Préparation d’une fraude électorale à Bangui

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Préparation d'une fraude électorale à Bangui
Préparation d'une fraude électorale à Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine. À trois semaines du premier tour des élections présidentielles, législatives, régionales et communales, des citoyens centrafricains ont découvert avec stupéfaction la liste des bureaux de vote publiée par l’ANE, démontrant une supercherie grave susceptible de fausser massivement les résultats du scrutin.

Les Centrafricains savent déjà que ces élections ne constituent pas un scrutin démocratique à proprement parler, mais plutôt un mécanisme destiné à légitimer un processus dont l’issue semble déjà écrite. Les autorités centrafricaines ne dissimulent d’ailleurs plus leurs intentions frauduleuses, et la publication des listes électorales par l’Autorité Nationale des Élections en apporte une preuve tangible.

Dans le sixième arrondissement de Bangui, quartier Pétévo, l’école qui sert de centre électoral devrait abriter seize bureaux de vote selon les documents officiels. En consultant attentivement la liste diffusée, les observateurs ont constaté que seulement treize bureaux apparaissent dans le décompte public. Les bureaux numéro cinq, onze et douze ont purement et simplement disparu de la documentation accessible aux citoyens et aux témoins du scrutin.

Cette absence ne relève pas d’une simple erreur administrative ou d’une négligence bureaucratique. Les militants qui surveillent le processus électoral ont immédiatement compris le stratagème. Ces trois bureaux fantômes referont surface uniquement au moment du dépouillement, permettant d’injecter artificiellement des milliers de suffrages sans que personne n’ait pu en contrôler le déroulement. Selon la liste publiée par l’autorité nationale des élections, chaque bureau peut accueillir jusqu’à quatre cent cinquante électeurs inscrits. La multiplication est simple: trois bureaux multipliés par quatre cent cinquante voix donnent mille trois cent cinquante suffrages qui pourront être fabriqués de toutes pièces dans ce seul centre. Personne ne saura d’où viennent ces bulletins puisque ces bureaux n’auront jamais été accessibles aux observateurs pendant la journée du vote. C’est exactement ce qui s’est passé au temps de Samba-Panza en 2015. Il y’avait des bureaux de vote sous les manguiers, d’autres dans la forêt etc, et ils sont reconnus par l’autorité nationale des élections. Ce qui a permis aujourd’hui à Touadera de prendre le pouvoir suite à cette fraude massive.
La Machine Anti-Fraudes, collectif citoyen qui scrute chaque document publié par les instances électorales, a partagé ces découvertes en demandant aux Centrafricains de rester vigilants. Leurs membres ont photographié les listes officielles et les ont diffusées largement pour que chacun puisse vérifier les anomalies dans sa propre circonscription. Si un seul centre du sixième arrondissement présente déjà trois bureaux manquants, combien d’autres centres à travers Bangui et l’ensemble du territoire national cachent des irrégularités similaires. L’extrapolation donne le vertige quand on pense aux dizaines de centres répartis dans les différents arrondissements de la capitale et dans les préfectures du pays.

Les photographies du document officiel circulent maintenant sur tous les réseaux sociaux. On y voit clairement la colonne des numéros de bureaux avec les sauts inexpliqués dans la numérotation. Le bureau 1051-BV07 est suivi du bureau 1051-BV03, puis vient le 1051-BV13, sans aucune trace des numéros intermédiaires. Cette gymnastique administrative permet de camoufler l’existence de certains bureaux tout en conservant leur capacité à produire des résultats lors du dépouillement. L’Autorité Nationale des Élections n’a fourni aucune explication sur ces absences, et son silence nourrit encore davantage les soupçons de collusion avec le pouvoir en place pour truquer le scrutin.

Les Centrafricains qui espéraient encore un semblant d’honnêteté dans l’organisation de ces élections ont perdu leurs dernières illusions. Même les fraudes les plus grossières ne semblent plus poser de problème aux organisateurs du scrutin. La publication de listes manifestement trafiquées montre que l’ANE ne craint aucune sanction ni aucune contestation sérieuse de ses pratiques. Les observateurs internationaux qui arriveront dans quelques jours pour surveiller le déroulement du vote auront du mal à contrôler des bureaux dont ils ignorent jusqu’à l’existence puisque les listes publiques les ont effacés. La Machine Anti-Fraudes appelle maintenant tous les citoyens à photographier et à archiver tous les documents électoraux auxquels ils ont accès, à noter les anomalies constatées dans leurs quartiers, et à partager ces informations pour constituer un dossier complet des irrégularités commises avant même l’ouverture des urnes

Source: Corbeau News Centrafrique

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