Africa-Press – Cameroun. Enquête exclusive de Jeune Afrique sur la guerre des éloges au sein du gouvernement camerounais. À l’approche de la présidentielle, les membres du gouvernement Paul Biya ont transformé leur lutte d’influence habituelle en une surprenante compétition de louanges publiques. Livres d’hommages, comparaisons artistiques et bandes dessinées: Jeune Afrique révèle les détails croustillants de cette surenchère loyaliste où chaque ministre tente de prouver sa dévotion au chef de l’État. Une stratégie de survie politique qui en dit long sur les enjeux du prochain remaniement ministériel.
L’une des révélations les plus savoureuses de l’enquête de Jeune Afrique concerne la présentation du livre de Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports. Le 10 septembre dernier, lors de la cérémonie de lancement de son ouvrage intitulé « Paul Biya ou la cohérence d’un grand homme d’État », le ministre a livré une performance oratoire mémorable.
Selon les informations exclusives recueillies par Jeune Afrique, Mouelle Kombi, qualifié de « flatteur prolifique », a « longuement comparé le sourire de Paul Biya, en photo de couverture, à celui de La Joconde » lors d’une intervention qui a duré « près d’une heure ». Cette comparaison artistique audacieuse illustre parfaitement l’art de la flatterie poussé à son paroxysme dans l’entourage présidentiel.
Jeune Afrique révèle que le sous-titre du livre de Mouelle Kombi donne un aperçu éloquent du contenu: « La sagesse au service de la démocratie, de la prospérité et de la paix ». Cette formulation grandiloquente témoigne de la surenchère dans laquelle se livrent les ministres pour capter l’attention présidentielle.
Cependant, l’enquête de Jeune Afrique révèle aussi les limites de cette stratégie: seuls deux membres du gouvernement, Jean De Dieu Momo et Jacques Fame Ndongo, avaient fait le déplacement pour soutenir l’auteur. Cette faible mobilisation ministérielle souligne paradoxalement l’isolement de certains flatteurs dans leurs propres rangs.
Les révélations de Jeune Afrique s’étendent également au ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui a publié un ouvrage au titre particulièrement évocateur: « Trente-sept ans de fidélité sans failles au président Paul Biya et aux institutions républicaines ».
Cette déclaration publique de loyauté absolue, rapporte Jeune Afrique, s’inscrit dans la même logique de démonstration de dévouement. Le ministre, réputé proche du secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh, semble ainsi vouloir officialiser par écrit son attachement indéfectible au chef de l’État.
L’enquête exclusive de Jeune Afrique révèle également l’existence d’un troisième ouvrage « qui surprend un peu plus dans la forme »: une bande dessinée à la gloire de Paul Biya, éditée à l’initiative de Malachie Manaouda, ministre de la Santé.
Cette initiative originale, selon Jeune Afrique, témoigne de la créativité déployée par les ministres dans leur quête de reconnaissance présidentielle. Le choix du support BD révèle une stratégie de communication différenciante dans un environnement saturé de livres d’hommages classiques.
Jeune Afrique révèle que cette compétition de panégyriques cache en réalité des enjeux beaucoup plus prosaïques. « Leur contribution à la victoire est en effet un gage de survie dans la perspective de l’inévitable remaniement qui devra suivre la victoire attendue », analyse le magazine spécialisé.
Cette course aux éloges s’explique par l’attente d’une « recomposition postélectorale espérée depuis au moins cinq ans », selon les informations de Jeune Afrique. Chaque ministre tente ainsi de sécuriser sa position en démontrant publiquement sa valeur ajoutée loyaliste.
L’analyse de Jeune Afrique met également en lumière les réseaux d’influence à travers ces publications. Mouelle Kombi et Atanga Nji sont tous deux « réputés proches du secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh », tandis que Manaouda était « un temps proche de Ngoh Ngoh avant de se rapprocher d’un rival de ce dernier, Louis-Paul Motaze ».
Ces révélations de Jeune Afrique montrent comment les hommages publics servent aussi de marqueurs des alliances internes et des repositionnements stratégiques au sein de l’appareil gouvernemental.
Selon l’enquête de Jeune Afrique, « l’habituelle guerre des clans s’est parfois transformée en une compétition de panégyriques en hommage à Paul Biya ». Cette mutation des luttes d’influence traditionnelles révèle l’adaptation des élites politiques camerounaises aux exigences de la période électorale.
Cette stratégie collective de démonstration loyaliste, rapporte Jeune Afrique, vise à donner « du régime une image d’unité et de cohésion » tout en permettant à chaque ministre de se positionner favorablement pour l’après-élection.
Les révélations de Jeune Afrique suggèrent cependant que cette guerre des panégyriques pourrait avoir des effets limités. La faible participation ministérielle aux lancements de livres et la multiplication des initiatives individuelles témoignent d’une stratégie plus dispersée qu’efficace.
Cette analyse exclusive de Jeune Afrique révèle finalement les contradictions d’un système où la flatterie publique devient paradoxalement un marqueur d’insécurité politique plutôt qu’un véritable gage de stabilité ministérielle.
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