Développement participatif : vers la fermeture du PNDP, faute de bailleurs et de sa mutation en une entité pérenne

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Développement participatif : vers la fermeture du PNDP, faute de bailleurs et de sa mutation en une entité pérenne
Développement participatif : vers la fermeture du PNDP, faute de bailleurs et de sa mutation en une entité pérenne

Africa-Press – Cameroun. Investir au Cameroun) – Le Programme national de développement participatif (PNDP), organisme gouvernemental créé en 2004 grâce à la Banque mondiale pour un appui au développement local et aux communes, pourrait fermer en 2023. Cette information a été donnée au cours d’une émission diffusée le 28 avril sur la chaîne audiovisuelle publique, CRTV. « Nous ne sommes pas tombés en faillite. Nous n’avons pas fermé à la va-vite parce qu’il y a une situation d’urgence. Mais véritablement, il est question de clôturer les financements jusqu’à échéance […] à la fin premier semestre 2023 », a déclaré, la Coordinatrice du programme, Marie Madeleine Nga.

Dans le détail, apprend-on de source crédible, la Banque mondiale, top sponsor du PNDP, se retire après avoir créé avec le gouvernement le Programme 2004. Car, depuis 2012, l’idée était que le gouvernement camerounais crée une entité pérenne qui reprenne les activités du PNDP dans la mesure où le Programme avait rempli sa mission. À savoir : aider les communes rurales (à l’époque) à conduire le processus de passation de marchés, de construction et maintenance des infrastructures (hydraulique, santé, éducation…), de recrutement de personnels qualifiés et de reddition de comptes…

Avantage Feicom

Dans l’optique de pérenniser le Programme dès 2012, comme le souhaitait la Banque mondiale, le gouvernement camerounais a commencé à ficeler le dossier de transformation du PNDP en Agence de développement local. Plusieurs projets de décrets ont été bouclés après deux ans de réunions ministérielles et interministérielles. La présidence de la République a instruit le Secrétariat permanent de la réforme administrative de préparer les organigrammes et les autres textes. L’un des projets de décret a abouti à la transformation du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom) en banque de financement des collectivités territoriales décentralisées (CDT), tandis que l’autre qui devait transformer le PNDP en une agence est resté lettre morte.

C’est dans ce contexte que la Banque mondiale accède en 2016 à l’idée d’une 3e phase de financement du PNDP, baptisée à dessein « phase de consolidation et de pérennisation ». Les phases du PNDP durent 4 ans. En 2020, alors que la 3e phase doit s’achever, le PNDP bénéficie in extremis d’un financement additionnel destiné aux pays qui ont fait face à l’afflux des réfugiés. D’où la prolongation de son existence de deux ans pour la période 2020-2022.

Selon nos sources, les bailleurs de fonds se retirent surtout parce qu’ils veulent un instrument pérenne de l’État. À l’exemple de la Société nationale de transport d’électricité (Sonatrel), entreprise dont l’État est l’unique actionnaire, née suite à un crédit de la Banque Mondiale dans le cadre d’un vaste programme de réforme du secteur de l’électricité. Car, les projets et programmes sont par essence conçus pour une durée de vie déterminée à l’avance et pour résoudre un problème ponctuel.

Les scénarii de l’après-PNDP

Selon nos sources, au premier trimestre 2022, le débat a oscillé, au sein du groupe interministériel (réactivé en 2018 pour décider de la capitalisation des acquis du PNDP), autour de deux scénarii : fusion-absorption du PNDP par le Feicom ou création d’une agence nationale de développement local. Une troisième voie explorée voulait par exemple disséminer les acquis du PNDP entre diverses structures sous la tutelle du ministère en charge du Développement local (Nasla, Feicom, Bunec).

« À la Primature, une réunion présidée par le secrétaire général adjoint avait demandé que les missions de l’agence soient recentrées et qu’on veille à ce qu’il n’y ait pas de doublons avec le travail fait par un organisme déjà existant. C’est ainsi que le dossier a été enrichi et transmis par courrier de la primature à la présidence de la République. Le dossier est à présent en étude au secrétariat général où les études se poursuivent en écoutant les arguments du DG du Feicom et ceux du PNDP », apprend-on.

Au cours de ses 18 ans de fonctionnement comptabilisés en cette année 2022, le total du concours financier reçu par le PNDP se chiffre à près de 188,1 milliards de FCFA. L’AFD a apporté 98,1 milliards de FCFA et la Banque mondiale près de 90 milliards de FCFA. L’entité déclare avoir créé 10 000 emplois et mis en œuvre 7 000 projets.

Sylvain Andzongo

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