Africa-Press – Cameroun. À quelques jours seulement du scrutin présidentiel du 12 octobre prochain, Paul Biya intensifie sa communication digitale. Dans sa publication Facebook quasi-quotidienne devenue rituelle, le président-candidat a lancé ce lundi un appel solennel à l’inclusion et à l’unité nationale. « Aucun groupe ne doit rejeter les autres. Aucun groupe ne doit se sentir exclu par les autres », a-t-il écrit, dans un message qui sonne comme un dernier appel à la cohésion avant un scrutin aux enjeux considérables pour l’avenir du Cameroun.
Cette nouvelle sortie du chef de l’État s’inscrit dans la continuité de sa stratégie de communication des derniers mois. Depuis plusieurs semaines, Paul Biya multiplie les publications sur son compte Facebook officiel, transformant ce canal en véritable outil de campagne présidentielle.
Le ton choisi cette fois tranche avec les messages habituels axés sur les réalisations du régime ou les projets d’avenir. Ici, le président-candidat adopte une posture d’homme d’État rassembleur, appelant explicitement à dépasser les clivages qui traversent la société camerounaise.
« Bannissons les préjugés et les complexes qui nourrissent le désordre. Le Cameroun a besoin de nous tous », poursuit-il dans ce message accompagné des hashtags #Biya2025, #PaulBiya et #Cameroun, marqueurs désormais familiers de sa communication digitale.
Cette publication intervient dans un contexte électoral particulièrement tendu. Avec plusieurs candidats d’opposition déclarés, dont Bello Bouba Maigari de l’UNDP, Paul Biya semble vouloir élargir sa base électorale au-delà de ses soutiens traditionnels.
L’appel à l’inclusion résonne particulièrement dans un pays marqué par des divisions ethniques, régionales et générationnelles que la campagne électorale a parfois exacerbées. En évoquant les « préjugés et complexes », le président fait référence aux tensions intercommunautaires qui constituent l’un des défis majeurs du Cameroun contemporain.
Cette publication illustre la transformation de la communication présidentielle camerounaise. Longtemps réputé discret et peu enclin aux médias, Paul Biya a fait de Facebook son principal canal de communication directe avec les Camerounais.
Ces messages quotidiens, souvent accompagnés de photos officielles et systématiquement illustrés des hashtags de campagne, témoignent d’une adaptation aux nouveaux codes de la communication politique. Une stratégie qui vise notamment à toucher les jeunes électeurs, largement présents sur les réseaux sociaux.
Le choix du moment n’est pas anodin. À une semaine du scrutin, alors que la campagne officielle touche à sa fin, ce message d’unité nationale peut être lu comme une tentative de séduction des électeurs indécis ou de ceux tentés par l’opposition.
En se positionnant comme le garant de la cohésion nationale face aux « désordres » que pourraient engendrer les divisions, Paul Biya mobilise l’un de ses arguments classiques: la stabilité. Un discours qui avait porté ses fruits lors des précédents scrutins et qu’il réactive à l’approche de cette nouvelle échéance.
Cette sortie présidentielle intervient également alors que l’opposition multiplie les critiques sur la gestion du processus électoral et dénonce les inégalités de traitement entre candidats. Le message d’inclusion de Paul Biya peut ainsi être perçu comme une réponse indirecte à ces accusations d’exclusion.
Reste à voir si cet appel à l’unité trouvera un écho favorable dans l’opinion publique camerounaise, ou s’il sera perçu comme une manœuvre électorale de dernière minute dans une campagne où les enjeux dépassent largement la seule question de l’inclusion.
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