Africa-Press – CentrAfricaine. En RCA, les peuples autochtones, notamment les Akka (Pygmées), font face à des défis majeurs: discrimination, marginalisation, perte de terres et érosion de leur culture. Malgré leur richesse culturelle et leurs savoirs ancestraux, ces communautés restent reléguées aux marges de la société, victimes d’une politique gouvernementale caractérisée par une dualité claire: des discours internationaux prônant la protection des droits humains, mais une inaction nationale qui perpétue leur exclusion. La Journée mondiale des peuples autochtones, célébrée avec le thème « L’intelligence artificielle pour défendre les droits et façonner l’avenir », met en lumière ces enjeux, mais montre aussi l’incapacité du gouvernement à traduire les engagements globaux en actions.
L’invitée spéciale, qui a commenté l’événement pour la Radio Centrafrique, a rappelé que la Journée mondiale des peuples autochtones, instaurée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1994, vise à sensibiliser sur la situation des peuples autochtones. En République Centrafricaine, les Akka, souvent désignés aussi comme Pygmées, subissent une discrimination sociale généralisée. Les invités ont souligné que ces communautés, premières à occuper le territoire centrafricain, sont confrontées à un « état de discrimination sur tous les plans sociaux ». Leur identité, marquée par des caractéristiques culturelles distinctes, les expose à une marginalisation que le gouvernement ne parvient pas à enrayer.
Le terme « Pygmée », d’origine grecque, comme l’explique la transcription, découle d’une perception extérieure datant des premières observations coloniales. Cette appellation, bien que courante, reflète une stigmatisation historique qui perdure. Les Akka, loin d’être en « état sauvage », comme certains préjugés le laissent entendre, sont des communautés riches de traditions, mais privées de leurs terres traditionnelles, essentielles à leur mode de vie. Cette perte de territoire, particulièrement criante dans les régions de Boganda, dans la Lobaye, explique une dépossession systématique que le gouvernement n’a pas su empêcher.
Par ailleurs, le gouvernement centrafricain, de son côté, affiche un double discours dans sa gestion des droits des peuples autochtones. D’un côté, il participe aux initiatives internationales, comme la reconnaissance de la Journée mondiale des peuples autochtones, et s’aligne sur les recommandations de l’ONU. De l’autre, il échoue à mettre en œuvre des politiques concrètes pour protéger les ACAM. Cette journée, bien que célébrée mondialement, « n’est pas souvent célébrée en République Centrafricaine ». Cette négligence traduit un manque de priorité accordée aux peuples autochtones, dont les contributions à la préservation de l’environnement sont pourtant reconnues mondialement.
Aucun représentant gouvernemental n’est cité pour défendre une politique spécifique en faveur des autochtones, révélant un vide institutionnel. Ce silence contraste avec les engagements pris par le pays lors de la première Décennie internationale des populations autochtones (1994-2004), où des recommandations claires avaient été formulées. Vingt ans plus tard, les défis – discrimination, perte de terres, marginalisation – restent inchangés, signe d’une incapacité chronique à traduire les promesses en actions. Cette dualité entre les déclarations internationales et l’inaction locale prive les ACAM d’un accès équitable aux droits fondamentaux, comme l’éducation, la santé ou la justice.
Rappelons que les peuples autochtones, comme les Akka, jouent un rôle capital dans la préservation de la biodiversité et des savoirs traditionnels, notamment en matière de gestion des ressources naturelles. Pourtant, leur marginalisation les empêche de participer pleinement au développement national. Les deux invités de la radio Centrafrique ont insisté sur le long processus de prise de conscience nécessaire pour que ces communautés soient reconnues comme distinctes, mais cette reconnaissance reste lettre morte face à l’absence de politiques inclusives. Le gouvernement, en négligeant de protéger leurs terres et leur culture, compromet non seulement leur avenir, mais aussi celui de la République Centrafricaine, qui perd une partie de son patrimoine culturel.
Par ailleurs, le thème de la Journée mondiale, centré sur l’intelligence artificielle, offre une opportunité théorique pour défendre les droits des autochtones, par exemple en documentant leurs savoirs ou en luttant contre la désinformation sur leur situation. Pourtant, en République Centrafricaine, où l’accès aux technologies de base reste limité, cette perspective semble hors de portée. Le gouvernement, déjà incapable de répondre aux besoins fondamentaux des Akka, n’a montré aucun signe d’intégration de solutions innovantes pour leur cause. Cette déconnexion entre les ambitions globales et les réalités nationale, montre, , une fois encore, la dualité d’un État qui brille par ses absences.
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