Élections de Décembre 2025: L’Autorité Débordée

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Élections de Décembre 2025: L'Autorité Débordée
Élections de Décembre 2025: L'Autorité Débordée

Africa-Press – CentrAfricaine. L’Autorité Nationale des Élections (ANE) de République centrafricaine se trouve dans une position délicate. L’institution doit organiser simultanément en décembre 2025 les élections présidentielles, législatives et locales. Cette décision gouvernementale, adoptée après cinq reports des élections locales depuis 2022, place l’ANE devant des défis logistiques et techniques considérables.

Le recensement électoral, lancé il y a plus d’un an, présente des résultats mitigés. Sur une population de six millions d’habitants, seuls 2,3 millions d’électeurs ont été recensés, dont 757 866 nouveaux inscrits en 2025. Ces chiffres restent en deçà de l’objectif initial fixé à plus d’un million de nouvelles inscriptions. L’Autorité Nationale des Élections a radié 254 000 électeurs sans fournir d’explications détaillées, ce qui alimente les questionnements sur la transparence du processus.

La publication des listes électorales provisoires a exposé des dysfonctionnements majeurs. Des noms fictifs apparaissaient dans ces documents, notamment celui du footballeur Lionel Messi et des stars nigérianes de football. Ces erreurs pose des interrogations sur la fiabilité du système d’enregistrement et laissent planer des doutes sur une possible manipulation des données électorales.

Le calendrier impose des contraintes temporelles serrées. Les listes provisoires doivent être affichées dans tous les centres d’enrôlement, y compris dans les ambassades pour la diaspora centrafricaine. Une période de réclamation de dix jours est prévue, suivie de dix à quinze jours pour le traitement des contestations. L’Autorité Nationale des Élections doit publier la liste définitive avant le 23 août 2025.

L’organisation d’élections locales représente un défi inédit. Ces scrutins n’ont pas eu lieu depuis 1988, et l’ANE reconnaît son manque d’expérience dans ce domaine spécifique. La population centrafricaine n’est pas familière avec ce type d’élection, ce qui nécessite une sensibilisation approfondie. Les efforts de communication entrepris par l’Autorité Nationale des Élections restent insuffisants à ce jour.

Les ressources financières constituent un obstacle majeur. Un déficit de près de neuf millions de dollars persiste, le budget actuel ne couvrant que les élections locales. Les scrutins présidentiels et législatifs nécessitent des financements supplémentaires qui ne sont pas encore garantis. L’ANE dépend fortement de l’aide internationale pour combler ces lacunes budgétaires.

L’opposition politique exprime ses réserves face à cette situation. Le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution qualifie le calendrier électoral d’irréaliste et demande une refonte complète de l’Autorité Nationale des Élections. Les partis d’opposition dénoncent l’incapacité de l’institution à gérer trois scrutins simultanés, particulièrement après la publication des listes comportant des noms fictifs.

Les Nations Unies ont appelé à une réforme institutionnelle urgente de l’ANE. Un expert indépendant de l’organisation a noté que l’Autorité Nationale des Élections n’avait pas publié de liste provisoire avant la date limite du 29 mai 2025. L’ONU avertit que le rythme actuel rend improbable le respect des délais constitutionnels. Elle insiste sur la nécessité d’élections crédibles, transparentes et inclusives.

Le gouvernement maintient fermement sa position. Malgré les appels au report émanant de l’opposition et des observateurs internationaux, les autorités refusent tout ajustement du calendrier électoral. Elles insistent sur le respect des échéances constitutionnelles et rejettent les demandes de révision du processus.

Les défis sécuritaires compliquent davantage la situation. Des groupes armés contrôlent encore certaines zones minières et des couloirs de transhumance. Cette instabilité limite l’accès aux centres d’enrôlement dans plusieurs régions du pays. Bien que 570 000 nouveaux électeurs aient été inscrits dans onze des vingt préfectures, 58 centres d’enregistrement demeurent fermés pour des raisons de sécurité.

Les tensions politiques s’intensifient autour de ces élections. L’opposition accuse le gouvernement de verrouiller le processus électoral à son avantage. La réforme constitutionnelle de 2023, qui a supprimé les limites de mandats présidentiels, alimente ces tensions. Cette modification permet au président sortant de se représenter, ce qui divise profondément la classe politique centrafricaine.

L’insécurité persistante dans certaines régions, où des groupes armés contrôlent des zones minières et des couloirs de transhumance, complique l’accès aux centres d’enrôlement. Cette situation compromet la participation électorale dans plusieurs préfectures du pays.

L’Autorité Nationale des Élections se trouve aujourd’hui à un tournant décisif. Le triple scrutin de décembre 2025 pourrait consolider la démocratie et la décentralisation en République centrafricaine. Néanmoins, les retards accumulés, les erreurs dans les listes électorales, les déficits financiers et l’absence de consensus politique menacent la réussite de cette entreprise démocratique. Sans une mobilisation rapide des ressources et une amélioration des pratiques de l’ANE, l’institution risque de compromettre la confiance des Centrafricains et de la communauté internationale dans ce processus électoral, au moment où le pays aspire à retrouver une stabilité politique durable….

Source: Corbeau News Centrafrique

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