Africa-Press – Cameroun. À l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, les ministres multiplient les biographies élogieuses du Chef de l’État
Alors que l’échéance électorale du 12 octobre 2025 approche à grands pas, une véritable déferlante d’ouvrages dédiés au Président Paul Biya, candidat à sa propre succession, submerge le paysage littéraire camerounais. Un phénomène qui suscite des interrogations sur le timing de ces publications, toutes signées par de hauts dignitaires du régime en place.
La galerie des biographes présidentiels s’enrichit régulièrement au sein de l’exécutif. Après Jacques Fame Ndongo (ministre de l’Enseignement supérieur), Mounouna Foutsou (ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique) et Malachie Manaouda (ministre de la Santé publique), c’est désormais au tour du ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, Henri Eyebe Ayissi, de rejoindre ce cercle littéraire particulier.
Son ouvrage, intitulé « Paul Biya – Lékié: Une saga républicaine », fera l’objet d’une dédicace ce vendredi 26 septembre à Monatelé, dans la région de la Lékié, son fief politique d’origine.
Cette tendance éditoriale s’inscrit dans un mouvement d’ensemble remarquable par sa synchronisation. Le professeur Jacques Fame Ndongo, figure emblématique du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), a récemment publié un pavé de 1 039 pages, « De l’Adamaoua à l’Océan atlantique. Les trois secrets de la Sanaga », un essai qu’il qualifie d’hommage à son « créateur », Paul Biya.
Le même Fame Ndongo avait représenté personnellement le Chef de l’État lors de la dédicace, le 10 septembre dernier, de l’ouvrage de Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports et de l’Éducation physique, intitulé « Paul Biya ou la cohérence d’un grand homme d’État ».
Ces hommages littéraires interviennent dans un contexte national complexe, marqué par de multiples défis sécuritaires dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que par des problèmes persistants d’infrastructures et d’accès aux services de base.
Cette synchronisation éditoriale n’a pas échappé aux observateurs. Sur les réseaux sociaux, le professeur Bahebeck a ironisé sur cette prolifération littéraire: « Moulinex, Petit Jacko, Moelle, Momo, n’avez-vous pas déjà écrit trop de livres sur Biya? Pourquoi ne pas plutôt tourner un film sur lui avec chacun de vous comme acteur? »
Si ces publications sont présentées par leurs auteurs comme des œuvres de réflexion approfondie sur l’action gouvernementale, leur parution groupée en cette période pré-électorale soulève inévitablement des questions sur leur véritable finalité.
S’agit-il d’un élan spontané de reconnaissance envers un homme d’État ou d’une stratégie orchestrée de communication politique au service de la campagne du candidat du RDPC? La frontière entre littérature engagée et outil de propagande électorale reste floue, alimentant les débats sur l’usage des ressources intellectuelles dans le jeu politique camerounais.
Cette floraison éditoriale témoigne en tout cas de la mobilisation des cadres du parti au pouvoir à quelques semaines d’un scrutin présidentiel qui s’annonce déterminant pour l’avenir politique du Cameroun.
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