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Le processus de recrutement des agents recenseurs pour le quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH-4) crée l’indignation dans la commune de Mongoumba, située dans la préfecture de la Lobaye. Les résultats affichés cette semaine montre des irrégularités qui remettent en cause la crédibilité de l’ensemble de l’opération pilotée par l’Institut Centrafricain des Statistiques et des Études Économiques et Sociales (ICASEES).
En effet, depuis plusieurs semaines, l’Institut Centrafricain des Statistiques et des Études Économiques et Sociales (ICASEES), département du Ministère du Plan, en charge du RGPH-4, organise dans les villes de province et à Bangui des tests de sélection pour constituer les équipes qui procéderont au dénombrement. À Mongoumba, instituteurs, directeurs d’école et jeunes diplômés se sont présentés en nombre pour tenter leur chance. Mais l’affichage des résultats a provoqué stupeur et colère parmi les candidats.
La liste définitive des candidats retenus affichée contient en effet deux noms de personnes qui n’ont jamais déposé de dossier et qui n’ont jamais passé le test. C’est le cas par exemple de KOLABA Evrard et KOLABA César. Ces deux personnes étaient à Bangui quand le teste avait eu lieu à Mongoumba. Pourtant, à la délibération, ces candidats fantômes figurent parmi les admis pour la formation des agents recenseurs. Comment expliquer leur présence sur cette liste, alors qu’ils n’ont franchi aucune des étapes du processus de sélection , ni même du dépôt de dossier? Certaines voix disent que le formateur est leur propre frère qui les a intégré sans passer de teste.
Plus spectaculaire encore, des candidats ayant obtenu des notes largement insuffisantes figurent également parmi les retenus. Vomitiadé Ulrich , Il a obtenu au premier tour 2.5 points sur 60. De ce fait, il est normalement automatiquement mis à l’écart à cause de ses faibles notes. Pourtant, c’est le contraire. Il a été admis pour la formation. Et ce n’est pas tout! Certains avec 20 sur 100, d’autres avec 27, tous en dessous du seuil normalement requis pour une formation qui demande un minimum de compétences. À l’inverse, des candidats ayant obtenu des notes honorables, 30 ou 40 sur 100, découvrent avec amertume que leurs noms n’apparaissent pas sur la liste des admis. Quel intérêt organiser un test de sélection si les critères de réussite ne sont finalement pas respectés?
Le cas des fraudeurs réintégrés ajoute à la confusion. Des candidats exclus pendant le test pour tentative de fraude se retrouvent miraculeusement admis dans la liste finale. C’est le cas de mademoiselle Dorcas qui a été sanctionné figure dans la liste définitive. Cette clémence sélective interroge sur les critères réels de la sélection et sur les interventions qui ont pu s’exercer entre l’examen et la publication des résultats.
La direction locale du recrutement invoque la nécessité de respecter une “cohésion sociale” pour justifier certains choix. Des membres de la communauté pygmée ont ainsi été intégrés dans l’équipe, une décision qui se comprend par la nécessité de pouvoir communiquer avec les populations autochtones dans leur langue lors du recensement. Mais cette logique de représentativité s’applique de manière pour le moins discriminatoire.
Des jeunes musulmans ayant passé le test avec succès, certains obtenant des notes de 30 ou plus, n’ont pas été retenus. Si la cohésion sociale justifie l’inclusion des Pygmées, pourquoi exclut-elle la communauté musulmane? Cette incohérence pousse à s’interroger sur les critères réellement appliqués dans cette sélection et sur les pressions éventuelles qui ont pu s’exercer.
Au-delà de l’injustice faite aux candidats méritants, ces pratiques portent atteinte à la crédibilité du RGPH-4 lui-même. Un recensement de la population exige rigueur et compétence de la part des agents de terrain qui collecteront les données. Comment garantir la qualité de ce travail si les agents sont recrutés non pas sur leurs capacités, mais sur des critères opaques relevant davantage du clientélisme que de la compétence professionnelle?
Le RGPH-4 représente un enjeu national majeur. Ses résultats serviront de base à la planification des politiques publiques pour les années à venir, de l’éducation à la santé en passant par les infrastructures. Des données faussées ou mal collectées auront des conséquences sur l’ensemble du développement du pays. L’ICASEES et le Ministère du Plan portent la responsabilité de garantir l’intégrité de ce processus à toutes ses étapes, y compris celle du recrutement des agents.
À Mongoumba comme sans doute dans d’autres localités du pays, le test de recrutement n’a été qu’une façade. Les véritables décisions se sont prises ailleurs, selon des logiques qui n’ont rien à voir avec la compétence des candidats. Si cette dérive n’est pas corrigée rapidement, c’est l’ensemble du recensement qui risque d’être entaché de suspicion. Les Centrafricains méritent mieux qu’un exercice statistique truqué dès sa préparation.
Source: Corbeau News Centrafrique
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