Africa-Press – CentrAfricaine. Dans un pays normal, la démocratie exige une compétition, un débat, des alternatives. Mais que reste-t-il du scrutin quand l’issue est connue avant l’ouverture des bureaux de vote? Une circonscription centrafricaine offre l’exemple parfait de cette dénaturation: candidature unique, victoire acquise, succession familiale programmée.
Ici, on parle de la circonscription de Baoro, l’une des sous-préfecture de la Nana-Mambéré. Dans cette localité, Simplice Mathieu Sarandji est déjà réélu à 100%. Ce n’est pas une prédiction, ce n’est pas également un pronostic, c’est un fait acquis et définitivement déclaré. Pour comprendre les faits, l’actuel président de l’Assemblée nationale Simplice-Mathieu Sarandji se présente seul dans sa circonscription. Personne ne lui fait face. Pas un seul adversaire n’a déposé de candidature contre lui. C’est un jeu bien organisé.
Alors, vous comprenez déjà. Dans de telles conditions, le vote sert à quelques choses?Non! Il devient une simple formalité. Même si qu’une seule personne glisse un bulletin dans l’urne ou que les bureaux restent déserts, le résultat ne changera pas. Simplice-Mathieu Sarandji sera déclaré élu, parce qu’il n’y a que lui.
Mais ce qui retient l’attention, c’est le nom de sa suppléante. Simplice Mathieu Sarandji a choisi son épouse pour cette position. Si jamais il quitte son siège de député, c’est elle qui prendra automatiquement sa place à l’Assemblée nationale. Et d’ailleurs c’est bien calculé.
Cette décision de Simplice-Mathieu Sarandji de choisir son épouse comme sa suppléante n’est pas une surprise pour ceux qui lisent régulièrement CNC. Depuis plusieurs semaines, des bruits courent dans les milieux politiques de Bangui. Sarandji se préparerait à quitter la présidence de l’Assemblée pour un poste plus élevé: celui de vice-président de la République. Si cette nomination se concrétise, son épouse deviendra députée sans avoir jamais fait campagne, sans avoir jamais affronté le moindre opposant.
Et Simplice-Mathieu Sarandji a aussi son calcul. Une fois députée, madame Sarandji pourrait, selon leur stratégie, intégrer le bureau de l’Assemblée nationale comme première, deuxième ou troisième vice-Présidente.
Il y’a lieu de noter que le président Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro dirige le pays depuis plusieurs années. Sous sa gouvernance, les pratiques politiques évoluent dans une direction précise. Le pluralisme recule, le pouvoir se concentre entre les mains de quelques mafieux et criminels. Les postes clés circulent entre des mains amies, au sein des mêmes familles. Ce qui se passe à Baoro n’est qu’un exemple parmi d’autres de cette tendance.
Un député élu sans opposition. Une épouse placée en position de succession. Un avenir politique négocié dans les coulisses pendant que les citoyens attendent qu’on leur dise pour qui voter. Ou plutôt, qu’on leur confirme qui a déjà gagné. La République centrafricaine ressemble de plus en plus à un domaine privé où les règles s’adaptent aux besoins de ceux qui gouvernent.
Touadéra et son entourage redessinent le paysage politique selon leur convenance. À Baoro comme ailleurs, les citoyens constatent que leur voix compte de moins en moins. Les élections se transforment en rituels vides, des cérémonies sans suspense ni surprise. Chaque scrutin renforce un peu plus le contrôle du pouvoir en place.
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