Africa-Press – Cameroun. L’enquête de Jeune Afrique révèle la stratégie électorale sophistiquée du président sortant: transformer l’abandon urbain en atout de campagne grâce à des travaux spectaculaires de dernière minute.
L’investigation exclusive menée par Jeune Afrique dans les rues de Yaoundé met au jour une mécanique électorale rodée: celle de l’urbanisme instrumental. Nos révélations démontrent comment le pouvoir camerounais a sciemment laissé se dégrader les infrastructures pendant des années avant de lancer une opération de réhabilitation massive à l’approche du scrutin présidentiel.
Jeune Afrique a pu reconstituer cette stratégie en interrogeant des responsables municipaux et des témoins de terrain. Pendant des années, les habitants de Yaoundé ont documenté sur les réseaux sociaux l’état de délabrement des routes: « images de rues crevassées ou transformées en couloirs de boue », selon nos observations. Cette dégradation progressive n’était pas le fruit du hasard, mais bien d’une négligence organisée.
Nos sources révèlent que les budgets d’entretien routier ont été systématiquement sous-dimensionnés, créant artificiellement un besoin urgent que le pouvoir peut aujourd’hui satisfaire de manière spectaculaire. Cette méthode, que Jeune Afrique qualifie d' »urbanisme de l’après-coup », consiste à créer le problème pour mieux apparaître comme la solution.
L’enquête de Jeune Afrique a recueilli des témoignages édifiants sur cette instrumentalisation. Un ingénieur en travaux, interrogé sous couvert d’anonymat, dénonce sans détour: « On pare au ponctuel. Ce n’est rien d’autre qu’une solution cosmétique qu’on ne peut pas dissocier de l’événement qui approche. »
Cette analyse est corroborée par les observations de terrain de nos journalistes. Jean Eboumbou, chauffeur de taxi rencontré par Jeune Afrique, exprime un scepticisme largement partagé: il espère « qu’on mette enfin en place une véritable politique de gestion des infrastructures », tout en doutant que cela advienne « dans la continuité ».
Jeune Afrique révèle que cette stratégie dépasse le simple opportunisme électoral pour constituer une véritable manipulation de l’opinion publique. En créant artificiellement des conditions de vie difficiles puis en les améliorant spectaculairement avant les élections, le régime Biya génère un sentiment de reconnaissance chez une partie de l’électorat.
Parfait Mbvoum, analyste politique interrogé par nos équipes, décrypte cette mécanique: « La plupart des citoyens connaissent le manège. Ça peut convaincre quelques naïfs, mais pas vraiment grand monde. » Pourtant, cette stratégie persiste, révélant la confiance du pouvoir dans l’efficacité de ces opérations de séduction urbaine.
L’investigation de Jeune Afrique révèle également que certains quartiers de Yaoundé restent délibérément exclus de cette opération de charme. Les zones considérées comme acquises au pouvoir ou jugées électoralement peu stratégiques ne bénéficient d’aucun investissement, confirmant la dimension purement électorale de ces travaux.
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