes, le temps des discours et des promesses creux est révolu. Il faut passer aux actions pour non seulement soulager les détenus, mais aussi la charge pour l’Etat en les préparant à une réinsertion, ce qui constituera un atout pour le renforcement du tissu social et économique du pays. À titre d’exemple, au Niger, depuis plusieurs années, certaines prisons disposent de leurs propres fermes agricoles dans lesquelles travaillent les prisonniers. Ces fermes permettent aux établissements pénitentiaires de disposer par exemple des stocks de nourriture et d’être moins dépendants de l’Etat et de quelques associations. Tout cela ne coute pratiquement rien à l’Etat. Il suffit d’une bonne dose de volonté.

Lemy EgblongbélI

Source: LeCorrecteur

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