FACA à Ndélé: Soldats vivent avec 5500 francs CFA

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FACA à Ndélé: Soldats vivent avec 5500 francs CFA
FACA à Ndélé: Soldats vivent avec 5500 francs CFA

Africa-Press – CentrAfricaine.
Depuis plus de 8 ans, les militaires de l’armée centrafricaine, déployés dans les villes de provinces du pays, endurent des conditions qui relèvent de l’indignité. Privés de solde pendant des mois en raison du manque de service bancaire à l’intérieur du pays, ces militaires sont contraints de subsister avec des primes dérisoires. Ils incarnent, malgré eux, le fossé béant entre les discours officiels sur la montée en puissance de l’armée et la réalité du terrain.

Birao, Bria, Alindao, Bangassou, Zémio, Obo. Dans ces villes de province où l’État centrafricain déploie ses soldats pour assurer la sécurité, une même réalité s’impose: les militaires des Forces Armées Centrafricaines (FACA) vivent dans un dénuement qui défie l’entendement.Birao, dans la préfecture de la Vakaga, au nord du pays, les soldats, déployés il y’a 8 mois, n’ont pas touché leur solde depuis ce temps. À Bangassou, la situation confine à l’absurde: six années sans PGA. Six années fermes et nettes.

À Ndélé, les soldats FACA, déployés dans la région militaire du nord-Est, la prime globale d’alimentation censée permettre aux militaires de se nourrir et d’entretenir leur tenue s’élève à 5 300 francs CFA par mois. Soit environ 16 000 francs CFA par trimestres versée aux soldats. Avec cette somme, un soldat doit acheter sa nourriture, son savon, laver ses uniformes. Moins de 200 francs par jour pour manger. L’administration militaire elle-même peine à trouver un qualificatif approprié pour cette allocation qu’on n’ose plus vraiment appeler “prime d’alimentation”.

Devant cet abandon, les militaires déployés dans certaines régions ont trouvé leur propre système de survie. Dans les préfectures du Nord-Ouest, Mambéré-Kadéi, Nana-Mambéré, Ouham-Pendé, Lim-Pendé, où circulent commerçants et trafiquants, les soldats installent des barrages routiers. Chaque véhicule qui passe contribue à leur subsistance. Ce racket de survie, cette corruption née du désespoir, permet à ces hommes de manger.

Mais que faire quand il n’y a pas de circulation? Dans les zones isolées comme Bangassou, les militaires n’ont pas cette “chance”. Ils sont contraints d’ériger des barrières illégales moins rentables qui leur apportent jusqu’à 20 000 francs CFA, juste pour acheter le carburant nécessaire aux patrouilles et se procurer de quoi manger.

Par ailleurs, pendant des années, le gouvernement centrafricain a martelé le même argument: l’embargo sur les armes empêche la montée en puissance de l’armée nationale. Faustin-Archange Touadéra en personne a plaidé devant les instances internationales pour la levée de cette restriction. L’embargo a été levé. Il y a plus d’un an maintenant.

Et depuis? Rien. Les armes promises n’arrivent pas. Les équipements non plus. Mais surtout, les militaires continuent de ne pas manger. L’embargo était-il vraiment le problème? Ou servait-il surtout à masquer une incapacité chronique de l’État à assumer ses responsabilités les plus élémentaires envers ses propres forces de défense?

On dit souvent que l’armée est “la grande muette”. En Centrafrique, cette expression prend un sens particulièrement cruel. Les soldats souffrent en silence, loin de Bangui, loin des caméras, loin des discours officiels sur la professionnalisation des forces armées. Certains, à bout, finissent par déserter. À Zémio, à Obo où la situation est encore pire, des militaires abandonnent leur poste pour tenter de rejoindre la capitale.

Comment un État peut-il exiger de ses soldats qu’ils protègent la population, qu’ils affrontent des groupes armés, qu’ils risquent leur vie, quand il est incapable de leur verser leur solde pendant des années et leur accorde une “prime d’alimentation” de 5 300 francs par mois?

La réponse est simple: il ne peut pas. Et les conséquences de cet abandon sont prévisibles. Des militaires affamés, non payés, deviennent des militaires corrompus par nécessité. Des militaires abandonnés deviennent des militaires qui désertent. Des forces armées négligées deviennent des forces armées inefficaces.

Pendant ce temps, à Bangui, les autorités continuent de parler de renforcement de la défense nationale. Mais renforcer une armée ne se limite pas à augmenter des nombres. Cela commence par nourrir ses soldats et leur verser ce qu’on leur doit. Six ans de retard à Bangassou. Le gouvernement centrafricain devrait avoir honte.

Source: Corbeau News Centrafrique

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