Directeur Général des Douanes Crée Sa Propre Milice

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Directeur Général des Douanes Crée Sa Propre Milice
Directeur Général des Douanes Crée Sa Propre Milice

Africa-Press – CentrAfricaine. Il y a des dérapages qui passent inaperçus dans le silence complice des institutions. D’autres sont si grossiers, si outranciers, qu’ils finissent par éclater au grand jour comme un abcès trop longtemps contenu. Ce qui se passe actuellement à la Direction Générale des Douanes relève de cette seconde catégorie. Frédéric Inamo, Directeur Général des Douanes depuis une éternité, vient de franchir une ligne rouge que même les esprits les plus cyniques n’auraient jamais imaginée: il est en train de créer sa propre milice personnelle.

Oui, vous avez bien lu. Un directeur général d’une administration civile, censé collecter les taxes et contrôler les frontières, s’est mis en tête de former des paramilitaires. Et pour financer ce projet délirant, il a tout simplement décidé de ne plus payer le travail extra-légal de ses agents. Les douaniers qui risquent leur vie chaque jour sur les postes frontaliers, qui se font tirer dessus par les trafiquants, qui passent des nuits entières à surveiller les marchandises, ne toucheront pas leur prime ce mois-ci. Pourquoi? Pour que Monsieur le Directeur Général, Frédéric Inamo puisse envoyer quelques hommes au camp Kassaï apprendre à tirer avec des Kalachnikovs.

L’information, aussi surréaliste qu’elle puisse paraître, est confirmée à la rédaction du CNC par plusieurs sources au sein de la douane. Des agents ont été sélectionnés, on ne sait selon quels critères, pour suivre une formation militaire au camp Kassaï. Certains se demandent même s’il s’agit vraiment de douaniers en fonction ou de stagiaires sortis d’écoles en Afrique de l’Ouest qui auraient déjà reçu une initiation militaire avant d’entamer leur formation douanière. Personne ne comprend. Personne n’explique. Et surtout, personne n’ose poser trop de questions. Parce que dans la Centrafrique de Touadéra, questionner les puissants peut coûter cher.

Frédéric Inamo n’est pas un inconnu dans le paysage administratif centrafricain. Cet homme a déjà battu tous les records de longévité à la tête de la Direction Générale des Douanes. Il est là depuis si longtemps que certains jeunes douaniers ne connaissent que lui comme patron. Il a survécu depuis le début du mandat de son oncle Touadera. Il a traversé toutes les crises. Il s’est maintenu à travers tous les changements de gouvernement. Comment? Par quelle magie administrative un homme peut-il rester aussi longtemps à un poste aussi stratégique?

La réponse est simple: l’argent. Les douanes, c’est de l’argent. Beaucoup d’argent. Des milliards de francs CFA transitent chaque année par les postes frontaliers. Et celui qui contrôle les douanes contrôle une partie importante des ressources du pays. Frédéric Inamo a compris cela depuis longtemps. Il a su se rendre indispensable. Il a su tisser des réseaux. Il a su partager les revenus avec ceux qui comptent. Et grâce à cela, il est resté en place. Pendant des années. Pendant une décennie.

Mais maintenant, Inamo veut plus. Il ne lui suffit plus de contrôler l’argent des douanes. Il veut aussi contrôler la force. Il veut avoir ses propres hommes armés. Il veut créer sa milice personnelle. Pourquoi? C’est la question que tout le monde se pose. Pour se protéger contre qui? Pour attaquer qui? Pour servir quels intérêts?

Personne ne le sait. Mais tout le monde s’inquiète. Parce qu’un directeur général qui crée sa propre milice, c’est un directeur général qui se prépare à quelque chose. Peut-être qu’il sent que son règne touche à sa fin et qu’il veut se protéger. Peut-être qu’il a des projets personnels qui nécessitent une force armée. Peut-être qu’il veut simplement montrer sa puissance. Ou peut-être qu’il agit sur ordre de quelqu’un de plus haut placé.

Ce qui est certain, c’est que cette initiative est totalement illégale. Un directeur général d’une administration civile n’a pas le droit de créer sa propre force armée. Les douaniers ne sont pas des soldats. Ils ne sont pas formés pour faire la guerre. Leur rôle est de contrôler les frontières, de collecter les taxes, de lutter contre la contrebande. Pas de tirer avec des Kalachnikovs.

Et pour financer cette formation militaire, Frédéric Inamo a trouvé une solution simple: voler l’argent de ses agents. Le travail extra-légal, c’est une prime que les douaniers reçoivent chaque mois en plus de leur salaire de base. Cette prime est censée compenser les conditions difficiles de travail, les risques encourus sur le terrain, les heures supplémentaires effectuées. C’est une partie importante du revenu des douaniers. Certains comptent sur cette prime pour nourrir leur famille.

Mais ce mois-ci, Frédéric Inamo a décidé de ne pas payer cette prime. Sans consultation. Sans explication. Il a tout simplement annoncé que l’argent du travail extra-légal serait utilisé pour financer la formation militaire de quelques agents sélectionnés. Les autres n’ont qu’à se débrouiller.

Cette décision a provoqué une colère énorme parmi les douaniers. Beaucoup se demandent comment ils vont faire pour boucler les fins de mois. Certains ont des crédits à rembourser. D’autres ont des enfants à scolariser. D’autres encore ont des parents malades à soigner. Et on leur dit qu’ils ne toucheront pas leur prime parce que le directeur général a décidé de créer sa milice personnelle.

C’est inacceptable. C’est scandaleux. C’est du vol pur et simple.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Le dernier mouvement de personnel qui a eu lieu à la Direction Générale des Douanes a également soulevé beaucoup de questions. Les postes stratégiques, ceux où on peut gagner beaucoup d’argent, ont été distribués entre les proches de Frédéric Inamo. Depuis Béloko jusqu’à Bangui, en passant par Gamboula et Nola, tous les postes juteux sont maintenant occupés par des gens triés sur le volet.

Béloko, c’est la frontière avec le Cameroun. C’est par là que passent une grande partie des marchandises qui entrent en Centrafrique. Les taxes collectées à Beloko se comptent en milliards de francs CFA. Celui qui contrôle Beloko contrôle une fortune.

Gamboula et Nola, ce sont les frontières avec le Cameroun également, mais dans des zones moins surveillées. C’est par là que passe beaucoup de contrebande. Bois précieux, diamants, or, tout transite par ces postes. Et celui qui contrôle ces postes peut facilement fermer les yeux sur certains trafics moyennant compensation.

Bangui, c’est le poste central, le siège du pouvoir douanier. C’est là que toutes les décisions se prennent. C’est là que l’argent est centralisé. C’est là qu’on décide qui sera affecté où, qui sera promu, qui sera sanctionné.

En distribuant tous ces postes stratégiques entre ses fidèles, Frédéric Inamo s’est assuré un contrôle total sur les douanes. Plus personne ne peut le contester. Plus personne ne peut surveiller ce qu’il fait. Il règne en maître absolu sur son administration.

Et maintenant, il veut aller plus loin. Il veut créer sa force armée. Il veut avoir ses propres soldats. Il veut transformer la Direction Générale des Douanes en une organisation paramilitaire.

Les douaniers ne comprennent pas. Ils ne comprennent pas pourquoi leur directeur général a besoin d’une milice. Ils ne comprennent pas pourquoi on leur vole leur prime pour financer cette formation militaire. Ils ne comprennent pas ce qui se cache derrière tout cela.

Mais ils ont peur. Peur de poser des questions. Peur de protester. Peur de se retrouver mutés dans un poste perdu. Peur de perdre leur emploi. Alors ils se taisent. Ils encaissent. Et ils espèrent que quelqu’un, quelque part, va finir par intervenir.

Mais personne n’intervient. Parce que dans la Centrafrique de Touadéra, chacun fait ce qu’il veut. Les ministres volent. Les directeurs généraux créent des milices. Les gouverneurs terrorisent les populations. Et personne ne dit rien. Parce que tout le monde est complice. Parce que tout le monde profite du système.

Frédéric Inamo doit des explications. Il doit expliquer pourquoi il envoie des douaniers en formation militaire. Il doit expliquer à quoi va servir cette milice. Il doit expliquer pourquoi il a volé l’argent du travail extra-légal de ses agents. Et si ses explications ne sont pas satisfaisantes, il doit être sanctionné. Il doit être démis de ses fonctions. Il doit être traduit devant la justice.

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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