Escroc Durbar Promet Chemin De Fer Fantôme À Bangui

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Escroc Durbar Promet Chemin De Fer Fantôme À Bangui
Escroc Durbar Promet Chemin De Fer Fantôme À Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine.
Le 1er novembre 2025, le président Faustin-Archange Touadéra a personnellement posé la première pierre du siège social de Trans African Railway Systems LTD, au PK-30 route de Boali. Derrière cette cérémonie officielle présentée comme une étape du « désenclavement ferroviaire » de la République centrafricaine se cache un visage bien connu des milieux politico-financiers: celui de Saifee Durbar, ancien vice-ministre de Bozizé et fraudeur condamné en France.
Saifee Durbar , cet homme d’affaires d’origine indo-pakistanaise n’en est pas à sa première apparition à Bangui. En 2009, le Président de la République d’alors, François Bozizé, l’avait nommé vice-ministre des affaires étrangères. Oui, vous avez bien lu. Vice-ministre. Un homme d’affaires étranger, sans parcours politique connu, sans expérience gouvernementale, devient soudainement vice-ministre en Centrafrique. Déjà à l’époque, tout le monde s’interrogeait. Qui est cet homme? D’où vient-il? Quelles sont ses véritables motivations?

Les réponses sont arrivées quelques semaines plus tard. La justice française a confirmé que Saifee Durbar était sous le coup d’une condamnation pour escroquerie et fraude financière. Trois ans de prison ferme. François Bozizé l’a limogé immédiatement. Fin de l’histoire. Ou plutôt, fin du premier chapitre.

Parce qu’en décembre 2009, Saifee Durbar s’est rendu à Paris. Peut-être pour des affaires. Peut-être en toute naïveté. Ou peut-être en pensant qu’il était intouchable. Mais la police française l’attendait. Le 2 décembre 2009, il a été arrêté à l’aéroport. Et là, surprise. Durbar s’est présenté comme diplomate centrafricain. Il a brandi un passeport diplomatique délivré à la hâte par le régime Bozizé. Il a invoqué l’immunité diplomatique. Il pensait pouvoir échapper à la prison grâce à ce bout de papier centrafricain.

Mais la France ne s’est pas laissé impressionner. Les autorités françaises ont immédiatement levé cette prétendue immunité. Elles ont confirmé qu’aucun statut diplomatique réel ne protégeait Durbar. Que ce passeport était un montage grotesque. Et que la condamnation restait valable. Durbar devait aller en prison.

Sauf qu’il n’y est jamais allé. Personne ne sait exactement comment, mais Durbar a disparu. Il s’est volatilisé. Peut-être grâce à des complicités. Peut-être en exploitant des failles administratives. Peut-être en fuyant vers un pays sans extradition. Toujours est-il qu’il ne s’est jamais présenté pour purger sa peine. Et pendant quinze ans, on n’a plus entendu parler de lui.

Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce 1er novembre 2025, où il réapparaît à Bangui, sur le lieu de son crime. Avec une nouvelle casquette. Celle de PDG de Trans African Railway Systems LTD. Une entreprise présentée comme britannique. Une société qui promet de construire un chemin de fer reliant Bangui au port de Kribi. Exactement le même projet qu’il proposait déjà en 2009.

Oui, vous avez bien lu. Le même projet. Mot pour mot. Quinze ans plus tard. En 2009, quand Faustin-Archange Touadera était premier ministre de François Bozizé, Durbar promettait déjà un train du développement. Financé par des capitaux privés venus d’Europe. Un train qui allait désenclaver la Centrafrique. Qui allait transformer l’économie du pays. Qui allait créer des milliers d’emplois. Les mêmes promesses qu’aujourd’hui.

Mais en 2009, rien ne s’est passé. Aucune étude de faisabilité. Aucun appel d’offres. Aucun tracé. Aucun financement. Aucun début de travaux. Rien. Le projet est resté sur le papier. Et Durbar a disparu après son limogeage.

Et maintenant, quinze ans plus tard, il revient avec exactement le même discours. La même société, juste avec un nom différent. Les mêmes promesses. Le même projet. Et cette fois, c’est son ancien Premier ministre devenu président, Kongoboro Touadéra, qui pose lui-même la première pierre.

C’est ici que ça devient vraiment troublant. La cérémonie du 1er novembre n’était pas une cérémonie ordinaire. Le président de la République s’est déplacé personnellement. Il a posé la première pierre du siège social de Trans African Railway Systems LTD. Il a prononcé un discours. Il a donné sa caution officielle à ce projet. Il a légitimé Saifee Durbar comme un investisseur sérieux, un partenaire stratégique du développement de la Centrafrique.

Un spectacle destiné à donner l’image d’un pouvoir bâtisseur. Un pouvoir qui attire les investissements étrangers. Un pouvoir qui lance de grands projets d’infrastructure. Alors même que les caisses de l’État sont vides. Que le pays peine à réhabiliter quelques axes routiers. Que certains fonctionnaires des institutions ne sont pas payés régulièrement. Mais peu importe. L’important, c’est l’image. L’important, c’est la communication. L’important, c’est de faire croire que le développement est en marche.

Et pour cela, on fait appel à un escroc international condamné en France. On lui déroule le tapis rouge. On lui offre la légitimité présidentielle. Et on espère que personne ne posera de questions.

Mais nous, à Corbeau News Centrafrique, nous posons des questions. Et la première question est simple: qui est vraiment Trans African Railway Systems LTD?

Nous avons cherché. Nous avons fouillé. Nous avons consulté les registres britanniques. Et devinez quoi? Cette entreprise n’existe pas. Elle n’apparaît dans aucun registre officiel britannique. Les autorités de Londres ne connaissent pas cette société. Les organismes de régulation ne répertorient aucune activité liée à des infrastructures africaines sous ce nom.

Trans African Railway Systems LTD est une coquille vide. Une façade. Un nom inventé pour donner une apparence de crédibilité à un projet fantôme.

Mais le nom de Saifee Durbar, lui, apparaît bien dans plusieurs dossiers controversés. Notamment celui de la mine d’uranium de Bakouma. Cette affaire liée à UraMin-Areva où Durbar se présentait comme intermédiaire entre la République centrafricaine et des investisseurs européens. Un rôle jamais prouvé. Un rôle dont le résultat fut un échec total. Mais un rôle qui lui a probablement permis de toucher des commissions, des facilitations, des pots-de-vin.

Voilà le vrai profil de Saifee Durbar. Un intermédiaire opportuniste. Un homme qui se présente toujours comme le lien entre l’Afrique et de mystérieux investisseurs européens. Qui promet des financements qui n’arrivent jamais. Qui signe des protocoles d’accord qui ne débouchent sur rien. Mais qui, au passage, empoche probablement des sommes confortables.

Et aujourd’hui, le président Touadéra lui offre une nouvelle opportunité. En posant personnellement la première pierre de son siège social, Touadéra transforme un escroc condamné en investisseur respectable. Il lui donne la crédibilité dont il a besoin pour continuer ses opérations douteuses.

À Bangui, beaucoup s’interrogent. Comment est-ce possible? Comment un homme condamné à trois ans de prison en France pour fraude peut-il revenir sous les projecteurs sans qu’aucune autorité ne s’en émeuve? Comment peut-il rencontrer le président de la République? Comment peut-il lancer un projet officiel sans qu’aucune vérification ne soit faite?

Les réponses sont simples mais terrifiantes. Parce qu’en Centrafrique, il n’y a plus de contrôle. Il n’y a plus de transparence. Il n’y a plus de vérification. N’importe qui peut venir à Bangui avec un beau discours et un projet fumeux, et obtenir la caution présidentielle. Pourvu qu’il offre quelques facilités aux bonnes personnes. Pourvu qu’il promette quelques retombées aux bons intermédiaires. Pourvu qu’il accepte de jouer le jeu de la corruption généralisée.

Le retour de Saifee Durbar traduit une dérive profonde du régime Touadéra. Le pouvoir s’entoure de personnages condamnés, compromis dans des montages financiers opaques, et les remet au cœur des projets stratégiques du pays. Derrière les discours sur le désenclavement et le développement durable, ce sont toujours les mêmes acteurs douteux qui tirent profit du manque de contrôle et de transparence.

Cette cérémonie du PK-30 ne marque pas le début d’un chemin de fer. Elle marque la continuité d’une alliance malsaine entre le pouvoir et les aventuriers financiers. La République centrafricaine, qui peine déjà à bâtir des routes viables, se voit aujourd’hui promise à un train fantôme conduit par un fraudeur notoire.

Source: Corbeau News Centrafrique

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