Africa-Press – CentrAfricaine. Interrogé par le journaliste Bélisar Dorval du quotidien Afrique en plus, sur le silence du gouvernement concernant les recettes générées par les crypto-actifs et l’affaire d’une société ayant escroqué des fonctionnaires, l’ex-détenu, kitandaire professionnel Maxime Balalou a balayé d’un revers de main toute mise en cause. « Si on utilise les crypto-actifs, c’est pour contourner. Contourner quoi? », a-t-il lancé. Piqué par la question, l’ex-détenu a dénoncé ce qu’il appelle un deux poids deux mesures: « Quand c’est les autres, il n’y a pas de problème. Mais quand c’est la République centrafricaine, non. Parce qu’on va contourner ».
En réponse aux soupçons de blanchiment, l’ex-détenu Maxime Balalou a réagi par une série de phrases vagues et accusatoires: « C’est une manière de blanchir. Blanchir quoi? Ce type de messages décourage des initiatives. On avance. On avancera. Aux maux bizarres et aux sauts pour le développement ». Aucune donnée n’a été fournie sur l’impact économique réel de cette politique monétaire, ni sur les retombées réelles pour les finances publiques.
S’agissant du scandale impliquant une société crypto nigériane installée à Bangui, dont les responsables sont désormais introuvables depuis 2021 après avoir collecté des milliards de plusieurs centrafricains, l’ex-détenu Maxime Balalou a choisi l’omission pure et simple. Aucun mot n’a été prononcé pour évoquer les victimes, ni pour indiquer si une enquête a été ouverte. Ce silence est interprété comme un désintérêt du gouvernement pour une affaire qui touche pourtant directement ses citoyens.
L’ex-détenu Maxime Balalou a préféré insister sur l’invitation du président Touadéra au sommet crypto de Dubaï, qu’il présente comme une reconnaissance internationale de la stratégie centrafricaine: « Il a été chaleureusement accueilli par la communauté crypto-monnaie de Dubaï, où il a donné sa vision de mobilisation des ressources à travers cet outil important ». Il affirme que des résultats concrets seront bientôt visibles, sans préciser lesquels ni à quelle échéance.
En se refusant à toute transparence sur les sommes perçues, les partenaires impliqués ou les mécanismes de contrôle, le gouvernement accentue les soupçons déjà pesants sur cette politique. Aucune mention n’a été faite sur la manière dont sont sélectionnées les plateformes partenaires, ni sur les garde-fous pour éviter les détournements ou la spéculation. Le choix de maintenir un flou sur ces aspects nourrit l’hypothèse d’un recours à la crypto comme voie de contournement des sanctions financières, notamment à l’heure où plusieurs partenaires traditionnels de la Centrafrique ont suspendu leur aide.
Dans un contexte économique critique, avec les pénuries de carburant, la suspension des salaires durant plusieurs mois dans certaines agences étatiques et les tensions pré-électorales croissantes, le pari du gouvernement sur une monnaie numérique instable interroge. L’ex-détenu Maxime Balalou reconnaît lui-même les risques liés à la volatilité: « À partir de la volatilité, oui. On prend aussi des risques ». Mais aucun mécanisme de protection n’est évoqué pour limiter les effets d’un éventuel effondrement de valeur sur l’économie nationale.
La posture adoptée par Maxime Balalou montre clairement une stratégie de communication fondée sur la défiance vis-à-vis des critiques et l’orgueil national, sans effort de pédagogie ni démonstration des bénéfices réels pour le pays. À défaut de clarté, cette fuite en avant entretient une atmosphère de méfiance généralisée autour d’un projet censé « financer le développement », mais dont les contours restent insaisissables.
En entretenant l’ambiguïté, en refusant de s’expliquer sur les pertes déjà subies par des centrafricains victimes d’arnaques, et en éludant toute responsabilité sur la gouvernance de ce secteur, le gouvernement prend le risque d’entraîner la République centrafricaine dans une spirale de défiance encore plus profonde.
Source: Corbeau News Centrafrique
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